Les Grammy Awards 2026, l’un des événements musicaux les plus prestigieux au monde, réserve comme chaque année son lot de surprises. Mais parmi elles, une absence a fait l’effet d’une petite bombe dans l’univers du jeu vidéo : Clair Obscur: Expedition 33, pourtant acclamé pour sa direction artistique et sa bande-son envoûtante, n’a pas été nommé.
Alors que l’édition 2026 consacre de nouveau une catégorie entière à la meilleure bande originale pour jeux vidéo et médias interactifs, beaucoup s’attendaient à voir figurer le jeu du studio français Sandfall Interactive dans la liste. Ce ne fut pas le cas, et cela interroge autant les professionnels que les passionnés. D’autant que Lorien Testard, le compositeur du jeu, avait récemment remporté le WSA Game Music Award, un prix reconnu dans le domaine.
Soumise officiellement par l’éditeur Kepler Interactive dans deux catégories, la bande originale n’a été retenue dans aucune. Un désaveu, ou simplement un choix stratégique de l’Académie ? Pour mieux comprendre cette exclusion, analysons les faits, les tendances des nominations, et les répercussions possibles sur l’industrie vidéoludique.
Le contexte : les Grammy, les jeux vidéo et la musique de jeu
L’essor de la musique de jeu vidéo dans les récompenses musicales
Pendant longtemps, la musique de jeu vidéo a été reléguée à un rôle secondaire, souvent perçue comme un simple accompagnement sonore sans véritable valeur artistique. Mais cette époque est révolue. Avec l’explosion de la production vidéoludique indépendante et AAA, les bandes originales de jeux vidéo rivalisent aujourd’hui avec celles du cinéma en termes de complexité, d’émotion et de créativité.
L’introduction en 2023 d’une catégorie spécifique aux Grammy Awards — « Best Score Soundtrack for Video Games and Other Interactive Media » — a marqué un tournant décisif. Ce geste fort de la Recording Academy a permis de reconnaître officiellement le travail exceptionnel des compositeurs de jeux, un milieu autrefois ignoré dans les grandes cérémonies musicales internationales.
Comme le dit si bien Austin Wintory, célèbre compositeur de Journey :
« La musique de jeu vidéo est l’un des derniers terrains d’expérimentation sonore de masse. C’est une scène incroyablement riche, trop longtemps restée dans l’ombre. »
La catégorie « Meilleure bande originale pour jeux vidéo et médias interactifs » : historique et enjeux
Depuis sa création, cette catégorie a vu défiler des œuvres marquantes. En 2023, c’est Assassin’s Creed Valhalla: Dawn of Ragnarök qui inaugurait ce nouveau pan des Grammy. Depuis, les jeux nommés représentent un large spectre allant de l’indé poétique à la production hollywoodienne.
Mais la catégorie est aussi un reflet des tendances de l’industrie. Les œuvres récompensées sont souvent celles disposant d’un fort rayonnement médiatique ou associées à des franchises connues. Le processus de sélection repose sur les votes des membres de l’Académie, souvent issus du monde de la musique, pas nécessairement immergés dans la culture vidéoludique.
Cela soulève une question clé : les critères actuels des Grammy Awards sont-ils bien adaptés à la spécificité du média jeu vidéo ? Car entre la musique interactive, les soundtracks dynamiques et les bandes originales linéaires, toutes ne répondent pas aux mêmes logiques de création.
La liste des nommés 2026 pour la musique de jeu vidéo
Qui sont les jeux en lice ?
Pour cette édition 2026 des Grammy Awards, cinq jeux vidéo ont été sélectionnés dans la catégorie Meilleure bande originale pour jeux vidéo et médias interactifs. La sélection est à la fois éclectique et révélatrice de la diversité musicale dans le monde vidéoludique :
- Avatar: Frontiers of Pandora – Secrets of the Spires (Pinar Toprak)
- Helldivers 2 (Wilbert Roget, II)
- Indiana Jones et le Cercle Ancien (Gordy Haab)
- Star Wars Outlaws: Wild Card & A Pirate’s Fortune (Cody Matthew Johnson & Wilbert Roget, II)
- Sword of the Sea (Austin Wintory)
Chaque œuvre apporte sa propre signature sonore. On retrouve ainsi des univers cinématographiques puissants (comme les jeux liés aux licences Star Wars et Indiana Jones), des expérimentations artistiques profondes avec Sword of the Sea, ou encore des productions à grand budget mêlant immersion et tension, comme Helldivers 2.
Notons la double présence du compositeur Wilbert Roget, II, un vétéran respecté dans la musique de jeux, qui signe ici deux OST distinctes, consolidant sa stature dans le domaine.
Analyse des tendances : types de jeux, compositeurs reconnus, maisons d’édition
Une constante ressort : tous les jeux nommés appartiennent à des éditeurs à forte visibilité internationale, qu’il s’agisse d’Ubisoft, Lucasfilm Games, ou encore Annapurna Interactive. Cela ne signifie pas pour autant un manque de qualité dans les autres titres non sélectionnés, mais cela souligne le poids de la notoriété dans la reconnaissance musicale aux Grammy.
Côté compositeurs, les noms cités bénéficient presque tous d’une expérience antérieure dans le domaine, voire de précédentes nominations à des prix de musique de jeu ou de film. Austin Wintory, par exemple, est reconnu pour sa capacité à transformer la musique en émotion pure, tandis que Pinar Toprak s’est illustrée aussi bien dans le cinéma (Captain Marvel) que dans le jeu vidéo.
Ces tendances peuvent suggérer que la Recording Academy privilégie encore les figures établies, ce qui pourrait expliquer la mise à l’écart d’artistes moins connus du grand public, comme Lorien Testard, malgré un travail salué par la critique spécialisée.
La liste des nommés 2026 pour la musique de jeu vidéo
Qui sont les jeux en lice ?
Pour cette édition 2026 des Grammy Awards, cinq jeux vidéo ont été sélectionnés dans la catégorie Meilleure bande originale pour jeux vidéo et médias interactifs. La sélection est à la fois éclectique et révélatrice de la diversité musicale dans le monde vidéoludique :
- Avatar: Frontiers of Pandora – Secrets of the Spires (Pinar Toprak)
- Helldivers 2 (Wilbert Roget, II)
- Indiana Jones et le Cercle Ancien (Gordy Haab)
- Star Wars Outlaws: Wild Card & A Pirate’s Fortune (Cody Matthew Johnson & Wilbert Roget, II)
- Sword of the Sea (Austin Wintory)
Chaque œuvre apporte sa propre signature sonore. On retrouve ainsi des univers cinématographiques puissants (comme les jeux liés aux licences Star Wars et Indiana Jones), des expérimentations artistiques profondes avec Sword of the Sea, ou encore des productions à grand budget mêlant immersion et tension, comme Helldivers 2.
Notons la double présence du compositeur Wilbert Roget, II, un vétéran respecté dans la musique de jeux, qui signe ici deux OST distinctes, consolidant sa stature dans le domaine.
Analyse des tendances : types de jeux, compositeurs reconnus, maisons d’édition
Une constante ressort : tous les jeux nommés appartiennent à des éditeurs à forte visibilité internationale, qu’il s’agisse d’Ubisoft, Lucasfilm Games, ou encore Annapurna Interactive. Cela ne signifie pas pour autant un manque de qualité dans les autres titres non sélectionnés, mais cela souligne le poids de la notoriété dans la reconnaissance musicale aux Grammy.
Côté compositeurs, les noms cités bénéficient presque tous d’une expérience antérieure dans le domaine, voire de précédentes nominations à des prix de musique de jeu ou de film. Austin Wintory, par exemple, est reconnu pour sa capacité à transformer la musique en émotion pure, tandis que Pinar Toprak s’est illustrée aussi bien dans le cinéma (Captain Marvel) que dans le jeu vidéo.
Ces tendances peuvent suggérer que la Recording Academy privilégie encore les figures établies, ce qui pourrait expliquer la mise à l’écart d’artistes moins connus du grand public, comme Lorien Testard, malgré un travail salué par la critique spécialisée.
Conséquences et enjeux pour l’industrie du jeu vidéo
Visibilité, reconnaissance et valorisation de la musique de jeux
La non-nomination de Clair Obscur: Expedition 33 soulève une question plus large que le cas d’un seul jeu : la reconnaissance de la musique de jeux vidéo dans l’écosystème culturel mondial. Si les Grammy Awards semblent désormais ouverts au médium vidéoludique, la sélection 2026 montre que le chemin vers une reconnaissance pleine et équitable est encore semé d’obstacles.
Pour de nombreux compositeurs, les récompenses comme les Grammy représentent une vitrine mondiale, pouvant ouvrir des portes vers le cinéma, la télévision, ou d’autres projets d’envergure. Ne pas y figurer, surtout lorsqu’on a été acclamé par d’autres institutions comme le WSA, peut engendrer une invisibilisation partielle de talents pourtant prometteurs.
Cette situation met également en lumière la nécessité pour les studios et éditeurs de jeux vidéo de soigner la diffusion de leur musique, que ce soit via des albums, des performances live, ou des plateformes de streaming. La visibilité joue un rôle clé, car le vote aux Grammy repose encore largement sur la notoriété et l’exposition médiatique.
Pour l’éditeur et le compositeur : opportunités, réputation, suite possible
Pour Kepler Interactive et Lorien Testard, cette absence n’est pas une fin en soi. Au contraire, elle peut être un catalyseur. Le buzz autour de l’exclusion a déjà commencé à faire parler du jeu sur les réseaux sociaux et dans la presse spécialisée, ce qui pourrait renforcer l’intérêt du public lors de la sortie officielle du titre.
D’un point de vue stratégique, Kepler pourrait capitaliser sur cette situation en jouant la carte du "grand oublié", ce qui attire souvent l’attention et génère de la sympathie auprès du public. L’exemple de jeux comme Celeste, autrefois ignoré par certains prix majeurs mais devenu culte, montre que la reconnaissance ne passe pas uniquement par les institutions.
Quant à Lorien Testard, il peut désormais se positionner comme un compositeur à suivre. L’absence de nomination n’enlève rien à la qualité de son travail ; au contraire, elle suscite la curiosité. Il est probable qu’il attire de nouveaux projets, voire des collaborations internationales, dans les mois à venir.
Enfin, cette situation pourrait encourager d’autres plateformes — comme les BAFTA, les G.A.N.G. Awards ou encore les Game Awards — à mettre encore davantage en avant la musique de jeux moins exposés médiatiquement, et ainsi rééquilibrer la donne.
Ce que cette non‑nomination révèle sur les critères et l’avenir des jeux vidéo aux Grammy
Ce que l’on peut déduire des choix de la Recording Academy
L’analyse de la sélection 2026 permet de mieux comprendre les logiques de la Recording Academy. Malgré l’intégration officielle des jeux vidéo dans la cérémonie, les critères semblent encore fortement influencés par des codes issus du monde musical traditionnel et du cinéma.
On constate une préférence pour les œuvres associées à des licences connues, à fort potentiel commercial ou médiatique. Le poids des maisons d’édition prestigieuses joue également un rôle non négligeable. Même si la qualité musicale est indéniablement présente dans tous les jeux nommés, la sélection suggère que l’Académie valorise une forme de sécurité culturelle, au détriment d’œuvres plus novatrices ou moins médiatisées.
La non-nomination de Clair Obscur: Expedition 33 pourrait alors symboliser un décalage entre l’innovation artistique du jeu vidéo et la manière dont celle-ci est perçue ou évaluée par les institutions musicales traditionnelles.
Vers une « normalisation » de la musique de jeux vidéo aux grands prix musicaux ?
Malgré ces constats, il serait injuste de voir dans cette sélection une impasse. Au contraire, la présence continue de cette catégorie, année après année, montre que la musique de jeux vidéo est en train de s’imposer durablement dans les circuits de reconnaissance culturelle.
Le processus est certes progressif, mais il s’accompagne d’un élargissement des critères d’évaluation, notamment grâce à l’engagement de compositeurs influents qui plaident pour une meilleure représentation de la diversité du jeu vidéo.
À terme, on peut imaginer que la Recording Academy affinera ses processus de sélection, en intégrant davantage d’experts issus du milieu vidéoludique, en diversifiant les profils nommés, et en prenant en compte des formes musicales moins conventionnelles.
Cela pourrait permettre à des œuvres singulières comme celle de Expedition 33 d’être pleinement reconnues, non pas malgré leur originalité, mais grâce à elle.
En quelques mots
L’absence de Clair Obscur : Expedition 33 aux Grammy Awards 2026 illustre les tensions persistantes entre innovation artistique et reconnaissance institutionnelle. Malgré une bande-son saluée, un compositeur primé, et une proposition artistique ambitieuse, le jeu de Sandfall Interactive ne figure pas dans la sélection finale.
Mais cette exclusion, loin d’être une fin, ouvre des perspectives. Elle révèle les limites actuelles des critères de sélection, encore influencés par la notoriété, et souligne l’importance croissante de la musique vidéoludique dans le paysage culturel mondial. Pour Kepler Interactive, Lorien Testard, et les studios émergents, le message est clair : la visibilité et la stratégie comptent autant que le talent.
En filigrane, c’est toute l’industrie du jeu vidéo qui est en train de redéfinir sa place dans les sphères artistiques traditionnelles. Et même si Expedition 33 n’a pas franchi les portes des Grammy cette année, il s’est assuré une place dans la conversation — et peut-être, dans les cœurs des joueurs et mélomanes en 2026.
