RTX 5090D v2: NVIDIA face au flou sur la sortie en Chine

AuteurArticle écrit par Florian Reumont
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date de publication18/07/2025
Carte graphique NVIDIA GeForce RTX 5090, représentée en vue isométrique sur un fond abstrait noir et vert aux ondulations fluides et lumineuses évoquant les textures d’un circuit ou des vagues numériques. La carte est en lévitation, orientée légèrement vers la droite, mettant en valeur son design haut de gamme et futuriste. Le boîtier, de forme rectangulaire aux bords arrondis, arbore deux grands ventilateurs noirs de forme octogonale entourés d’un cadre métallique sombre avec des finitions brossées. Le logo « GEFORCE RTX » est imprimé en blanc sur la tranche visible de la carte, tandis que la mention « RTX 5090 » est gravée discrètement sur la face supérieure. Le design en croix centrale argentée qui sépare les deux ventilateurs confère une esthétique industrielle et hautement technologique. Cette carte graphique symbolise la puissance de calcul de nouvelle génération, destinée aux gamers exigeants et aux créateurs de contenu en quête de performances extrêmes en ray tracing, intelligence artificielle et rendu 3D temps réel.

Alors que le GPU H20 de NVIDIA a récemment été réautorisé à la vente en Chine après avoir été temporairement bloqué par les régulations américaines, une autre carte graphique de la firme californienne reste engluée dans un flou juridique et commercial: la GeForce RTX 5090D v2. Développée pour se conformer aux règles strictes d’exportation imposées par les États-Unis en matière de semi-conducteurs avancés, cette version modifiée de la 5090D suscite de nombreuses interrogations.

En théorie, la v2 devait permettre à NVIDIA de maintenir une présence stratégique sur le marché chinois sans enfreindre les nouvelles limitations. Pourtant, malgré l’apparente ouverture du marché avec le feu vert donné au H20, la 5090D v2 n’a toujours pas fait l’objet d’une annonce claire, d’un calendrier de lancement ni même d’une déclaration à la SEC. Le mystère s’épaissit alors que certains médias avancent une sortie pour août, tandis que d’autres la voient déjà enterrée.

Entre stratégie commerciale, régulation internationale et pression des partenaires, la situation de cette carte pourrait bien devenir l’un des épisodes les plus confus de la saga Blackwell. Tentons de décrypter cette zone d’ombre technologique.

 

Le dilemme réglementaire

Le cadre des restrictions américaines

Depuis 2022, le gouvernement américain a durci ses règles d’exportation de technologies de pointe vers la Chine, principalement dans les domaines de l’intelligence artificielle et des semi-conducteurs. L'objectif affiché: freiner le développement militaire et technologique de Pékin. Cette politique a directement impacté NVIDIA, dont plusieurs modèles de GPU — parmi les plus performants au monde — se sont retrouvés dans le viseur des autorités américaines.

Les cartes concernées sont celles qui offrent une puissance de calcul considérée comme stratégique, comme les modèles H100, A100 ou encore certaines variantes des GeForce haut de gamme. Afin de continuer à opérer sur ce marché essentiel, NVIDIA a donc commencé à adapter ses produits en réduisant leurs performances spécifiques, tout en conservant un attrait commercial.

"Ces restrictions ont contraint NVIDIA à jouer un jeu d’équilibriste, entre performance technologique et conformité politique."

Comment NVIDIA a déjà contourné avec la RTX 5090D

C’est dans ce contexte que la RTX 5090D, une version spéciale de la future RTX 5090, a vu le jour. Cette carte était initialement conçue pour éviter les limitations réglementaires américaines tout en restant attractive pour les utilisateurs chinois. En réduisant certains paramètres clés — notamment le débit de calcul (TOPS) et la bande passante — tout en maintenant une architecture performante, NVIDIA est parvenue à obtenir une autorisation de commercialisation en Chine.

La sortie de la 5090D a été perçue comme un compromis intelligent, capable de satisfaire à la fois les autorités américaines et les besoins du marché asiatique. Cependant, cette première version semble aujourd’hui être remise en question, notamment en raison de la version v2, dont les spécificités et la stratégie de lancement restent opaques.

 

Informations contradictoires sur le lancement

Des rumeurs évoquant un lancement en août

Depuis plusieurs semaines, des sources chinoises relayées par des médias spécialisés laissent entendre que la GeForce RTX 5090D v2 pourrait être lancée dès le mois d’août 2025. Certains analystes estiment que NVIDIA aurait déjà finalisé la conception de la carte et qu’elle serait prête à entrer en production. Des bruits de couloir dans les forums technologiques, ainsi que quelques indiscrétions d’acteurs de la chaîne logistique, alimentent cette hypothèse.

Le mois d’août n’a pas été choisi au hasard: il s’agit d’une fenêtre stratégique pour capter la demande croissante avant la rentrée et le pic des ventes de fin d’année. D’autant plus que la v1 de la RTX 5090D, bien qu’acceptée en Chine, aurait été accueillie tièdement, en raison de ses performances bridées jugées trop faibles par certains utilisateurs avancés.

"Un lancement en août serait une tentative de reprendre la main face à une concurrence asiatique de plus en plus agressive, notamment avec les GPU de Huawei et Biren."

Des sources évoquant une annulation possible

À l’inverse, d’autres informations démentent cette idée et parlent même d’un abandon pur et simple de la version v2. Selon ces sources, les autorités américaines n’auraient pas encore validé le nouveau design, ou pire, s’y opposeraient activement. Ce blocage éventuel mettrait NVIDIA dans une situation délicate: conserver une carte finalisée sans pouvoir la distribuer pourrait engendrer des pertes logistiques et ternir la réputation de la gamme Blackwell.

Le fait qu’aucune déclaration officielle n’ait été faite par NVIDIA, ni même de dépôt d'information auprès de la SEC, laisse planer le doute. Certains partenaires commerciaux de la marque (les AIC) n’auraient reçu aucun prototype ni calendrier de lancement, renforçant la possibilité que le projet soit gelé, voire abandonné.

En résumé, entre fuite orchestrée, stratégie de diversion ou véritable hésitation, les signaux restent flous. Et pendant ce temps, la RTX 5090D v1 continue de circuler, dans l’attente d’une potentielle remplaçante.

 

L’absence de communication officielle

Aucune annonce de NVIDIA

Le silence radio de NVIDIA autour de la RTX 5090D v2 alimente la confusion. À ce jour, aucune déclaration publique n’a été faite par la firme concernant une date de sortie, des caractéristiques techniques spécifiques ou même la viabilité commerciale de cette version. Ce mutisme est d’autant plus surprenant que NVIDIA a l’habitude de communiquer de façon anticipée sur ses futurs produits, ne serait-ce que pour préparer le marché ou rassurer les investisseurs.

Il est aussi révélateur que la société n’ait rien enregistré auprès de la SEC (Securities and Exchange Commission) des États-Unis. En général, toute variante significative de produit qui pourrait avoir un impact sur les revenus ou la stratégie d’exportation de NVIDIA est documentée. Cette absence de trace pourrait indiquer que la RTX 5090D v2 n’est pas encore officiellement validée au niveau interne ou, plus radicalement, qu’elle n’est plus à l’ordre du jour.

"Dans une industrie aussi rapide et médiatisée, le silence est rarement bon signe."

Le silence des partenaires AIC et SEC

Les AIC (Add-in Card Partners), qui produisent les versions customisées des cartes NVIDIA, n’ont eux non plus reçu d’instructions claires. Aucun prototype de la v2 ne semble circuler en interne, et les habituels leaks de design ou benchmarks sont pour l’instant inexistants. Ce manque de données pratiques laisse entendre que la RTX 5090D v2 n’a pas encore atteint le stade de distribution technique.

Même son de cloche du côté des distributeurs asiatiques, qui restent dans le flou le plus total. Certains affirment avoir été informés d’un produit en cours de révision, tandis que d’autres évoquent une suppression pure et simple du projet. Cette désynchronisation entre les acteurs habituels du circuit de lancement montre que la chaîne logistique n’est pas encore mobilisée, ce qui est peu compatible avec une sortie en août.

En somme, le mutisme de NVIDIA et de ses partenaires entretient l’incertitude, faisant de la 5090D v2 un objet presque fantomatique dans l’univers pourtant très bavard du hardware.

 

Les enjeux d’une double version

Impact d’une coexistence 5090D & 5090D v2

Si NVIDIA décidait finalement de lancer la RTX 5090D v2 tout en maintenant la version originale (5090D), cela créerait une situation commerciale délicate. La coexistence de deux versions du même GPU sur un même marché pose des problèmes de lisibilité pour le consommateur, mais aussi d’organisation pour les revendeurs et les fabricants de PC.

Les utilisateurs pourraient être déroutés par des écarts de performances mal expliqués entre les deux modèles, d’autant que la différence pourrait être subtile — ou au contraire trop marquée — selon les choix d’optimisation de la v2. Cela poserait aussi la question des mises à jour de pilotes, de la gestion thermique, ou encore de la compatibilité avec certains jeux ou logiciels professionnels.

"Deux cartes aux noms quasi identiques, mais aux performances différentes ? Un vrai casse-tête marketing en perspective."

Conséquences pour les revendeurs et utilisateurs

Pour les revendeurs, ce scénario signifie une complexité logistique supplémentaire: devoir gérer les stocks, différencier les modèles sur les fiches produits, et former le personnel à expliquer les nuances techniques. La confusion pourrait aussi nuire à la confiance des clients, notamment si l’une des deux versions devient obsolète ou voit son prix chuter brutalement.

Côté utilisateurs, ceux qui ont déjà investi dans la RTX 5090D actuelle pourraient ressentir un sentiment de trahison ou de frustration si la v2 s’avère bien plus performante à un tarif équivalent. À l’inverse, si la v2 est perçue comme une version bridée ou moins intéressante, elle pourrait être boudée et entraîner des invendus, mettant les partenaires OEM dans une situation financière inconfortable.

Ce dilemme place NVIDIA dans une position stratégique: doit-elle remplacer discrètement la 5090D par une v2 améliorée, ou maintenir les deux en assumant le risque de confusion ?

 

Scénarios possibles et implications

Annulation de la 5090D v2 et retour de la 5090D

Le premier scénario envisageable est l’abandon pur et simple de la RTX 5090D v2. Dans ce cas, NVIDIA pourrait choisir de miser entièrement sur la 5090D déjà en circulation, quitte à apporter des mises à jour mineures via les pilotes ou à ajuster les stocks pour répondre à la demande chinoise. Cette stratégie permettrait d’éviter les complications logistiques et de préserver la cohérence de la gamme Blackwell en Chine.

Une telle décision aurait néanmoins un prix: reconnaître publiquement que la V2 n’était pas nécessaire ou viable, ce qui pourrait être interprété comme un échec d’anticipation ou de stratégie. Cela renforcerait aussi l’idée que NVIDIA agit sous forte contrainte réglementaire, ce qui affaiblirait son image d’acteur dominant et indépendant de l’industrie du GPU.

Lancement limité ou reporté

Autre possibilité: un lancement de la RTX 5090D v2 en édition limitée, avec des quantités restreintes ou une commercialisation ciblée auprès de certaines régions ou clients institutionnels. Cette approche permettrait de tester la viabilité du modèle sans s’engager à grande échelle, tout en maintenant une présence symbolique sur le marché chinois. Une autre variante de ce scénario serait un report à la fin de l’année, dans l’attente d’une nouvelle évaluation des sanctions américaines ou d’un changement dans les relations diplomatiques.

Ce type de stratégie serait typique de NVIDIA, qui sait manier la temporalité comme un levier stratégique, en s’alignant parfois sur les décisions politiques plus que sur le calendrier technologique. Elle permettrait aussi de conserver une certaine marge de manœuvre, sans compromettre la ligne Blackwell.

Dans tous les cas, le flou entretenu par NVIDIA semble faire partie intégrante de sa stratégie, que ce soit pour protéger ses plans internes ou brouiller les pistes face à la concurrence chinoise émergente.

 


En quelques mots

La saga de la GeForce RTX 5090D v2 illustre parfaitement les tensions entre technologie de pointe, régulations géopolitiques et stratégie commerciale. Entre un marché chinois en pleine mutation, des contraintes américaines toujours plus strictes, et une communication inexistante de la part de NVIDIA, la carte graphique semble prisonnière d’un jeu d’échecs international dont les règles changent en temps réel.

Si certains espèrent encore un lancement en août, d’autres voient déjà dans le silence persistant les signes d’un abandon déguisé. Ce qui est certain, c’est que ce flou volontaire ou subi pourrait bien marquer un tournant dans la manière dont les géants du hardware s’adaptent aux enjeux géopolitiques.

En attendant une clarification officielle, la RTX 5090D v2 reste une énigme technologique, peut-être destinée à ne jamais voir le jour, ou à surgir à un moment stratégique, lorsque les cartes — graphiques comme diplomatiques — auront été rebattues.

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