La Paris Games Week 2024 a été le théâtre de discussions enrichissantes sur l’avenir du jeu vidéo en France. Sur la scène “Future of Gaming” de l’Investment Summit, Rachida Dati, Ministre de la Culture, a pris la parole pour rappeler le soutien sans faille du ministère au secteur vidéoludique, considéré aujourd'hui comme une composante essentielle de la culture française. Son discours a abordé des thèmes majeurs tels que la reconnaissance culturelle du jeu vidéo, les dispositifs de soutien et l’enjeu de la responsabilité sociale.
Le Jeu Vidéo: Un Pilier Culturel Soutenu par l’État
Dès l’ouverture de son discours, Rachida Dati a exprimé son enthousiasme à l’égard du jeu vidéo, secteur qu’elle juge essentiel dans le paysage culturel actuel. Elle souligne que le ministère de la Culture doit se tenir “à vos côtés” pour soutenir et accompagner cette industrie dynamique. Pour elle, le jeu vidéo est bien plus qu’un loisir: il est un vecteur d’accès à la culture pour des publics variés, des jeunes aux adultes, issus de tous horizons.
Un Dispositif Fiscal Renforcé pour Stimuler la Croissance
La ministre a ensuite abordé l’importance des dispositifs fiscaux en soutien au secteur vidéoludique, en particulier le crédit d’impôt pour le jeu vidéo qu’elle qualifie de “colonne vertébrale” de cette industrie. Elle a fermement déclaré son engagement à préserver ce dispositif, même face aux débats budgétaires, et considère qu’il s’agit d’un outil de développement et de rayonnement international, et non d’assistanat.
“Ce n’est pas un budget. C’est un budget créateur d’emplois, créateur de nouveaux secteurs, créateur de l'innovation.”
Une Industrie au Service de la Cohésion Sociale
Le discours a également mis en lumière les bienfaits sociaux du jeu vidéo, notamment dans le contexte post-COVID, en favorisant la resocialisation et l’inclusion. Elle a mentionné que le secteur contribue à réduire les fractures sociales et à créer un espace de cohésion, une “responsabilité immense” pour cette industrie.
Les jeux vidéo, en touchant des millions de joueurs dans l’Hexagone, deviennent aussi un outil de démocratisation de la culture, une dynamique soutenue par les multiples initiatives de l’État, telles que le Fonds d’aide au jeu vidéo du CNC, les investissements de Bpifrance et le plan France 2030.
Une Filiale Créatrice d’Emplois et d’Opportunités Régionales
Rachida Dati a tenu à rappeler que le secteur crée de nombreux emplois en région, contribuant ainsi au développement économique local. 60 % des emplois vidéoludiques sont situés hors Île-de-France, une spécificité qu’elle souhaite renforcer via le Plan Ruralité du ministère.
Le Jeu Vidéo comme Vecteur de Responsabilité Sociale et Écologique
Elle a également encouragé le secteur à poursuivre les efforts entrepris sur des sujets délicats, tels que l’inclusion des femmes, la transition écologique et la lutte contre les violences sexistes. Les aides au secteur sont aujourd’hui conditionnées à des critères écologiques, une initiative qui, selon elle, est non seulement essentielle mais également exemplaire pour l’ensemble des industries culturelles.
“Vous êtes un outil de démocratie. Vous pouvez être un outil aussi de cohésion.”
En quelques mots
À travers ce discours inspirant, Rachida Dati a réaffirmé l’engagement du ministère de la Culture à soutenir l’industrie du jeu vidéo en France, et a rappelé l’importance de cette filière, à la fois culturellement et économiquement. Son message est clair: l’État est un partenaire fidèle de l’industrie vidéoludique et continuera de l’accompagner dans ses défis à venir, aussi bien sociaux qu’économiques.
Pour aller plus loin: retrouvez l’intégralité du discours
Mesdames et messieurs, tout d'abord, moi, je suis ravie d'être ici, puisqu'on ne le dit pas assez, je trouve, votre secteur est un secteur important. C'est un secteur qui est important et qui a une partie intégrante du ministère de la Culture. Certains l'oublient. C'est vrai que quand on pense au ministère de la Culture, on aborde le secteur qui fait vivre la culture. Quand le président de la République m'a nommé comme ministre de la Culture, il a souhaité évidemment qu'on amplifie l'accès à la culture, l'accès à l’outil de la culture pour un plus grand nombre, notamment pour lesquels la culture, en tous les cas, on l'imagine, n'est pas faite pour eux. Ce secteur, votre secteur, c'est un des meilleurs vecteurs pour accéder à la culture, pour connaître le métier de la culture. J'étais assez impressionnée de voir le profil des gens qui s'intéressent à certains stands, quels que soient finalement l’appartenance de l'entreprise, de l'école ou de la formation. Et donc, moi je vous demande, comme je demande à mes services, qu'on puisse être beaucoup plus partenaires. Parce que je trouve que vous vous développez, vous vous battez. Et en fait, on vous voit quand il y a effectivement un danger ou une difficulté. Mais vous vous battez souvent seule et je trouve que notre rôle, le ministère de la Culture, le ministre de la Culture, doit être à vos côtés.
Peut-être aussi, et ça, ça concerne une certaine catégorie aussi de personnes.
Finalement, on se passe un peu de vous quand on appartient au ministère de la Culture, vis-à-vis du secteur vidéo. Et moi, je trouve qu'au contraire, on a besoin de vous. Moi, je vous le dis comme ministre, on a besoin de vous. On a besoin de tout ce que vous développez. Mais ça va bien plus loin que le seul secteur de la culture, tous les domaines ont besoin de vous aujourd'hui. En parlant tout à l'heure du domaine de la santé, on parlait de l'école, on parlait évidemment des domaines qui sont très techniques, l'expertise envoyée sur l'architecture, sur à l'international. Et donc, moi, je vous encourage évidemment à continuer non seulement de vous développer, mais sachez qu'on a besoin de vous et donc on sera à vos côtés. Donc surtout, n'hésitez pas. Le ministère de la Culture, non seulement est votre partenaire, mais il doit être votre premier soutien. Je sais que nous avons ce débat budgétaire et notamment sur ce qui permet le développement de votre secteur. On parlait des crédits d'impôt. Et moi, je trouve que ce dispositif, pour un secteur comme le vôtre, c'est un dispositif de développement et pas d'assistance ou d'assistanat. Nous, c'est un vecteur de développement, mais aussi d'attractivité, pour ne pas dire de rayonnement. Donc, sur cet aspect-là, moi, je vais vous dire, ces combats, je les mènerai avec vous et ce sera déterminé, vous pouvez me faire confiance.
Je vais reprendre quelques éléments qui sont évidemment dans mon discours, mais je vais reprendre des éléments que vous m'avez d'ailleurs donnés pendant cette visite. Le jeu vidéo, c'est une pratique culturelle qui compte pour les Français. Vous l'avez rappelé, 38 millions de Français qui jouent. Lorsque je suis allé à la cérémonie des Pégases, il y a quelques mois, j'ai été impressionné par le nombre de joueurs. J'ai lancé, comme Ministre de la Culture, un plan de la ruralité pour faire accéder à la culture, finalement, des Français qui peuvent en être éloignés. C'est 22 millions d'habitants. Donc, il y a plus de joueurs vidéo que d'habitants de la ruralité. Alors que pour moi, c'est une priorité importante. Donc, ça veut dire que tous les publics sont représentés. Alors, surtout nos enfants, bien sûr, et j'en ai vu, la quasi-totalité des moins de 25 ans qui pratiquent et des fois tous les jours pour un quart d'entre eux.
Alors, on en a parlé aussi. Attention à l'isolement, mais justement, vous avez certains jeux qui permettent une resocialisation. Et après le COVID, on a évidemment constaté l'isolement, les problèmes, notamment de dépression ou de difficulté, ou de burn out aussi, et concernant les gens, les adolescents. Je pense que vous avez un rôle à jouer. Là, on a vu le jeu vidéo partout, à tous les âges et aussi tous les milieux. Parce que parfois, on essaye un petit peu de considérer que c'est simplement une certaine condition sociale, alors tout le monde joue.
Alors, c'est une filière d'excellence, c'est une filière d'avenir qui s'appuie sur des créateurs et des créatrices extraordinaires. Et c'est une filière qui crée des emplois, il faut aussi le dire. Alors qu'on est dans une époque où on dit évidemment lutte contre le chômage, on veut revaloriser le travail, vous êtes un secteur créateur d'emplois. 60 pour cent hors d'Île-de-France. C'est pour ça que dans notre plan ruralité, on a mis aussi un plan qui concerne le secteur du jeu vidéo. C'est une place qui est toujours plus importante, qui est occupée dans le quotidien des Français. D'abord avec le Fonds d'aide au jeu vidéo du CNC.
Je voudrais remercier Olivier Henrard qui est qui est ici, qui vous soutient de plus en plus. Et moi, je l'ai vu en quelques mois, depuis que je suis au ministère de la Culture, j'ai vu les soutiens aussi qui ont augmenté. Tant que je serai là, en tous les cas, ils ne baisseraient pas. Je vous le dis aussi.
L'entrée de l'Institut pour le financement du cinéma et des industries culturelles, les investissements en fonds propres de BPIFrance est très présent, aussi à vos côtés, des aides des régions ou encore le plan France 2030 dont nous avons parlé tout à l'heure. Alors oui, le crédit d'impôt pour le jeu vidéo, c'est la colonne vertébrale de cette industrie.
Et donc, c'est la colonne vertébrale de la politique que je porte. Donc ça, vous avez vu les débats, il y a eu à un moment donné une petite remise en cause. Ça ne sera pas le cas.
Parce qu'il faut aussi… Moi, j'ai besoin aussi de vous dans le soutien, parce que je ne peux pas être la seule à en parler, parce que souvent, on dit: Oui, le budget... Vous voulez garder les budgets, mais ce n'est pas un budget. C'est un budget créateur d'emplois, créateur de nouveaux secteurs, créateur de l'innovation. Et donc, vous êtes concernés partout. Recherche et développement, le Musée d'Innovation de technologie, les secteurs comme je le disais, vous êtes transversaux et vous concernez toutes les disciplines et tous les ministères. Donc ce crédit d'impôt est indispensable. Ça marche. Les quelque 200 studios qui bénéficient du crédit d'impôt ont permis à notre industrie du jeu vidéo de retrouver sa croissance, puisqu'en dix ans, le chiffre d'affaires a plus que doublé, pour atteindre aujourd'hui quatre milliards d'euros. Ce n'est pas négligeable par le temps qui court. Nous sommes passés de 3 500 emplois en 2010 à 14 000 aujourd'hui. Ce n'est pas négligeable non plus. Et ce sont non seulement des emplois permanents, mais ce sont aussi des emplois hautement non qualifiés. C'est aussi des emplois très attractifs pour la jeunesse.
Dans le monde entier, d'autres pays ont développé des politiques très agressives pour attirer évidemment les acteurs du secteur. Parfois, au mépris des règles de libre concurrence et tout ceci dans un contexte international très difficile. Alors l'État est plus que jamais à vos côtés pour vous soutenir, mais aussi pour mieux vous accompagner face à tous ces aléas extérieurs. Et là, c'est un enjeu de souveraineté. D'autant que les difficultés économiques présentes s'ajoutent aux défis structurels et je pense notamment à la diversité sociale des profils et des talents. Je pense aussi, on l'a vu à l'instant, parce qu'on m'a remis un petit guide, d'ailleurs, que soutient le CNC, la lutte contre les violences sexuelles et sexistes dans une industrie qui ne compte que 22% de femmes, mais ça progresse assez rapidement. Je pense que c'est la transition écologique. D'ailleurs, les aides sont maintenant éco conditionnées. Je trouve ça évidemment très bien. Si je voulais résumer, la France va continuer de miser sur votre filière parce que nous avons une industrie qui le mérite, qui fait briller notre pays, qui nous rapporte, et notamment dans le monde. Tout cet écosystème très innovant nous permet aussi de porter de grandes et belles offres de création. Évidemment, elles sont nombreuses. Je ne vais pas toutes les citer, mais là, je viens de voir la reconstitution de Bagdad du IXᵉ siècle. C'est assez impressionnant, mais ça peut me donner aussi d'autres idées pour d'autres aspects. Ça peut être aussi très utilisé en politique. Comme on peut voir Paris dans les dix ans à venir, je fais un appel. Si vous pouvez m'aider, ça peut être très intéressant. En tout cas, il y a bien d'autres exemples, mais c'est aussi... Et pour conclure, je vous le dis, à une époque où tout le monde veut s'opposer, où les fractures, on a l'impression que certains cherchent à les élargir et les agrandir. Moi, je vais vous dire que vous êtes un outil de démocratie. Vous pouvez être un outil aussi de cohésion. Parce que je voyais les publics qui jouent ensemble. Tout le monde peut jouer ensemble. Tout le monde peut se parler et tout le monde peut aussi se comprendre. Et donc, vous avez une responsabilité dans ce que vous diffusez, ce que vous créez. Et je trouve que ce secteur... Moi, j'ai connu le début de la vidéo il y a quelques années, mais ce secteur a pris ses responsabilités sur ce que vous diffusez, y compris sur les jeux qu'on peut parfois considérer comme violents. Il y a quand même, effectivement, effectivement aussi de plus en plus de garde-fous sur ces sujets là. Parce que moi, j'ai connu... J'étais en charge il y a quelques années contre la lutte contre la radicalisation et la criminalité qui en découlait. Je trouve que vous avez fait beaucoup de progrès dans les garde-fous mis en place dans le jeu vidéo pour lutter aussi contre cette radicalisation et donc sur la criminalité qui peut en découler. Donc, votre responsabilité est immense. Vous avez pris vos responsabilités. Je voulais vous remercier, mais n'oubliez pas, nous sommes à vos côtés et je vous le dis, je ne vous lâcherai pas. Je vous remercie.
Fin du discours.