Les soirées entre amis, manettes en main, sont devenues une tradition dans le monde du jeu vidéo. Qu'il s'agisse de jeux d'aventure, de stratégie ou de coopération, la convivialité a toujours été au centre de ces moments privilégiés. Aujourd'hui, Sunderfolk apporte un vent de fraîcheur à ces "gaming nights", en combinant habilement le couch coop et le RPG tactique, le tout agrémenté d’une expérience numérique intrigante.
Un concept original signé Secret Door
Si vous croisez quatre personnes enfoncées dans un canapé, leurs yeux rivés sur leurs téléphones, vous pourriez croire qu'il s'agit d'une soirée ennuyeuse. Et pourtant, dans le cas de Sunderfolk, vous seriez loin de la vérité. Ce jeu, développé par Secret Door, un studio fondé par Mike Morhaime et Amy Morhaime sous l'égide de Dreamhaven, propose une expérience plus animée qu'il n'y paraît. Quatre joueurs, chacun avec un smartphone, plongent dans l'univers des Sunderlands à travers une interface mobile qui fait office de "fiche de personnage", tandis que le monde du jeu prend vie sur l’écran principal. C’est peut-être là le futur du jeu de plateau numérisé.
Un monde en ruine mais plein de potentiel
Dans Sunderfolk, les joueurs incarnent les habitants des Sunderlands, une terre désolée où la survie est un combat de chaque instant. Le peuple du jeu, composé d'animaux anthropomorphiques, vit en harmonie autour de l’Arbre de Vie, mais le danger rôde en permanence. Les héros sont donc essentiels pour la communauté, avec leurs compétences uniques et leur rôle bien défini.
Parmi les personnages disponibles, vous trouverez six classes distinctes, chacune représentée par une créature aux allures caractéristiques: un arcaniste sous la forme d’un oiseau étrange, un pyromancien incarné par une salamandre explosive, un voleur rusé en la personne d’une fouine, et enfin, un ours berserker servant de tank. À leurs côtés, un barde et un ranger complètent cette équipe colorée. Ces personnages, jouables via votre smartphone, permettent aux joueurs de manipuler facilement leur avatar, tout en interagissant avec l’univers présenté sur l’écran de télévision.
Une interface mobile bien pensée
Sunderfolk parvient à combiner le meilleur des deux mondes: les sensations d'un jeu de plateau traditionnel, mais sans les contraintes habituelles. Fini les longues heures de préparation, l’apprentissage fastidieux des règles ou les oublis en pleine partie. L’ergonomie, bien que perfectible à quelques points, se montre assez fluide pour garantir une immersion totale.
Le point fort ? Le casting vocal ! Dans la version anglaise, Anjali Bhimani, la voix de Symmetra dans Overwatch 2, incarne tous les personnages non-joueurs, à la manière d’un maître du jeu passionné. De plus, l’interface mobile permet de gérer facilement son deck, ses outils et autres éléments de gameplay essentiels, rendant chaque partie dynamique et engageante.
Un jeu conçu pour la coopération... ou presque
La coopération est évidemment au cœur de l’expérience couch co-op de Sunderfolk, bien que le jeu soit également jouable en ligne ou même en solo, en contrôlant plusieurs personnages. Toutefois, il est clair que le titre est pensé pour être joué avec des amis réunis autour du même écran, recréant l’ambiance d’une vraie gaming night. Secret Door a d’ailleurs mis un point d’honneur à rendre cette expérience accessible, même aux joueurs moins expérimentés.
Le jeu débute dans la ville souterraine de Haven, où les premières missions vous enseignent les bases du déplacement tactique sur des hexagones, ainsi que l'utilisation des cartes d’action. Dans l’une des premières missions, vous devez chasser un pingouin acariâtre de la taverne avant que la situation ne dégénère et qu’un groupe d’ogres ne s’en prenne à la ville. C’est là que vous apprenez l’importance du travail d’équipe, en échangeant des positions avec vos alliés ou en manipulant l'environnement pour éliminer les ennemis.
La stratégie au cœur de l’action
Chaque personnage de Sunderfolk possède un rôle bien défini, avec des mécaniques qui leur sont propres. Le voleur, par exemple, excelle dans les attaques furtives et les débuffs, tandis que le pyromancien crée des zones de feu qu’il peut absorber pour renforcer ses capacités. Cette diversité oblige les joueurs à collaborer et à créer des synergies efficaces. Cependant, le jeu n’est pas sans rappeler la difficulté de titres comme XCOM, avec des missions parfois punitives si la stratégie n’est pas bien maîtrisée.
Les cartes d’action sont au cœur du gameplay, chaque joueur ne pouvant emporter que 3 ou 4 cartes par mission. Cela oblige à une spécialisation poussée de son personnage, rendant chaque choix crucial. Par ailleurs, les combats sont enrichis par un système de cartes de destin, qui ajoute une part de hasard à chaque action, pouvant transformer une attaque en succès critique ou en échec cuisant.
Un challenge adapté à tous les types de joueurs
La difficulté dans Sunderfolk est adaptable, allant du mode narratif au mode hardcore. Même en mode normal, le jeu se montre exigeant. Les joueurs disposent de trois vies partagées par l’ensemble du groupe, et une chute en combat peut rapidement mettre en péril toute la mission. La communication et la coordination sont donc primordiales, surtout en couch co-op, où la proximité physique facilite les échanges stratégiques.
Il est intéressant de noter que, malgré le focus sur la coopération, Sunderfolk intègre des éléments de compétition cachée. Le friendly fire existe, et les objets trouvés en mission ne sont pas automatiquement partagés. Celui qui ramasse un trésor est libre de le garder pour lui, ce qui peut entraîner des tensions amusantes au sein du groupe. Ce type de mécaniques rappelle les jeux de plateau où la coopération est parfois mise à l'épreuve par des choix égoïstes.
Un avenir prometteur pour Sunderfolk
Pour un premier jeu, Secret Door a su créer un titre ambitieux. Avec une direction artistique soignée, des graphismes colorés et une bande-son immersive, Sunderfolk offre une expérience à la fois riche et engageante. L’histoire et le développement des personnages, qui évoluent au fil des missions, renforcent l’attachement des joueurs à cet univers unique.
La grande question reste cependant de savoir si ce jeu saura toucher un public plus large. Avec son concept nécessitant quatre mobiles et un écran partagé, Sunderfolk est certes moins complexe que certains jeux de plateau, mais son accessibilité pourrait poser problème à ceux qui ne sont pas familiers avec ce type de configuration. Néanmoins, si vous aimez les soirées entre amis pleines de stratégie, de rire, et de trahisons légères, Sunderfolk est un titre à surveiller de très près.
En quelques mots
Sunderfolk est un jeu audacieux qui fusionne habilement les éléments du jeu de plateau traditionnel avec une interface numérique intuitive. Grâce à son couch co-op novateur et une direction artistique sublime, il s’impose comme une expérience à ne pas manquer pour les amateurs de soirées gaming. Reste à voir si le public suivra, mais pour l’instant, Secret Door semble avoir réussi son pari.