HORSES banni de Steam et Epic Games Store avant sa sortie: voici pourquoi

AutorArtículo escrito por Vivien Reumont
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Fecha de publicación04/12/2025

Le monde du jeu vidéo est régulièrement secoué par des polémiques, mais il est rare qu’un jeu soit banni de deux des plus grandes plateformes de distribution numérique avant même sa sortie officielle. C’est pourtant ce qui est arrivé à HORSES, un survival horror indépendant au ton radicalement sombre, qui devait paraître le 2 décembre 2025 sur PC. Steam et l’Epic Games Store ont tous deux suspendu son lancement, invoquant la violence extrême et les thématiques dérangeantes du jeu.

Développé par Santa Ragione, en collaboration avec Andrea Lucco Borlera, HORSES propose une expérience à la première personne où le joueur incarne un travailleur agricole plongé dans un quotidien qui glisse lentement vers la terreur. Entre maltraitance psychologique, esclavage, mutilation et suicide, le jeu semble avoir franchi une ligne rouge pour certaines plateformes.

Alors que le jeu reste disponible sur GOG pour 4,99 €, cette affaire soulève des questions essentielles : quels sont les critères de modération des grandes boutiques de jeux numériques ? Et où se situe la limite entre l’art et l’inacceptable dans le jeu vidéo ?

 

Contexte : qu’est‑ce que HORSES ?

Histoire & concept du jeu

À première vue, HORSES pourrait presque tromper son monde. Le joueur incarne un ouvrier envoyé pour 14 jours de travail dans une ferme reculée. Les premières heures de jeu ont des airs de routine paisible : nourrir les chevaux, s’occuper des chiens, traire les vaches... Une simulation agricole ? Pas vraiment.

Rapidement, l’univers bascule dans l’indicible. Chaque tâche devient un vecteur de tension, les environnements changent subtilement, et des événements sinistres émergent, flirtant avec la folie. L’esthétique volontairement granuleuse et minimaliste contribue à cette atmosphère anxiogène. HORSES n’a rien de confortable : il est conçu pour provoquer un sentiment de malaise croissant, jusqu’à une apogée dérangeante.

Mécanismes, ton et promesse narrative

Du point de vue du gameplay, HORSES opte pour la simplicité : peu d’interfaces, pas de système de combat, et une interaction minimale. Ce choix de dépouillement renforce l’immersion et la vulnérabilité ressentie par le joueur. Les développeurs ont misé sur la narration environnementale et le symbolisme psychologique, avec une écriture où les non-dits sont plus oppressants que les images explicites.

Ce n’est pas tant un jeu « à jouer » qu’une expérience à traverser. L’ambiance évoque des titres comme Pathologic ou The Cat Lady, où le gameplay s’efface devant la construction d’une spirale psychologique et émotionnelle.

HORSES est un jeu à message, abordant des thématiques rarement traitées de manière frontale dans le jeu vidéo. Une œuvre volontairement choquante, assumée comme telle, et dont l’impact repose justement sur sa capacité à mettre le joueur face à des scènes moralement insoutenables.

"Ce n’est pas un jeu que nous recommandons à tout le monde, mais c’est un jeu que tout le monde devrait connaître pour ce qu’il essaie de faire." – Andrea Lucco Borlera

 

Pourquoi un bannissement : ce que reprochent Valve et Epic Games

Décision de Steam / Valve et première interdiction

C’est du côté de Steam que les premiers signaux d’alerte sont apparus. Quelques jours avant la sortie programmée de HORSES, la page du jeu a disparu sans préavis de la plateforme. Enquête faite, le jeu avait été retiré pour violation des lignes directrices communautaires de Steam. Bien que Valve n’ait pas publié de déclaration officielle, plusieurs développeurs ont rapporté que les contenus jugés trop violents ou à caractère sexuel explicite sont fréquemment en ligne de mire, surtout s’ils ne sont pas suffisamment "justifiés" par un contexte narratif.

Le problème, ici, est que HORSES traite sans détour de sujets tabous : mutilation, esclavage, agressions sexuelles, et suicide. Ces thèmes, bien qu’abordés sous un angle critique et artistique, semblent avoir été jugés trop explicites ou inappropriés pour la politique de contenu de Steam.

Retrait par l’Epic Games Store juste avant le lancement

Peu après la disparition de Steam, c’est l’Epic Games Store qui a retiré le jeu de sa boutique. Là encore, aucun communiqué officiel. Le jeu a simplement cessé d’être référencé, et les liens de précommande ont été désactivés. La décision semble avoir été préventive : Epic a probablement suivi le pas de Valve, préférant éviter la controverse.

Ce bannissement coordonné suggère une politique de prudence commerciale plus que morale. Les grandes plateformes craignent sans doute des réactions publiques, voire des campagnes médiatiques hostiles. Il est important de noter que les boutiques numériques sont entièrement libres d’accepter ou non un titre, sans devoir justifier publiquement leurs décisions.

"Il y a une censure silencieuse qui s’installe dans les grandes plateformes. Si votre jeu est trop perturbant, il peut disparaître sans explication." – développeur anonyme sur Reddit

 

Réactions du studio Santa Ragione et impact pour le développement indépendant

La colère et la déception du studio face à l’opacité des décisions

La réaction des développeurs de HORSES ne s’est pas fait attendre. Santa Ragione, studio italien connu pour ses jeux à forte charge artistique comme Wheels of Aurelia, a exprimé une profonde frustration face à la décision des plateformes. Dans un post publié sur leurs réseaux sociaux, ils dénoncent un manque de transparence et surtout l’absence de dialogue préalable :

"Nous comprenons que notre jeu puisse heurter, mais nous aurions aimé avoir l’opportunité de nous expliquer. Au lieu de cela, nous avons été purement et simplement écartés."

Andrea Lucco Borlera, co-créateur du jeu, a ajouté que HORSES est avant tout une œuvre anti-violence, une critique frontale de certains mécanismes sociaux destructeurs, et non une glorification gratuite de la souffrance. Le bannissement du jeu vient alors, selon lui, confirmer l’hypocrisie d’une industrie qui tolère la violence spectaculaire mais censure la violence psychologique dès lors qu’elle devient dérangeante.

Risques financiers, survie du studio et enjeux pour les indés

Au-delà de la controverse artistique, la dimension économique est cruciale. Steam et l’Epic Games Store représentent à eux seuls plus de 80 % du marché PC. Être privé de ces vitrines revient presque à être condamné au silence. Pour un studio indépendant comme Santa Ragione, c’est un manque à gagner potentiellement fatal, d’autant plus qu’un jeu aussi spécifique ne peut pas compter sur une forte promotion traditionnelle.

Le cas HORSES soulève alors une question fondamentale : les développeurs indépendants ont-ils encore la liberté de créer sans se plier aux règles implicites des plateformes ? Car même si le jeu est encore disponible sur GOG et d’autres plateformes plus ouvertes, le public ciblé est bien moindre.

Cette situation met aussi en lumière une double standard : certains jeux AAA, pourtant ultra-violents, sont largement promus sans problème. Le critère de censure ne serait-il donc pas lié à la forme et au budget du jeu, plutôt qu’au fond ?

 

Une sortie malgré tout : autres plateformes et disponibilité

Où le jeu reste accessible (GOG, Itch.io, Humble, etc.)

Malgré son bannissement de Steam et de l’Epic Games Store, HORSES n’est pas complètement inaccessible. Le jeu est disponible sur GOG au prix de 4,99 €, une plateforme souvent reconnue pour sa politique plus souple en matière de contenu et sa défense du jeu indépendant. Cette présence permet aux développeurs de maintenir une certaine visibilité, même si le public y est plus restreint.

Des discussions ont également été évoquées concernant une mise en ligne sur Itch.io et Humble Store, deux plateformes très populaires dans la scène indépendante, connues pour leur approche communautaire et leur respect de la liberté créative. Si cela se confirme, HORSES pourrait retrouver une petite vie commerciale loin des géants du marché.

Mais soyons clairs : l’impact de l’absence sur Steam reste colossal. Pour beaucoup de joueurs, Steam est la plateforme de référence. Le fait que HORSES y soit absent limite sévèrement sa portée médiatique et commerciale.

Le prix, le public visé, et les réactions anticipées

Le prix modeste de 4,99 € trahit une ambition artistique plus qu’économique. Le jeu ne vise pas le grand public, mais plutôt les amateurs d’expériences narratives intenses, prêtes à défier les conventions. Le format court (3 à 4 heures) et la nature profondément dérangeante de l’histoire en font un produit de niche assumé.

Sur les réseaux sociaux, les premières réactions oscillent entre fascination et malaise. Certains saluent le courage de Santa Ragione, d’autres dénoncent une œuvre "trop extrême". Il est certain que HORSES ne laissera personne indifférent. Et c’est peut-être là, paradoxalement, sa meilleure chance de succès.

"Je ne suis pas sûr d’avoir aimé... mais je suis sûr de ne jamais l’oublier." – premier avis d’un joueur sur GOG


En quelques mots

L’affaire HORSES illustre un paradoxe tenace dans l’industrie du jeu vidéo : jusqu’où peut-on aller au nom de l’art ? Le titre de Santa Ragione n’est pas un simple jeu d’horreur. C’est une œuvre dérangeante, volontairement inconfortable, qui pousse le joueur à affronter des réalités souvent tues. Mais cette audace a un prix : l’exclusion des vitrines les plus influentes du marché.

Alors que le débat sur la liberté de création face à la modération commerciale refait surface, HORSES devient malgré lui un symbole. Celui d’un jeu qui n’a pas peur de déranger, mais qui en paie le prix fort. Et si sa censure par Valve et Epic Games soulève des questions légitimes, sa persistance sur GOG prouve qu’il existe encore des espaces pour les voix dissonantes dans le jeu vidéo.

À défaut d’avoir conquis les grandes plateformes, HORSES a peut-être déjà gagné quelque chose de plus rare : une posture artistique claire, assumée, et inoubliable.

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