Après presque une décennie de développement tumultueux, Dragon Age 4 The Veilguard s'apprête enfin à faire son entrée fracassante dans l'univers des RPG, et nous avons eu l'occasion de le tester en avant-première à la Paris Games Week 2024 (PGW2024). BioWare, autrefois maître incontesté du genre, joue gros avec cet opus, un véritable défi pour redorer son blason après des titres moins bien accueillis comme Anthem et Mass Effect Andromeda. Ce test nous offre un aperçu détaillé des mécaniques, de l'univers et des attentes pour ce qui pourrait bien marquer le retour en grâce du studio.
Un prologue qui fait le lien avec les anciens opus
Dès les premières minutes, Dragon Age 4 The Veilguard fait un clin d’œil à ses prédécesseurs. Varrick, fidèle narrateur de la saga, nous replonge dans le contexte de l'univers en un battement de cils: dix ans se sont écoulés depuis les derniers événements. À travers une cinématique en dessin animé, on sent immédiatement que BioWare souhaite à la fois séduire les vétérans de la franchise tout en s'ouvrant à un public de nouveaux joueurs.
Le prologue, bien ficelé, nous remet en selle tout en apportant suffisamment d’informations pour éviter que les novices se noient dans le lore riche et complexe de Dragon Age. Les fans de longue date seront ravis de retrouver des références à des mystères restés en suspens depuis plus de 15 ans, notamment sur l'énigmatique Enclin et les dieux elfiques. Cependant, BioWare a pris soin de rendre ce quatrième épisode accessible à tous, sans qu'il soit nécessaire d'avoir joué aux précédents opus pour en apprécier l'intrigue.
Un créateur de personnages révolutionnaire
Si vous pensiez avoir vu tout ce qu'un créateur de personnages pouvait offrir, Dragon Age 4 va vous prouver le contraire. Dès la création de notre héros, Rook, il est clair que BioWare a poussé l'outil de personnalisation à un niveau jamais vu dans la franchise. Tous les éléments sont ajustables: du larynx de votre personnage jusqu'aux taches de rousseur ou au vitiligo ajustable, BioWare propose une dinguerie de curseurs permettant de peaufiner chaque détail. Corinne Busche, directrice du jeu et ancienne de Les Sims 4, semble avoir pris plaisir à appliquer son expertise pour offrir une expérience immersive dès la création de son avatar.
De plus, BioWare semble envisager la possibilité d’une démo avant la sortie, permettant de créer son personnage en avance pour gagner du temps lors du lancement officiel. Un geste bienvenu pour les perfectionnistes !
Un système de combat modernisé et dynamique
Là où Dragon Age Inquisition souffrait parfois de combats trop rigides, The Veilguard s’inspire clairement des grandes tendances actuelles comme The Witcher 3 et Baldur’s Gate 3. On y retrouve une caméra plus rapprochée, des parades nécessitant un timing précis, des esquives et des attaques ultimes spectaculaires. Cette modernisation s’accompagne d’un gameplay fluide et immersif. Chaque classe (guerrier, mage, rogue) offre une expérience unique, avec des compétences variées permettant des combinaisons intéressantes. Rook pourra incarner plusieurs rôles au cours de l'aventure, renforçant ainsi la dimension RPG.
Les combats ne sont plus une simple formalité: les ennemis sont plus réactifs, esquivant et parant nos attaques avec une intensité accrue. La gestion des soins et la stratégie deviennent essentielles, d’autant que certains boss, impitoyables, ne vous laisseront pas de seconde chance. Si le système de parade reste perfectible, il faudra s’habituer à ces nouvelles mécaniques pour pleinement en apprécier la profondeur. Cependant, aucun problème de framerate n’a été observé lors de notre session, ce qui est un excellent point.
Exploration et narration: un équilibre parfait
L’exploration de The Veilguard prend un tournant intéressant. Contrairement à Dragon Age Inquisition, qui misait sur des zones ouvertes parfois vides, ce quatrième épisode propose un monde plus linéaire, mais avec un accent marqué sur la narration et l'immersion. Chaque zone est soigneusement conçue pour maintenir l’intérêt du joueur, et les quêtes secondaires semblent enfin avoir du sens, servant la trame principale ou enrichissant l’histoire des factions.
Des environnements diversifiés, de Tevinter aux forêts luxuriantes d’Arlathan, apportent une richesse visuelle et artistique marquante, soutenue par un moteur Frostbite Engine enfin bien maîtrisé. Le jeu joue habilement avec les contrastes entre high fantasy et dark fantasy, avec des villes en proie à l’Enclin qui plongent le joueur dans une atmosphère oppressante et sinistre.
Cependant, une petite déception esthétique: le design des Tieflins (créature emblématique du jeu) laisse à désirer, en particulier leur front beaucoup trop voyant, un détail qui peut perturber l’immersion visuelle pour certains joueurs.
La dimension tactique toujours au cœur de l’expérience
Bien que l’accent soit mis sur un gameplay plus orienté action, Dragon Age 4 conserve sa dimension tactique. Le système de pause permet de planifier des actions, de donner des consignes à vos compagnons et d’identifier les faiblesses des ennemis. Ce qui distingue particulièrement cet opus est l’importance des synergies entre vos alliés et Rook. Les relations que vous tisserez avec vos compagnons auront un impact direct sur les possibilités de combos lors des affrontements. Cependant, ces interactions ont parfois montré leurs limites lors de notre session de jeu, laissant espérer une meilleure profondeur dans la version finale.
L'arbre de compétences, riche et complexe, devrait ravir les amateurs d'action-RPG, avec une liberté totale pour spécialiser Rook dans diverses sous-classes. BioWare encourage d’ailleurs l’expérimentation, permettant de réinitialiser ses builds à tout moment pour s’adapter aux différentes situations. Les compagnons de route, bien que moins complexes que le héros principal, pourront également être personnalisés pour optimiser vos stratégies.
L’enjeu technique et artistique
Dragon Age 4 The Veilguard bénéficie d’une avancée technique notable. Le moteur Frostbite, qui avait posé problème lors des précédents jeux de BioWare, semble enfin apprivoisé. Les effets d’eau, les textures des cheveux et les détails des visages démontrent un bond en avant significatif. Les environnements sont magnifiquement réalisés, avec une attention particulière aux effets de lumière et aux détails visuels.
Cependant, quelques ombres subsistent. Les animations faciales et la synchronisation labiale, en particulier, souffrent en comparaison avec des jeux récents comme Baldur’s Gate 3. Si ces imperfections techniques ne devraient pas ternir l'expérience globale, elles peuvent impacter l’immersion lors des scènes clés.
En quelques mots
Après un développement long et chaotique, Dragon Age 4 The Veilguard semble bien parti pour rétablir la réputation de BioWare. Avec un système de combat modernisé, un monde plus linéaire mais narrativement dense, et un accent sur la personnalisation, ce nouvel opus pourrait marquer le retour en force du studio. Certes, il reste des imperfections techniques, notamment un front de Tieflin trop voyant, mais l'essence même de la franchise est bien là. L’avenir nous dira si ce jeu parviendra à combler les attentes gigantesques placées en lui, mais une chose est sûre: l’univers de Thédas n’a pas dit son dernier mot.