Ashly Burch inquiète: l’IA générative menace-t-elle les acteurs de jeux vidéo ?

AuteurArticle écrit par Vivien Reumont
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date de publication17/03/2025
Aloy, l’héroïne de la saga Horizon, est représentée en gros plan, en pleine action. Elle tient un arc futuriste orné de détails métalliques et vise avec une flèche prête à être décochée. Son expression est concentrée, avec des yeux déterminés fixant sa cible. Ses cheveux roux sont attachés en tresses, et elle porte une armure composée de cuir, de métal et de tissus colorés, typique de son style post-apocalyptique. En arrière-plan, un décor de ruines métalliques envahies par la nature est visible sous un ciel orangé, évoquant l’univers de Horizon Forbidden West. L’image met en avant le réalisme et la finesse des graphismes du jeu.

L’intelligence artificielle générative continue de faire parler d’elle, et cette fois, c’est l’industrie du jeu vidéo qui est en ébullition. Récemment, Sony a dévoilé une vidéo où Aloy, l’héroïne de la saga Horizon, interagit directement avec le joueur grâce à une IA. Si cette démonstration technologique a impressionné certains, elle a aussi suscité des craintes, notamment chez Ashly Burch, la comédienne qui prête sa voix et son jeu à Aloy.

Connue pour son travail sur la franchise Horizon de Guerrilla Games, mais aussi pour ses rôles dans Marvel’s Spider-Man: Miles Morales et The Last of Us Part II, Ashly Burch a partagé ses inquiétudes sur TikTok. Son message est clair: l’IA générative pourrait mettre en péril le futur des acteurs dans le jeu vidéo. Et elle n’est pas la seule à tirer la sonnette d’alarme...

 

La vidéo de Sony qui a déclenché la polémique

Tout a commencé lorsque Sony a dévoilé un prototype technologique révolutionnaire: une IA générative permettant à Aloy, l’héroïne de Horizon Zero Dawn et Horizon Forbidden West, d’interagir en temps réel avec les joueurs. Dans la vidéo, Aloy ne se contente pas de réciter des dialogues pré-écrits: elle répond dynamiquement aux questions, générant ainsi une conversation fluide et adaptative.

Si cette avancée technique impressionnante laisse entrevoir un futur où les PNJ (personnages non-joueurs) seront plus réalistes que jamais, elle n’a pas fait l’unanimité. Très vite, des voix se sont élevées contre ce type d’initiative, pointant du doigt des préoccupations majeures:

  • La menace pour les comédiens de doublage: si une IA peut reproduire la voix et le ton d’un acteur, son rôle devient-il obsolète ?
  • Les dérives possibles: sans cadre juridique strict, ces technologies pourraient être utilisées sans l’accord des acteurs ou même sans qu’ils soient rémunérés.
  • L’impact sur la narration des jeux: le travail des scénaristes pourrait être remis en question si les dialogues deviennent entièrement générés par l’IA.

Face à ces préoccupations, plusieurs professionnels de l’industrie ont réagi, et parmi eux, Ashly Burch n’a pas tardé à prendre la parole...

 

L’inquiétude d’Ashly Burch face à l’IA

Face à la démonstration de Sony, Ashly Burch n’est pas restée silencieuse. L’actrice a partagé son point de vue sur TikTok, exprimant son inquiétude quant à l’impact de l’IA générative sur son métier et sur l’avenir des comédiens de doublage.

« Je suis inquiète, non pas parce que la technologie existe, ni même parce que les sociétés de jeux vidéo veulent l’utiliser, car bien sûr elles le font, elles veulent toujours utiliser les avancées technologiques. Mais j’imagine simplement une vidéo comme celle-ci qui sortirait et à laquelle serait associée la performance d’une personne. »

Ce qui l’effraie particulièrement, c’est le risque que les acteurs ne puissent plus contrôler leur propre image et voix. Elle imagine un futur où un studio pourrait utiliser l’IA pour prolonger ou modifier une performance sans aucun consentement ni rémunération équitable.

« Si nous perdons ce combat, cette personne n’aura aucun recours. Elle n’aurait aucune protection, aucun moyen de se défendre, et cette possibilité me rend si triste. Cela me fait mal au cœur, cela me fait peur. »

Burch insiste sur le fait qu’elle aime profondément cette industrie et qu’elle veut voir de nouvelles générations d’acteurs émerger, et non être remplacées par des modèles d’intelligence artificielle. Pour elle, les avancées technologiques ne doivent pas se faire au détriment des artistes humains.

Et elle n’est pas seule à le penser...

 

Un débat qui divise l’industrie du jeu vidéo

L’intervention d’Ashly Burch a déclenché un vaste débat au sein de l’industrie vidéoludique. De nombreux acteurs et doubleurs professionnels partagent ses inquiétudes, redoutant que l’IA générative ne vienne bouleverser leur métier. Parmi eux, Roger Clark, connu pour son rôle d’Arthur Morgan dans Red Dead Redemption 2, et Ned Luke, l’emblématique Michael de GTA V, ont également pris la parole.

Ces comédiens s’inquiètent non seulement pour l’avenir du doublage, mais aussi pour la manière dont leur voix est déjà utilisée sans leur consentement. Avec les technologies de clonage vocal, des vidéos parodiques mettant en scène leurs personnages émergent sur le web, et la frontière entre hommage et exploitation devient de plus en plus floue.

L’IA, une révolution… ou une menace ?

Le débat autour de l’IA générative dans le jeu vidéo oppose deux visions du futur:

  1. Les partisans de l’IA, qui y voient une opportunité d’enrichir l’immersion des jeux en rendant les personnages plus interactifs et les dialogues plus dynamiques.
  2. Les sceptiques, qui dénoncent le risque de précarisation des acteurs et le manque de régulation juridique concernant l’usage de leur voix et de leur image.

Cette tension rappelle les conflits récents à Hollywood, où le SAG-AFTRA (le syndicat des acteurs américains) a mené une bataille contre l’utilisation abusive de l’IA dans le cinéma et les séries. Le jeu vidéo sera-t-il le prochain secteur à être touché par cette révolution technologique ?

Quoi qu’il en soit, ce débat est loin d’être terminé…

 


En quelques mots

L’intelligence artificielle générative promet de transformer en profondeur l’industrie du jeu vidéo, mais à quel prix ? L’expérimentation de Sony sur Aloy a soulevé une vague d’inquiétudes, en particulier chez Ashly Burch, qui redoute un avenir où les acteurs perdraient le contrôle sur leurs propres performances.

Son cri d’alarme est partagé par de nombreux professionnels du doublage, qui voient dans cette avancée technologique un risque majeur pour leurs droits et leur avenir. Si certains défendent l’innovation et l’immersion accrue qu’elle pourrait apporter, d’autres insistent sur la nécessité de réglementer son usage pour protéger les artistes.

Ce débat rappelle que le progrès technologique doit être encadré, non seulement pour préserver la créativité humaine, mais aussi pour éviter que l’IA ne devienne un outil de déshumanisation dans l’industrie du jeu vidéo. L’avenir nous dira si les studios écouteront ces préoccupations… ou si les voix des acteurs seront peu à peu remplacées par des algorithmes.

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