
Quand on pense aux jeux de survie, on imagine souvent un monde hostile, une tension constante et des mécaniques impitoyables. Forever Skies, développé par Far From Home, prend ces codes et les adoucit pour livrer une expérience post-apocalyptique aussi envoûtante que relaxante. Loin des terres ravagées par les mutants ou des zombies omniprésents, ici, le danger est plus subtil, plus silencieux… et parfois même belle invitation à la contemplation.
Dès les premiers instants, le joueur est plongé dans un univers aérien abandonné, dérivant au-dessus des ruines d’une Terre méconnaissable. Le sol est un lointain souvenir. Ce qui reste de l’humanité flotte à bord de vaisseaux solitaires, collectant des ressources et bâtissant son avenir au-dessus des nuages toxiques. Le décor est planté: c’est un monde où la solitude plane autant que le vaisseau que vous pilotez.
Mais Forever Skies n’est pas qu’un simple jeu de survie. C’est une expérience sensorielle, un voyage introspectif où la gestion des ressources, la construction de votre base volante et l’exploration deviennent autant de prétextes à s’immerger dans une ambiance lourde, touchante… et étonnamment paisible. Bien sûr, tout n’est pas parfait: quelques bugs techniques et un début un peu poussif viennent ternir ce ciel autrement magnifique, mais rien qui ne puisse décourager les explorateurs du dimanche comme les survivants chevronnés.
Alors, que vaut vraiment Forever Skies sur PC ? Que vous soyez amateur d’exploration ou fan de coopération, ce test vous emmène au cœur des nuages pour décortiquer les forces et les faiblesses d’un titre qui, malgré quelques turbulences, réussit à captiver par son atmosphère et sa mécanique bien huilée.
Une atmosphère post-apocalyptique envoûtante
Un monde solitaire, lourd de silence
Dès les premières minutes, Forever Skies impose son ambiance. La Terre n’est plus qu’un vestige, ensevelie sous une mer de poussière toxique. Vous, dernier survivant d’une mission scientifique, vous élevez au-dessus de cette brume à bord d’un aéronef fragile, à la recherche de réponses… ou simplement de survie. Ce monde n’est pas bruyant. Il n’est pas peuplé de monstres hurlants ou de tirs frénétiques. Il est silencieux, pesant, profondément seul. Et c’est là que réside sa force.
Chaque nuage traversé, chaque structure en ruine évoque une humanité disparue. Le vent souffle, les machines rouillées grincent, mais vous êtes seul. Cet isolement n’est pas oppressant, il est méditatif. Le vide devient un compagnon de route, et on se surprend à contempler l’horizon sans autre objectif que de s’imprégner de ce décor suspendu.
L’esthétique du vide: immersion visuelle et sonore
Visuellement, Forever Skies ne cherche pas à impressionner par la démesure ou l’hyperréalisme. Il mise sur l’évocation: des ruines aériennes, des objets flottants dans le ciel, des couleurs brumeuses… L’univers respire l’abandon. La direction artistique privilégie la cohérence à la surenchère, créant une sensation de calme constant, même lorsque la survie est en jeu.
L’accompagnement sonore est tout aussi subtil. Pas de bande-son omniprésente, mais des nappes ambiantes, des effets bien placés, et surtout une utilisation intelligente du silence. L’ensemble est parfaitement en phase avec l’expérience proposée: une aventure où chaque bruit, chaque souffle de vent compte.

La narration environnementale comme moteur d’ambiance
L’histoire de Forever Skies ne vous est pas livrée sur un plateau. Et c’est tant mieux. C’est en explorant, en scannant les débris d’un ancien monde, en lisant des notes oubliées, que vous comprendrez ce qui s’est passé. Le jeu utilise une forme de narration environnementale, subtile et immersive, qui pousse à la curiosité.
Et il faut rappeler ici que le jeu est actuellement en accès anticipé (Early Access). Cela signifie que le contenu narratif n’est pas encore complet, certaines zones peuvent manquer de profondeur ou d’événements scriptés, et que l’univers dans son ensemble est encore en construction. Mais malgré cela, l’atmosphère fonctionne déjà très bien et donne envie de voir jusqu’où cette histoire pourra aller une fois le jeu finalisé.
Un gameplay intuitif, mais un départ poussif
Un tutoriel très dirigiste, pour le meilleur et pour le pire
Dès que l’on prend les commandes de son personnage, Forever Skies sait être accueillant. Le jeu prend littéralement le joueur par la main, lui expliquant chaque étape: comment récolter, où aller, quoi construire. Cette approche est idéale pour les novices, mais elle pourra frustrer les amateurs de survie plus expérimentés, qui préfèrent découvrir par eux-mêmes.
Ce tutoriel très encadré, couplé à la lenteur initiale du gameplay, donne parfois l’impression de suivre un manuel plus qu’une aventure. Pourtant, cette phase d’apprentissage est essentielle, car elle pose les bases d’un système de jeu riche et bien pensé. Une fois les premiers modules construits, l’expérience se libère et devient nettement plus gratifiante.
Des mécaniques de survie bien pensées mais lentes au début
La boucle de gameplay repose sur trois piliers: explorer, collecter, construire. On explore les structures flottantes, on aspire les ressources depuis son aéronef à l’aide d’un extracteur, puis on utilise ces matériaux pour fabriquer des outils, purifier l’eau, ou cuisiner de la nourriture. C’est une mécanique simple, mais terriblement efficace.
Cependant, les premiers instants peuvent être un peu lents, notamment à cause des temps de fabrication. Crafter une pièce peut prendre 30 secondes à une minute, et pendant ce laps de temps, il n’y a rien d’autre à faire. C’est un aspect qui gagnerait à être équilibré, surtout au début de l’aventure où chaque action semble bloquée par une minuterie.
L’évolution du vaisseau: de l’étroitesse à la grandeur
Votre vaisseau est au cœur de votre progression. D’abord minuscule, presque inconfortable, il s’agrandit au fil des ressources collectées et des modules ajoutés. On y installe un purificateur d’eau, une imprimante 3D, une station de recherche, voire des quartiers de repos ou des zones d’agriculture. C’est votre base, votre refuge, votre maison volante.
Cette évolution est particulièrement gratifiante. On passe d’une nacelle spartiate à une véritable forteresse volante, personnalisable selon vos envies. Seul bémol: l’espace initial est si réduit qu’il est parfois difficile de construire certains modules sans gêner la circulation ou bloquer des accès.

Et les créatures dans tout ça ?
Oui, il y a bien des créatures dans Forever Skies. Certaines sont hostiles, d’autres simplement étranges, toutes renforcent l’atmosphère mystérieuse du jeu. Mais elles ne sont clairement pas le cœur de l’expérience. On les croise rarement, et elles servent davantage à souligner la désolation ambiante qu’à créer une tension permanente. Contrairement à d’autres jeux de survie où le danger est omniprésent, ici, il se manifeste par petites touches, souvent surprenantes… et toujours efficaces.

L’expérience multijoueur: coop dans les nuages
Jouer avec un ami: fun partagé malgré les bugs
L’une des bonnes surprises de Forever Skies est la possibilité d’y jouer en coopération. Bien que le jeu puisse parfaitement se vivre en solo — et dans un certain sens, l’ambiance s’y prête merveilleusement —, l’option coopérative vient enrichir l’expérience. Naviguer à deux ou à quatre dans les cieux, partager les tâches, explorer les ruines ensemble, ou encore construire un vaisseau plus vaste à quatre mains donne une nouvelle dimension au gameplay.
Et le jeu y répond bien. Les rôles peuvent s’organiser naturellement: pendant que l’un récupère les matériaux, l’autre lance la fabrication d’un module, ou explore les débris suspendus dans les airs. C’est fluide, c’est fun, et surtout, c’est engageant.
Limitations techniques: synchronisation et objets défaillants
Mais tout n’est pas parfait dans le ciel de la coopération. Comme souvent en Early Access, le multijoueur souffre de quelques couacs techniques. Il arrive, par exemple, que deux joueurs ne puissent pas dormir en même temps, que certains objets comme la tourelle d’extraction soient inutilisables par l’un des deux, ou pire: que l’un des joueurs se retrouve complètement bloqué sans pouvoir bouger.
Ces bugs, bien qu’agaçants, ne sont pas fréquents au point de gâcher l’expérience. Toutefois, ils rappellent que le jeu est encore en développement, et que son multijoueur reste en phase d’ajustement.
Potentiel coopératif: quand le ciel devient un terrain de jeu
Malgré ces limites, le potentiel est là. Le jeu devient immédiatement plus vivant à deux. Les allers-retours sur le vaisseau prennent une autre ampleur, les décisions stratégiques se discutent, et les découvertes se partagent. On sent que la coopération est pensée pour enrichir l’immersion, pas seulement pour "faire le jeu à deux".
À terme, si les développeurs réussissent à gommer les problèmes techniques, le multijoueur pourrait devenir un atout majeur du jeu. Pour l’instant, c’est une option agréable, mais encore perfectible, qui fonctionne particulièrement bien si vous cherchez une expérience détendue à partager avec un ami, sans pression ni compétition.
Des défauts techniques qui entachent le décollage
Une cinématique d’intro ratée: lag, désynchronisation, confusion
On ne va pas se mentir: le premier contact avec Forever Skies est… déstabilisant. Et pas dans le bon sens. La cinématique d’introduction, censée poser le cadre et plonger le joueur dans l’univers du jeu, souffre de nombreux soucis techniques. Elle est lente, elle freeze régulièrement, et surtout, les sous-titres sont complètement désynchronisés avec l’audio.
Résultat: on entre dans le jeu avec une impression de confusion et un doute sur la qualité globale de ce qui va suivre. Pour les joueurs qui comptent sur les sous-titres (accessibilité, jeu en silence, etc.), c’est une expérience frustrante et peu engageante. Heureusement, cette mauvaise impression ne dure pas, car une fois cette scène terminée, le jeu retrouve toute sa fluidité et son charme.
Petits bugs persistants: gameplay parfois frustrant
Outre les problèmes de la cinématique, le jeu n’est pas exempt de bugs de gameplay plus ou moins gênants. Certains objets deviennent inutilisables sans raison, des éléments du décor vous coincent dans des positions impossibles, et des fonctionnalités pourtant essentielles comme le repos peuvent ne pas fonctionner correctement, notamment en coopération.
Ces petits couacs sont le prix à payer pour un jeu en Early Access, mais ils méritent d’être signalés. Car si le reste de l’expérience est fluide et agréable, ces accrocs peuvent briser momentanément l’immersion et générer un sentiment d’instabilité technique.
Des chutes de FPS fréquentes et une coop qui se détériore avec le temps
L’un des problèmes techniques les plus frustrants reste sans doute les baisses soudaines de framerate, qui surviennent souvent sans explication. Que vous soyez en pleine exploration ou simplement en train de construire sur votre vaisseau, des drops de FPS peuvent survenir à tout moment, affectant la fluidité du jeu et la réactivité des actions.
Le phénomène devient encore plus marqué lors des longues sessions multijoueur. Plus vous restez connecté, plus le jeu semble accumuler des ralentissements, au point de rendre l’expérience difficilement jouable. Il nous est même arrivé de devoir redémarrer plusieurs fois notre session pour retrouver un minimum de stabilité. Ce problème, bien que courant en accès anticipé, mérite une attention particulière de la part des développeurs, car il nuit considérablement à la qualité de l’expérience en coopération.
Une pépite relaxante au cœur d’un monde brisé
Un sentiment paradoxal de calme dans le chaos
C’est peut-être là le paradoxe le plus séduisant de Forever Skies: dans un univers post-apocalyptique où tout respire la désolation, le joueur ressent une sérénité inattendue. Oui, la Terre est morte. Oui, la survie est rude. Mais tout est fait pour que cette aventure ne soit pas une course effrénée contre le temps, mais un voyage contemplatif et immersif.
Il y a quelque chose de profondément apaisant à dériver seul dans le ciel, à observer l’horizon depuis le pont de son aéronef, à sculpter petit à petit son espace de vie volant. Même lorsque les ressources se font rares, même lorsque la santé commence à chuter, la boucle de gameplay conserve une certaine douceur, une lenteur maîtrisée qui invite à la réflexion plus qu’à la panique.
Exploration, collecte et craft: une boucle apaisante
Tout dans Forever Skies repose sur cette boucle: explorer pour trouver des ressources, collecter pour alimenter ses outils, crafter pour survivre et améliorer. C’est une routine qui devient presque méditative. On navigue d’épaves en ruines flottantes, on aspire des métaux ou des matières organiques avec une efficacité redoutable, on scanne, on construit, on améliore.
Le plaisir de transformer un vaisseau minimaliste en véritable laboratoire volant, bardé de machines et de modules personnalisés, est immense. Et ce plaisir n’est jamais gâché par une surenchère de danger: les ennemis, bien que présents, sont rares, et leur apparition vient surtout rompre une routine pour mieux souligner l’ambiance pesante du monde.
Pour les fans de No Man’s Sky… mais en plus accessible
Si certains jeux de survie spatiale comme No Man’s Sky misent sur la grandeur infinie, Forever Skies préfère la densité. Pas besoin de parcourir des galaxies entières: ici, tout est plus compact, plus lisible, plus humain. Cela rend le jeu parfait pour les joueurs occasionnels ou ceux qui veulent une expérience immersive sans s’y perdre pendant des dizaines d’heures.
Et bien que le jeu soit encore en développement, il montre déjà un véritable amour pour le détail et la cohérence, des éléments qui font toute la différence. C’est une œuvre qui n’essaie pas d’impressionner par sa taille, mais par l’émotion qu’elle provoque et l’espace de liberté qu’elle offre.
Points positifs et points négatifs
✅ Points positifs
- Ambiance unique et immersive: solitude, mélancolie et contemplation se marient parfaitement.
- Gameplay intuitif et accessible: idéal pour les novices comme pour les habitués des jeux de survie.
- Système de craft et d’évolution du vaisseau très satisfaisant.
- Option multijoueur fun et complémentaire.
- Esthétique post-apocalyptique sobre mais efficace.
- Rythme relaxant, parfait pour jouer après une longue journée.
❌ Points négatifs
- Coupure d’immersion dès la cinématique d’introduction (lags, sous-titres désynchronisés).
- Temps de fabrication un peu longs au début sans activité parallèle possible.
- Nombreux bugs en coopération (objets inutilisables, impossibilité de dormir en même temps, joueur bloqué).
- Chutes de FPS fréquentes, surtout en session coopérative prolongée.
- Début du jeu très dirigiste, parfois trop "prise par la main".
En quelques mots
Un bijou atmosphérique à ne pas manquer, malgré quelques turbulences
Forever Skies est un jeu qui ne cherche pas à séduire par la démesure, mais par la profondeur de son ambiance et la subtilité de son gameplay. Il réussit là où beaucoup échouent: créer un sentiment de solitude sans jamais sombrer dans l’ennui, offrir une expérience de survie accessible sans la vider de sa substance, et surtout, proposer un voyage introspectif et relaxant dans un monde en ruines.
Oui, il souffre encore de quelques bugs, de cinématiques maladroites, et de soucis de performance en coopération. Mais n’oublions pas que le titre est toujours en Early Access, en constante évolution. Et malgré ces accrocs, le cœur du jeu bat fort. Il respire la passion de ses développeurs et la promesse d’un titre qui, une fois abouti, pourrait bien devenir une référence du genre.
Pour tous ceux qui aiment explorer à leur rythme, construire leur refuge dans les nuages et s’immerger dans des univers riches et mélancoliques, Forever Skies est une expérience à ne pas manquer. Il ne crie pas, il ne frappe pas fort, mais il murmure quelque chose de beau, de sincère… et ça, c’est rare.