Assassin’s Creed Shadows: Ubisoft célèbre un succès après les polémiques

AuteurArticle écrit par Vivien Reumont
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date de publication07/11/2025
Illustration cinématique représentant deux guerriers dos à dos, symbolisant l'affrontement ou la dualité dans un jeu vidéo d’action-aventure se déroulant dans un univers inspiré du Japon féodal. À gauche, un personnage au look furtif, possiblement un ninja, porte une capuche rouge sombre et une tenue discrète adaptée à l’infiltration. Il tient un kunai (poignard japonais) dans sa main droite et affiche une expression concentrée, les yeux baissés. Son apparence évoque la discrétion, l'agilité et l'assassinat silencieux.  À droite, un imposant samouraï en armure traditionnelle, richement décorée de dorures, de motifs rouges et noirs, regarde vers le sol, l'air grave et prêt à combattre. Il est équipé d’un kabuto (casque orné de cornes dorées) et tient son katana dans une posture symbolique de respect ou de défi. L’armure présente un niveau de détail élevé, avec des plaques protectrices, des motifs floraux et des symboles culturels japonais.  L’arrière-plan rouge vif, avec des motifs géométriques subtils, accentue la tension dramatique de la scène. Le contraste entre l’ombre et la lumière, ainsi que la posture opposée des deux personnages, suggère une narration centrée sur le conflit entre tradition et rébellion, honneur et discrétion, ou peut-être l’union forcée de deux styles de combat opposés. Cette image très stylisée est typique d’une promotion de jeu AAA centré sur le Japon médiéval, dans la lignée de titres comme Assassin’s Creed Shadows ou Ghost of Tsushima.

Ubisoft a récemment pris la parole pour revendiquer haut et fort le succès de Assassin’s Creed Shadows, un succès pourtant loin d’être garanti à ses débuts. Le jeu, qui a longtemps été au cœur de polémiques enflammées avant même son lancement, a fini par s’imposer comme un tournant stratégique pour l’éditeur français.

Alors que les réseaux sociaux bouillonnaient de critiques, principalement autour du choix du protagoniste Yasuke – un samouraï noir inspiré d’une figure historique controversée – et d’un prétendu manque de rigueur historique, Ubisoft a décidé de contre-attaquer avec une transparence peu commune.

Lors de la Paris Games Week 2025, l’entreprise a mis en scène, presque comme une confession publique, les mois de tension ayant précédé la sortie du jeu. Une manœuvre audacieuse pour un titre dont l’avenir semblait compromis. Mais ce récit de crise et de rédemption est-il vraiment complet ?

Dans cet article, nous revenons sur les polémiques, la communication d’Ubisoft, les résultats obtenus et les perspectives qui s’ouvrent pour la licence Assassin’s Creed dans un paysage vidéoludique plus critique et polarisé que jamais.

 

Rappel des polémiques avant lancement

Le personnage de Yasuke et la controverse identitaire/historique

Dès son annonce, Assassin’s Creed Shadows a déclenché une tempête médiatique principalement centrée sur l’un de ses deux protagonistes jouables : Yasuke. Inspiré d’une figure historique réelle — un esclave africain devenu samouraï au Japon au XVIe siècle —, ce choix a divisé la communauté. D’un côté, certains saluaient la démarche audacieuse et inclusive d’Ubisoft ; de l’autre, des voix plus conservatrices y voyaient une réécriture de l’histoire motivée par des considérations politiques.

« C’est un manque de respect pour l’histoire japonaise », pouvait-on lire à répétition sur les forums et réseaux sociaux. Les critiques évoquaient une instrumentalisation identitaire et accusaient Ubisoft d’imposer une idéologie au détriment de l’exactitude culturelle. Ce débat a été d’autant plus vif que Shadows se voulait une fresque réaliste du Japon féodal.

Pourtant, des historiens ont confirmé l’existence de Yasuke, bien que son rôle dans l’histoire japonaise demeure sujet à interprétation. Ubisoft, de son côté, a assumé ce choix en affirmant vouloir mettre en lumière des figures oubliées de l’Histoire — quitte à bousculer certaines attentes.

Les critiques sur l’authenticité historique et la réaction au Japon

Outre le personnage de Yasuke, d’autres éléments ont cristallisé la colère d’une partie du public. Des détails historiques approximatifs, des anachronismes présumés et même le simple fait de proposer deux héros (dont une femme ninja fictive) ont été pointés du doigt.

Au Japon, certains joueurs et observateurs culturels ont exprimé leur gêne face à ce qu’ils considèrent comme une vision occidentale et « stylisée » de leur patrimoine. « Ce n’est pas notre histoire, c’est une fiction construite pour plaire à l’Occident », aurait déclaré un chroniqueur du magazine Famitsu.

Ubisoft s’est retrouvé confronté à un dilemme : rester fidèle à la liberté créative qui a toujours fait le succès de la licence, ou céder à la pression pour garantir une représentation irréprochable ? Finalement, l’éditeur a opté pour la première option, mais en peaufinant sa communication et en tentant d’éteindre les incendies un par un à coups de gameplay transparent et de coulisses révélées.

 

Le discours d’Ubisoft en marge de la Paris Games Week 2025

Le message de Yves Guillemot et la vidéo « making-of »

Lors de la Paris Games Week 2025, Ubisoft a orchestré une opération de communication particulièrement bien huilée. Le PDG Yves Guillemot, figure emblématique de l’éditeur, a pris la parole via une vidéo diffusée sur place, dans laquelle il est revenu sur les turbulences précédant la sortie de Assassin’s Creed Shadows.

D’une durée de trois minutes, cette séquence était bien plus qu’un simple mea culpa. Il s’agissait d’un véritable storytelling de crise, dans lequel Guillemot évoque « une bataille avec nos fans », affirmant que l’objectif n’était pas de faire passer un message, mais de créer un jeu vidéo avant tout.

« Nous étions dos au mur. Il a fallu arrêter de chercher à convaincre ceux qui nous détestaient et nous concentrer sur nos alliés », a-t-il expliqué.

Ce discours, aussi scénarisé qu’un trailer, visait à repositionner Ubisoft comme une entreprise à l’écoute, capable de prendre des coups… et d’en tirer des leçons. Un exercice rare dans l’industrie, où les conflits avec la communauté sont généralement évités ou étouffés.

Stratégie de reconquête : des promesses aux preuves

Dans la même vidéo, Ubisoft détaille la façon dont il a changé de stratégie face aux critiques. Plutôt que de maintenir une communication défensive, l’entreprise a choisi de miser sur la transparence. Fini les trailers allusifs ou les annonces cryptiques : Assassin’s Creed Shadows s’est ouvert en grand.

Des séquences de gameplay longues, des visites guidées des coulisses, des interviews d’équipes créatives, des événements presse et des sessions de test pour les fans… Ubisoft a tout mis en œuvre pour démontrer que le jeu reposait sur un travail de fond, et non sur un coup de marketing.

Ce tournant a été perçu comme un acte de foi envers la licence et la communauté. « Nous sommes passés des promesses aux preuves », insiste Guillemot dans sa vidéo. Une démarche saluée par certains créateurs de contenu, qui ont pu constater le niveau de finition du titre bien avant sa sortie.

 

Les premiers résultats et le positionnement

Performances annoncées et comparaison avec la franchise

À peine quelques jours après sa sortie, Assassin’s Creed Shadows semble avoir redressé la barre pour Ubisoft. L’éditeur se félicite d’un démarrage « solide » avec des chiffres de ventes jugés prometteurs, bien qu’aucun volume précis n’ait encore été publié. Des rapports internes relayés par certains journalistes spécialisés indiquent que le jeu aurait surpassé les attentes sur les précommandes, notamment en Europe et en Amérique du Nord.

En termes de comparaison, Shadows se positionne déjà comme l’un des meilleurs lancements pour la franchise depuis Assassin’s Creed Odyssey. L’intérêt accru pour les séquences de gameplay réalistes, la direction artistique singulière et la présence de deux personnages jouables — l’un réaliste, l’autre fictif — ont séduit une partie du public.

De nombreux joueurs ont salué le retour à une formule plus narrative et structurée, loin des dérives parfois jugées trop RPG d’Assassin’s Creed Valhalla. Le Japon féodal, même controversé, a aussi beaucoup attiré visuellement : temples brumeux, combats au katana, infiltration dans les hautes herbes… Un fantasme vidéoludique que le jeu a su concrétiser.

Limites et nuance : ce qui n’a pas (ou pas encore) été dit

Cependant, derrière les sourires de façade, quelques zones d’ombre subsistent. Ubisoft n’a pas encore communiqué de manière officielle sur certains sujets épineux, comme l’impact du lancement raté de Star Wars Outlaws, qui aurait, selon Game File, poussé le studio à retarder Assassin’s Creed Shadows afin de s’assurer d’un meilleur accueil critique.

De même, la vidéo de la Paris Games Week passe sous silence les causes profondes du mécontentement d’une partie des fans. Les thématiques d’inclusivité, la communication initiale jugée floue, ou encore les choix narratifs discutables, ne sont abordés qu’en surface.

Il est aussi trop tôt pour évaluer la durée de vie de ce regain de popularité. Le jeu pourra-t-il maintenir une communauté active sur le long terme ? Le modèle économique (DLC à venir, monétisation ?) reste encore à préciser. Bref, si Ubisoft peut souffler, ce n’est pas encore l’heure du triomphe absolu.

 

Enjeux pour Ubisoft et l’avenir de la franchise

Le rôle stratégique d’Assassin’s Creed pour Ubisoft

Depuis ses débuts en 2007, Assassin’s Creed est bien plus qu’un simple best-seller pour Ubisoft : c’est l’épine dorsale de son modèle économique. Chaque nouveau volet porte avec lui des attentes énormes, non seulement commerciales mais aussi symboliques. Avec Shadows, l’éditeur n’avait pas le droit à l’erreur.

Ce titre devait à la fois renouer avec les racines de la franchise, tout en se positionnant sur les débats contemporains autour de la représentation, de la diversité, et de la fidélité culturelle. Le fait qu’Ubisoft ait réussi à transformer une tempête médiatique en un levier de communication témoigne de l’agilité — et de la pression — à laquelle est soumise la firme française.

En interne, Shadows est considéré comme une étape charnière. C’est un laboratoire d’expérimentation pour une nouvelle génération d’Assassin’s Creed, où le gameplay plus souple, les graphismes photoréalistes, et la narration duale sont appelés à devenir la norme dans les opus à venir.

Le défi de la confiance des joueurs et les prochaines étapes (ex. portage Switch 2)

Si Ubisoft a réussi à retourner une partie de l’opinion publique, cela ne signifie pas que la relation avec sa communauté est totalement restaurée. La défiance reste présente, notamment autour des choix éditoriaux à venir et de la manière dont la franchise va évoluer.

Le prochain test sera donc crucial : Assassin’s Creed Shadows doit encore convaincre sur la durée. À ce titre, le portage annoncé sur Switch 2, prévu pour le 2 décembre 2025, sera un moment stratégique. Il pourrait élargir considérablement la base de joueurs, surtout si la console de Nintendo tient ses promesses techniques.

Mais ce portage devra aussi répondre à une autre exigence : celle de la fidélité technique et artistique. L’ambition graphique du jeu pourra-t-elle être conservée sur une console portable ? Ubisoft n’a pas encore montré d’images officielles, mais l’attente est forte. Ce lancement pourrait être un indicateur précieux pour les ambitions multi-plateformes de l’éditeur à l’avenir.

 


En quelques mots

Assassin’s Creed Shadows aurait pu être un naufrage. Miné par des controverses identitaires, des accusations de réécriture historique, et une méfiance générale de la communauté, le jeu avait tout pour finir sur la liste noire des fans. Pourtant, Ubisoft a su renverser la situation grâce à une communication transparente, une stratégie de reconquête habile, et un retour aux fondamentaux de sa franchise phare.

Cette victoire reste toutefois partielle. Si le succès commercial semble au rendez-vous, les critiques de fond n’ont pas disparu, et certains aspects – notamment l’influence d’échecs précédents comme Star Wars Outlaws – restent encore volontairement flous. Le futur portage sur Switch 2, tout comme les contenus à venir, serviront de test pour savoir si Shadows est une réussite durable ou un simple rattrapage bien exécuté.

Ubisoft a gagné une bataille, pas la guerre. Mais pour une fois, ce sont les joueurs qui ont eu accès aux coulisses… et cela a fait toute la différence.

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Ubisoft

Leader mondial du jeu vidéo, créateur de franchises emblématiques comme Assassin's Creed et Far Cry, offrant des expériences immersives et innovantes.

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