AuteurArticle écrit par Florian Reumont
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date de publication08/10/2024
Montage combinant une photo d'un homme portant un keffieh rouge et blanc, aux côtés de personnages fictifs bien connus. À droite, Mario, le célèbre personnage de jeux vidéo, est représenté dans sa tenue emblématique avec une salopette bleue et une casquette rouge, sautant avec enthousiasme. Juste en dessous de Mario, on voit un autre personnage de dessin animé, Goldorak, un robot géant de l'univers animé japonais, avec ses bras tendus. L'image fusionne des éléments de la culture populaire et des références au Moyen-Orient.

L'Arabie saoudite pourrait bien augmenter sa participation dans Nintendo, un des géants japonais du jeu vidéo, grâce à son Fonds public d'investissement (PIF). Cette perspective soulève de nombreuses interrogations, tant sur le plan économique que stratégique. Actuellement, le Fonds détient déjà environ 8,6 % des actions de Nintendo. Cette prise de participation pourrait s'intensifier dans les années à venir, d'après les récentes déclarations du prince Faisal bin Bandar bin Sultan Al-Saud, vice-président du groupe saoudien Savvy Games, lors d'une interview avec Kyodo News. Faisal a affirmé être « toujours à la recherche d'opportunités » pour augmenter les investissements dans le domaine du divertissement, dont Nintendo fait partie.

 

Un investissement stratégique dans le cadre de Vision 2030

L'augmentation potentielle de la participation de l'Arabie saoudite dans Nintendo fait partie d'une stratégie globale visant à diversifier les sources de revenus du pays, dans le cadre du plan Vision 2030. Ce plan, initié par le prince héritier Mohammed ben Salmane, cherche à diminuer la dépendance du royaume à l'égard des ressources pétrolières en investissant massivement dans des secteurs tels que le divertissement, la technologie, et en particulier l'industrie du jeu vidéo. Le PIF, qui gère plus de 700 milliards de dollars d'actifs, est un acteur clé de cette transformation.

Le secteur du jeu vidéo représente pour l'Arabie saoudite une opportunité unique de diversifier ses investissements tout en s'alignant avec les tendances économiques globales. Nintendo, avec sa riche histoire et sa position de leader sur le marché des jeux vidéo, semble être un choix naturel pour ces investissements. D'autant plus que le lancement potentiel d'une nouvelle console Nintendo pourrait attirer encore plus d'investisseurs, augmentant ainsi la valeur de la société.

 

Nintendo et l'influence croissante de l'Arabie saoudite dans l'industrie du jeu

Si l'Arabie saoudite est principalement connue pour son rôle dans le marché énergétique, son influence croissante dans l'industrie du jeu vidéo commence à faire des vagues. Au-delà de Nintendo, le PIF a déjà pris des participations significatives dans d'autres sociétés de jeux vidéo telles que Capcom, Nexon et Electronic Arts. Le royaume semble décidé à jouer un rôle de premier plan dans cette industrie florissante. L'augmentation de la participation dans Nintendo n'est donc pas une surprise. Le fonds souverain du royaume s'est engagé à utiliser ses ressources pour transformer la scène mondiale du divertissement, et cela inclut des investissements dans des entreprises emblématiques comme Nintendo.

Le PIF n'a pas agi seul dans cette stratégie. En 2022, Savvy Games, une entité créée pour piloter les investissements saoudiens dans les jeux vidéo, a pris la main sur ces actions. Faisal bin Bandar bin Sultan Al-Saud, vice-président de Savvy Games, a confirmé qu'il y a un potentiel de croissance dans les investissements actuels, tout en soulignant qu'il était essentiel de ne pas se précipiter. Ce qui fait écho à une volonté de prudence stratégique, une caractéristique qui pourrait être rassurante pour les acteurs traditionnels de l'industrie du jeu vidéo, dont certains sont encore hésitants face à l'entrée massive de capitaux étrangers dans ce secteur.

 

Une stratégie d'influence mondiale

La stratégie saoudienne ne se limite pas à de simples placements financiers. Il y a aussi une volonté d'influencer le développement des jeux vidéo, notamment en encourageant leur localisation pour les marchés arabes et mondiaux. Faisal bin Bandar bin Sultan Al-Saud a évoqué, lors de plusieurs interventions publiques, la nécessité d'une meilleure coopération entre les développeurs de jeux japonais et les acteurs du Moyen-Orient. Le marché du jeu vidéo, en plein essor dans la région MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord), est perçu comme un terrain fertile pour le développement de nouveaux contenus.

En investissant dans Nintendo, l'Arabie saoudite cherche non seulement à obtenir des retours financiers, mais aussi à créer des synergies entre ses propres projets de divertissement et l'industrie du jeu vidéo mondial. Le royaume développe actuellement de vastes projets de villes consacrées au divertissement, telles que Qiddiya, une ville en cours de construction qui accueillera des événements sportifs, des concerts et des parcs d'attractions, dont un entièrement dédié à Dragon Ball. Ces initiatives témoignent d'une volonté claire de positionner l'Arabie saoudite comme un hub du divertissement et des loisirs, avec des ramifications potentielles dans le secteur du jeu vidéo.

 

Les enjeux pour Nintendo et le marché japonais

Cependant, cette implication croissante de l'Arabie saoudite dans Nintendo soulève des questions, notamment au Japon. L'industrie japonaise du jeu vidéo a longtemps été très protectrice de ses champions nationaux. Des entreprises comme Nintendo ont toujours cultivé une forte identité japonaise, en évitant les prises de contrôle ou les influences extérieures. Le gouvernement japonais a d'ailleurs mis en place des mécanismes pour limiter les investissements étrangers dans des secteurs stratégiques, comme la technologie et le divertissement.

Mais dans le cas de Nintendo, l'approche semble plus nuancée. La direction de Nintendo n'a pas encore exprimé d'inquiétude publique à propos des investissements saoudiens. Toutefois, certains analystes estiment que l'entreprise pourrait envisager des solutions de protection, comme une fusion avec une autre société japonaise, si les pressions extérieures venaient à s'intensifier.

Cette situation complexe n'est pas sans rappeler les relations qu'entretiennent d'autres entreprises japonaises avec des investisseurs étrangers. Par exemple, SoftBank, un autre géant japonais, a déjà dû faire face à des influences étrangères sur sa gouvernance. Nintendo pourrait donc se retrouver dans une situation similaire si les investissements saoudiens se poursuivent à ce rythme.

 

Une transformation mondiale de l'industrie du jeu vidéo

L'implication de l'Arabie saoudite dans l'industrie du jeu vidéo, et en particulier dans Nintendo, fait partie d'une tendance plus large où des capitaux étrangers, souvent issus de pays non occidentaux, viennent influencer le développement d'entreprises historiques. La Chine, avec des entreprises comme Tencent, est également un acteur majeur dans ce domaine, avec des participations dans des sociétés telles qu'Epic Games et Ubisoft.

Cette mondialisation des investissements dans le secteur du jeu vidéo amène avec elle des avantages mais aussi des défis. Si l'injection de capitaux frais permet aux entreprises de se développer plus rapidement, elle soulève aussi des questions sur la direction que prendra l'industrie. Certains craignent que les investisseurs étrangers n'imposent leurs propres normes culturelles ou économiques aux entreprises dans lesquelles ils investissent. Dans le cas de l'Arabie saoudite, ces craintes sont parfois exacerbées par le fait que le royaume est perçu comme ayant des normes culturelles très différentes de celles des pays occidentaux et asiatiques.

 


En quelques mots

L'Arabie saoudite, via son Fonds public d'investissement, continue de renforcer sa présence dans le secteur du jeu vidéo, avec un intérêt particulier pour Nintendo. Cet investissement s'inscrit dans la stratégie de diversification économique du pays et pourrait avoir des implications majeures pour l'industrie mondiale du jeu vidéo. Si l'augmentation de la participation saoudienne dans Nintendo semble inévitable, il reste à voir comment cette relation évoluera et quelles seront les réactions des autres acteurs du marché, notamment au Japon.

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