Starbreeze annule son jeu Donjons & Dragons et licencie après l’échec de Payday 3

AuthorArticle written by Allan Tylisz
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Publication date03/10/2025

Rien ne va plus chez Starbreeze. Autrefois salué pour sa franchise Payday, le studio suédois traverse actuellement une des périodes les plus sombres de son histoire. Après le lancement raté de Payday 3, qui n’a su ni convaincre la critique ni séduire durablement les joueurs, l’entreprise tente aujourd’hui de sauver les meubles. Résultat: un changement de direction, une vague de licenciements, et un choix stratégique radical — l’annulation pure et simple de son jeu basé sur Donjons et Dragons, connu sous le nom de code Project Baxter.

Ce revirement brutal n’est pas anodin: il reflète les difficultés profondes d’un studio en perte de vitesse, mais aussi les choix que doivent faire les entreprises du secteur pour rester à flot dans un marché impitoyable. Dans cette ambiance tendue, Starbreeze joue désormais son avenir sur un seul et unique cheval: Payday. Une stratégie risquée, mais assumée par son PDG Adolf Kristjansson, qui espère recentrer tous les efforts de l'entreprise sur cette franchise phare. Ce tournant pourrait bien être un ultime baroud d'honneur… ou le début d’une résurrection inattendue.

 

Le lourd bilan de Payday 3

Échecs critiques et commerciaux

Lancé en grande pompe en septembre 2023, Payday 3 était censé relancer la franchise avec force. Pourtant, dès ses premiers jours, le jeu a accumulé les critiques. Entre problèmes de serveurs, manque de contenu, et une expérience jugée trop rigide et peu innovante, les joueurs ont vite tourné le dos au titre. Même les fans les plus fidèles ont exprimé leur déception sur les forums et réseaux sociaux, regrettant l’absence de certaines fonctionnalités emblématiques des précédents volets.

Côté presse, le constat n’est guère plus reluisant. Les tests ont souligné des failles de conception, une IA bancale et une progression trop linéaire. Le jeu n’a pas su répondre aux attentes modernes d’un titre multijoueur coopératif. Sur Steam, les évaluations sont mitigées à négatives, et les chiffres de fréquentation sont en chute libre depuis les premières semaines.

"Payday 3 avait tout pour réussir sur le papier, mais sa sortie précipitée et son manque de vision en ont fait un exemple classique de ce qu’il ne faut pas faire dans une suite attendue." — Extrait d’un test publié sur Gamekult

Conséquences internes: licenciements et pertes de confiance

Cet échec a eu des répercussions immédiates et profondes sur l’organisation interne de Starbreeze. Une perte de confiance généralisée s’est installée, aussi bien en interne qu’auprès des investisseurs. Le résultat ? Un changement de leadership à la tête de l’entreprise, suivi d’une vague de licenciements touchant plusieurs dizaines d’employés.

La pression des actionnaires, couplée aux critiques du public, a mis le studio dos au mur. Le développement de contenu additionnel pour Payday 3 est maintenu, mais avec une cadence revue et une équipe réduite. Ce contexte tendu a clairement influencé la suite des décisions stratégiques du studio, notamment celle d’annuler Project Baxter.

 

Qu’est-ce que Project Baxter (Donjons & Dragons) ?

Origines et ambitions du projet

Annoncé en 2023, Project Baxter devait être la prochaine grande production de Starbreeze, en partenariat avec Wizards of the Coast. Le jeu se basait sur l’univers légendaire de Donjons et Dragons, une licence au potentiel immense mais également exigeante à manier. Avec une sortie initialement prévue pour 2026, Baxter représentait une tentative audacieuse de diversification pour le studio, qui voulait s’éloigner temporairement de l’univers des braquages urbains pour explorer des mécaniques de RPG plus classiques.

Ce projet devait offrir une expérience narrative riche, intégrant des mécaniques de coopération — une spécialité de Starbreeze — mais transposée dans un cadre heroic fantasy. Le studio avait misé gros sur ce développement, espérant ainsi toucher une nouvelle audience tout en bénéficiant de la popularité croissante du genre RPG et de la licence Donjons & Dragons dans le jeu vidéo.

Calendrier initial et attentes du studio

Initialement planifié pour une sortie en 2026, Project Baxter était encore en phase de préproduction avancée au moment de son annulation. Selon les déclarations internes, l’équipe travaillait sur les fondations techniques, l’univers narratif et les premiers prototypes jouables.

Les attentes étaient élevées, tant du côté de Starbreeze que de Wizards of the Coast. Ce dernier voyait en Baxter une opportunité de porter la licence D&D dans un format multijoueur coopératif plus accessible, loin des CRPG plus complexes comme Baldur's Gate III.

Malheureusement, l’échec de Payday 3 a bouleversé l’équilibre financier de Starbreeze, forçant l’entreprise à réallouer ses ressources vers des projets jugés plus rentables à court terme. Ainsi, malgré son potentiel, Project Baxter a été sacrifié sur l’autel de la survie stratégique.

 

Annulation et licenciements: ce qu’on sait

Le nombre et le profil des personnes licenciées

Le couperet est tombé: environ 44 personnes ont été licenciées chez Starbreeze à la suite de l’annulation de Project Baxter. Si le chiffre peut sembler limité à l’échelle de l’industrie, il représente près de 20 % de la masse salariale du studio selon plusieurs estimations. Ce sont principalement des développeurs, artistes, et designers qui travaillaient sur Baxter, mais certains postes liés à l'administration de projet et à la communication interne ont également été supprimés.

Il est important de souligner que ces licenciements ne sont pas liés à une performance individuelle, mais bien à une décision stratégique imposée par des contraintes budgétaires sévères. Plusieurs anciens employés ont partagé sur LinkedIn des messages exprimant leur tristesse mais aussi leur compréhension de la situation, signe d’une rupture douloureuse mais globalement respectueuse.

"Cette décision a été difficile mais nécessaire. [...] Il s'agit de mieux cibler notre action afin de créer la plus grande valeur à long terme pour nos joueurs, nos employés et nos actionnaires."
— Adolf Kristjansson, PDG de Starbreeze

Redistribution des équipes et retraits stratégiques

Tous les développeurs de Project Baxter n’ont pas été remerciés. Une partie d’entre eux a été redéployée sur d’autres projets internes, notamment pour renforcer les équipes en charge de la franchise Payday. Le studio a clairement exprimé sa volonté de concentrer ses ressources sur des titres à fort potentiel immédiat, capables de générer des revenus à court terme.

Starbreeze a également indiqué qu’il procédait à une révision de son portefeuille de projets, laissant entendre que d’autres jeux en préproduction pourraient être mis en pause ou ralentis. Cette restructuration est le symptôme d’un changement de cap drastique, où chaque euro investi doit désormais être justifié par une rentabilité à court ou moyen terme. Une situation qui n'est malheureusement pas rare dans l'industrie actuelle, marquée par une multiplication des fermetures de studios et des restructurations en cascade.

 

La stratégie de recentrage sur Payday

Déclaration du PDG et justification officielle

Dans le communiqué officiel annonçant l’abandon de Project Baxter, le PDG Adolf Kristjansson ne mâche pas ses mots. Pour lui, l’heure est au pragmatisme:

"Payday est l’un des jeux les plus emblématiques, avec une portée et un potentiel inégalés."
"En concentrant nos investissements et nos talents ici, nous pouvons accélérer les sorties, engager les joueurs avec plus de contenu et renforcer la position de Starbreeze en tant que leader incontesté sur les jeux de braquages."

Cette déclaration cristallise la nouvelle stratégie de recentrage de Starbreeze, qui mise désormais tout sur l’exploitation intensive de sa licence phare. Payday devient non seulement un produit central, mais une véritable plateforme de développement sur le long terme, où chaque mise à jour, DLC ou extension est censée renforcer la fidélité des joueurs et la stabilité financière de l’entreprise.

Les défis et risques d’un tel pari

Si cette stratégie peut sembler logique, elle n’est pas sans risques. Miser exclusivement sur une seule franchise, surtout quand la dernière entrée — Payday 3 — a déçu, relève presque de l’acte de foi. La communauté a exprimé son scepticisme quant à la capacité du studio à redresser rapidement la barre, d’autant que les mises à jour promises tardent à se montrer.

Il faut aussi rappeler que le marché des jeux de tir coopératifs est extrêmement concurrentiel, avec des titres comme Deep Rock Galactic, GTFO, ou encore Left 4 Dead 2 qui continuent d’attirer des joueurs grâce à leur contenu robuste et leur communauté fidèle.

Par ailleurs, se priver d’un projet comme Project Baxter, qui aurait permis de diversifier les revenus et d’attirer un autre type de public, expose Starbreeze à une fragilité structurelle. En cas de nouvel échec de Payday, il n’y aura plus de filet de sécurité. La dépendance à un seul produit est une stratégie à double tranchant.

 

Impacts et perspectives pour Starbreeze

Réactions de la communauté, des médias et du secteur

L’annonce de l’annulation de Project Baxter et des licenciements qui l’accompagnent n’a pas laissé la communauté indifférente. Sur les réseaux sociaux comme Reddit ou Twitter, les réactions oscillent entre la déception et la compréhension. Nombreux sont ceux qui regrettent l’abandon d’un jeu Donjons & Dragons, soulignant que le projet aurait pu insuffler un nouveau souffle à Starbreeze. D’autres pointent du doigt les erreurs de gestion passées, notamment le lancement précipité de Payday 3 qui, selon eux, a précipité cette situation.

Du côté des médias spécialisés, la tonalité est plus critique. Certains éditorialistes voient dans cette décision un aveu d’échec stratégique de la part du studio, qui n’a pas su capitaliser sur sa licence majeure tout en s’éparpillant sur des projets secondaires. L’annulation de Baxter est également interprétée comme un signal d’alarme pour l’industrie en général: même les studios historiques ne sont pas à l’abri des coupes budgétaires, même avec une licence populaire en main.

"Ce que vit Starbreeze aujourd’hui, c’est le résultat d’un déséquilibre entre ambition créative et réalités économiques. Et malheureusement, ce n’est pas un cas isolé." — Journal du Gamer

Scénarios possibles pour l’avenir

L’avenir de Starbreeze dépend désormais de sa capacité à redonner vie à la franchise Payday. Si les prochaines mises à jour ou contenus arrivent à séduire de nouveau les joueurs, l’entreprise pourrait rebondir, regagner la confiance des investisseurs et reconstruire progressivement son image.

À l’inverse, un nouvel échec critique ou commercial pourrait sérieusement compromettre la viabilité du studio. Des rumeurs de partenariats ou même de vente à un plus gros éditeur circulent déjà dans les coulisses de l’industrie. D’autres analystes envisagent une fusion avec un studio disposant de meilleures ressources financières.

Une chose est sûre: Starbreeze joue sa survie dans les mois qui viennent. Dans une industrie où les cycles sont de plus en plus courts et les attentes de plus en plus élevées, il n’y a plus de place pour l’approximation.

 


En quelques mots

L’annulation de Project Baxter et les licenciements chez Starbreeze marquent un tournant décisif pour le studio suédois. Confronté à l’échec de Payday 3, il choisit aujourd’hui de concentrer toutes ses forces sur sa franchise historique, dans un pari audacieux mais risqué. Si cette stratégie peut permettre un redressement rapide à court terme, elle enferme aussi l’entreprise dans une dépendance dangereuse à un seul univers.

Le cas Starbreeze est symptomatique d’un malaise plus large dans l’industrie du jeu vidéo: budgets démesurés, attentes irréalistes, cycles de développement épuisants… À l’heure où même les grands noms vacillent, il devient crucial pour les studios de repenser leurs modèles, d’équilibrer ambition créative et viabilité économique.

Pour les fans de Donjons & Dragons, l’abandon de Project Baxter est une déception, mais peut-être aussi un appel à la prudence: toutes les grandes licences ne sont pas forcément synonymes de succès. Quant à Starbreeze, l’histoire jugera bientôt si cette décision était une renaissance… ou un chant du cygne.

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