
Dans un marché saturé de FPS compétitifs et souvent interchangeables, Bodycam s'impose comme une anomalie fascinante. Développé par le studio parisien Reissad, ce jeu en accès anticipé ne cherche pas à divertir dans le sens traditionnel du terme, mais à plonger le joueur dans une expérience viscérale, presque dérangeante de réalisme. À mi-chemin entre le jeu vidéo et un extrait filmé sur le vif, Bodycam s’est fait remarquer à sa sortie en juin 2024 grâce à son esthétique brutalement authentique et ses mécaniques de tir poussées.
La première mise à jour majeure, fraîchement déployée, redéfinit l’expérience. Plus de contenu, des refontes de cartes, une migration vers Unreal Engine 5.5, et une attention accrue à la stabilité transforment Bodycam en une vitrine technologique à la limite de l’éthique ludique. Dans ce test, nous vous proposons de décortiquer les ajouts de cette mise à jour ambitieuse, tout en livrant notre ressenti sur un titre qui flirte avec les frontières de l’inconfort… pour mieux captiver.
Qu’est‑ce que Bodycam ?
Le concept « caméra‑corporelle »
Bodycam ne cache pas son ambition : offrir une immersion extrême, quasi documentaire, dans un univers de combat moderne. L’esthétique du jeu s'inspire directement des images de caméras corporelles, popularisées à la fois par les forces de l’ordre et les conflits contemporains. Cette approche donne au jeu une identité visuelle unique, faite de tremblements, d’angles restreints, et d’un champ de vision qui accentue la tension.
Chaque partie ressemble à un extrait de vidéo tiré de Liveleak – un site tristement célèbre pour son contenu brutal et non censuré. Ce parti pris esthétique ne plaît pas à tout le monde, mais c’est justement cette direction crue qui fait la force de Bodycam : une représentation sans fard, presque dérangeante, des affrontements.
Un réalisme poussé par Unreal Engine et des mécaniques immersives
Dès sa sortie, Bodycam a impressionné par l’utilisation pointue de l’Unreal Engine, qui permet des rendus visuels d’un réalisme troublant. Les textures, les effets de lumière, mais surtout la gestion du son et des armes participent à cette sensation d’être dans un enregistrement live. Ici, pas d’interface encombrante ni d’indicateurs de visée trop présents : l’accent est mis sur l’instinct et l’observation.
Là où beaucoup de FPS cherchent à être fun ou compétitifs, Bodycam joue une autre carte. C’est une expérience sensorielle, presque cinématographique, où la moindre erreur peut être fatale. Tirer avec une arme demande de la précision, mais aussi une certaine sérénité. Le moindre tir mal placé peut être puni, et la tension permanente donne une dimension presque anxiogène aux affrontements.

Ce que promet la mise à jour 2025 de Bodycam
Nouvelles cartes et refontes d’environnements
L'un des ajouts majeurs de cette mise à jour est sans doute l’introduction de deux nouvelles cartes qui élèvent le réalisme et la tension à un tout autre niveau. La première, Power Gun, est un environnement de combat rapproché (CQB) massif, considéré comme le plus grand jamais intégré à Bodycam. Ce qui impressionne ici, c’est l’origine de la carte : elle a été scannée à partir d’un véritable lieu, ce qui donne un rendu d’une fidélité presque photographique.
La deuxième carte, Village, s’inscrit dans une toute autre atmosphère. Dédiée au mode Zombie (totalement retravaillé), elle mise sur des espaces ouverts et une ambiance anxiogène, à la croisée des chemins entre Resident Evil et DayZ. Enfin, le développeur n’a pas oublié les lieux existants : la carte Wornhouse bénéficie d’une refonte intérieure complète, la rendant plus dense, plus lisible et bien plus tactique.
Ces ajouts ne sont pas simplement esthétiques : ils changent profondément le rythme des parties, la manière de se déplacer et les stratégies à adopter. Chaque recoin peut devenir un piège mortel, et les nouvelles cartes encouragent une approche plus lente, plus méthodique, presque calculée.
Nouvel arsenal et refonte du mode Zombie
Autre nouveauté marquante : l’arrivée d’un nouvel outil de mort silencieuse. Le carreau d’arbalète fait son entrée dans le jeu, une arme redoutable, capable de tuer sans alerter… parfaite pour les joueurs qui aiment l’approche furtive. Cette arbalète prend une place centrale dans la nouvelle version du mode Zombie, qui a, lui aussi, subi une refonte complète.
Reissad Studio a retravaillé l’expérience zombie de fond en comble : nouveaux types d’ennemis, amélioration de l’intelligence artificielle, et surtout une progression des vagues mieux calibrée, rendant chaque partie plus rythmée et imprévisible. Ce mode, souvent vu comme un « bonus » dans les FPS, devient ici une expérience à part entière, aussi stressante qu’addictive.
Améliorations techniques et optimisation
Passage à Unreal Engine 5.5 : ce que ça change
L’un des changements les plus fondamentaux apportés par cette mise à jour est la migration de Bodycam vers Unreal Engine 5.5. Ce saut technologique ne se contente pas d’être symbolique : il apporte des évolutions concrètes à l’expérience de jeu, notamment via Lumen, un système d’éclairage dynamique avancé, et les Virtual Shadow Maps, qui améliorent la gestion des ombres en temps réel. Le résultat ? Un rendu visuel encore plus organique, des environnements qui respirent et une immersion renforcée à chaque coin de rue.
Ces technologies permettent aussi une meilleure adaptation de la lumière dans des environnements clos ou en pleine nuit, ce qui est crucial dans un jeu où chaque détail visuel peut être une question de vie ou de mort. Les effets de lumière filtrée à travers une fenêtre, les ombres portées réalistes sur des visages ou des murs, contribuent à une ambiance photoréaliste rarement atteinte dans un FPS multijoueur.
Corrections de bugs, stabilité et meilleure performance
Au-delà des nouveautés visibles, cette mise à jour est aussi un travail de fond sur la stabilité. L’équipe de Reissad a mis en place une équipe QA interne dédiée et a recruté de nouveaux développeurs pour renforcer sa capacité à corriger les problèmes récurrents. Et les résultats sont bien là.
« L’optimisation et la stabilité étaient non négociables pour notre communauté », a déclaré Luca Dassier, directeur du studio. « Ce patch marque notre premier vrai pas dans cette direction. »
Les problèmes de désynchronisation en ligne, de blips sonores, et les incohérences d’interface ont été largement réduits. En parallèle, le jeu a été mieux optimisé pour réduire l’usage intensif du GPU et du CPU, ce qui le rend plus fluide sur des configurations moyennes, tout en gardant son réalisme extrême. Bodycam reste exigeant, certes, mais il devient enfin plus accessible sans sacrifier sa philosophie
Notre ressenti : immersif… parfois troublant
Une immersion sonore et visuelle intense
Bodycam n'est pas un simple shooter, c’est une expérience sensorielle brute. Dès les premières minutes, on est happé par le poids de chaque pas, la manière dont les sons se propagent dans les couloirs, les cris étouffés, les armes qui résonnent avec brutalité. On n’observe pas l’action : on la subit de l’intérieur. Le moindre tir peut nous faire sursauter, et chaque affrontement semble risqué, sale, et surtout réaliste. À tel point qu’on en vient à se demander : ai-je envie de jouer à ça… ou de m’en échapper ?
C’est ce paradoxe qui rend Bodycam unique. La sensation de danger permanent, renforcée par la caméra en vue subjective ultra-serrée et les limitations volontaires de l’interface, donne lieu à des sessions où l’adrénaline ne redescend jamais. Même entre deux affrontements, l’ambiance reste pesante. C’est un jeu où le silence est plus stressant que les coups de feu.
Limites actuelles et quelques réserves
Si la mise à jour 2025 redéfinit clairement le potentiel de Bodycam, tout n’est pas encore parfait. L’immersion extrême est aussi une arme à double tranchant. Certains joueurs pourraient ressentir une fatigue sensorielle ou un malaise face à la brutalité du rendu. Le jeu flirte parfois avec des codes esthétiques trop proches de la réalité, au point de gêner.
Le contenu, bien que plus riche qu’à son lancement, reste encore limité en matière de variété d’objectifs, et le mode multijoueur mériterait d’être étoffé en termes de fonctionnalités sociales ou compétitives. Enfin, quelques bugs persistent malgré les efforts, notamment dans les parties en ligne où des problèmes de matchmaking peuvent survenir.
Mais dans l’ensemble, cette mise à jour place Bodycam sur une trajectoire impressionnante. C’est un FPS qui ne cherche pas à plaire à tous, mais qui sait exactement ce qu’il veut proposer : une plongée brutale, immersive, presque documentaire dans l’enfer du combat moderne.
Ce qu’on a aimé… et ce qui mérite encore du travail
✅ Les points positifs
- Un réalisme stupéfiant, tant visuellement que dans les mécaniques de jeu.
- L’immersion sonore, bluffante, qui ajoute une vraie tension à chaque partie.
- Les nouvelles cartes, notamment Power Gun, qui redéfinissent la dynamique du gameplay.
- Le mode Zombie repensé, désormais plus qu’un simple extra.
- La migration vers Unreal Engine 5.5, qui améliore nettement les performances et la fidélité visuelle.
- Un vrai engagement du studio, visible à travers les corrections techniques et les efforts d’optimisation.
❌ Les points négatifs
- Manque de variété dans les modes de jeu multijoueur à ce stade de l’accès anticipé.
- Encore quelques bugs persistants, notamment en matchmaking et en ligne.
En quelques mots
Avec cette première mise à jour majeure, Bodycam passe un cap important dans son développement en accès anticipé. Grâce à des ajouts de contenu solides, une migration vers Unreal Engine 5.5, et un travail de fond sur la stabilité, le jeu de Reissad Studio se hisse comme l’un des FPS les plus immersifs et techniquement impressionnants du moment.
Il ne plaira pas à tous — et ne le souhaite pas. Mais pour celles et ceux qui recherchent une expérience viscérale, authentique, presque dérangeante par moments, Bodycam est désormais bien plus qu’un simple concept prometteur. C’est un avertissement : l’avenir du réalisme vidéoludique est déjà là, et il est troublant.