AuteurArticle écrit par Florian Reumont
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date de publication12/11/2024
Illustration promotionnelle pour le jeu vidéo The Crew d'Ubisoft, montrant une Lamborghini orange au centre, entourée d'autres voitures de sport avec des phares brillants, sur une route sombre et brumeuse. Le logo du jeu The Crew est placé en haut, dans un style blanc texturé, contrastant avec le fond sombre. En arrière-plan, une carte géographique avec des noms de villes américaines est visible, rappelant le thème de la course à travers les États-Unis.

Le 31 mars dernier, Ubisoft a pris une décision inattendue pour sa communauté de joueurs: la fermeture des serveurs de The Crew, premier opus de sa célèbre franchise de course en monde ouvert. Pour les joueurs, ce choix a non seulement rendu le jeu injouable, mais a également provoqué le retrait pur et simple de The Crew de leurs bibliothèques de jeux. La colère des utilisateurs n’a pas tardé à se manifester, menant aujourd'hui à une action en justice collective contre Ubisoft Entertainment SA et Ubisoft Inc., initiée par deux plaignants principaux, Matthew Cassel et Alan Liu. Cette affaire suscite de nombreuses interrogations sur les pratiques de l'éditeur et relance le débat sur la propriété des jeux en ligne.

 

La fermeture des serveurs: un choix radical pour The Crew

Dès sa sortie en 2014, The Crew s'est démarqué par son concept audacieux: offrir aux joueurs une carte des États-Unis en monde ouvert, accessible en ligne en continu, avec des courses et des défis multijoueurs. Ce modèle innovant reposait entièrement sur l’accessibilité des serveurs Ubisoft, indispensables pour faire fonctionner les éléments-clés du gameplay. Cependant, en décidant de désactiver ces serveurs le 31 mars dernier, Ubisoft a drastiquement restreint l’accès au jeu, qui est devenu totalement injouable. Un coup dur pour les fans, mais surtout une source de frustration qui a alimenté l’action collective.

Le premier opus de The Crew n’a même pas bénéficié d’une option de jeu hors ligne permettant de continuer à profiter de certains aspects du jeu. À titre de comparaison, Assassin’s Creed II, également publié par Ubisoft, reste jouable même sans connexion, car une partie de ses données est stockée directement sur les disques des joueurs. Cette absence de mode hors ligne dans The Crew est au cœur des accusations portées par Cassel et Liu.

 

Les accusations: tromperie sur la marchandise ?

Le document officiel de l'action en justice détaille les réclamations des plaignants, qui estiment qu’Ubisoft a manqué de transparence envers ses consommateurs. En omettant de préciser que les acheteurs de The Crew ne possédaient pas le jeu à proprement parler, mais une licence limitée dans le temps, Ubisoft aurait trompé ses utilisateurs. En d'autres termes, selon les plaignants, les utilisateurs ont été induits en erreur quant à la nature de leur achat.

"L’absence de mention claire indiquant que les serveurs pourraient être désactivés à tout moment constitue une omission grave qui a directement affecté l’expérience et l’investissement des utilisateurs," argumentent les plaignants dans leur document de plainte.

Selon eux, Ubisoft aurait dû spécifier que la pérennité de l'accès au jeu dépendait de l'existence des serveurs. Cette omission est d'autant plus problématique pour eux que The Crew n’a jamais proposé de mode de jeu hors ligne, qui aurait permis aux joueurs de continuer à explorer les fonctionnalités de base du titre.

 

L’absence d’une option hors ligne: une décision controversée

L'une des principales revendications des plaignants est le manque de mode hors ligne dans The Crew. Contrairement à des titres similaires, Ubisoft n'a pas offert d’alternative pour permettre aux joueurs de profiter de leur achat une fois les serveurs désactivés. Le mode solo de The Crew étant dépendant des serveurs Ubisoft, le jeu n'est tout simplement plus accessible aujourd'hui.

De plus, les plaignants avancent que les infrastructures techniques du jeu auraient pu permettre une adaptation pour garantir l’accessibilité minimale du titre. En effet, même si certaines fonctionnalités spécifiques, comme les défis multijoueurs, nécessitent une connexion, des modes de jeu comme les explorations ou les courses en solo auraient pu rester disponibles en hors ligne. Cette décision suscite une incompréhension d’autant plus grande chez les fans, qui rappellent qu’une simple mise à jour aurait pu offrir une solution durable pour les utilisateurs désireux de jouer malgré la fermeture des serveurs.

 

Les enjeux financiers et juridiques de l’action collective

L’action en justice, qui vise Ubisoft Entertainment SA et Ubisoft Inc., s'accompagne de revendications financières importantes. Les plaignants demandent une compensation qui s'élève à plus de 5 millions de dollars, un montant qui reflète les attentes de l'ensemble des membres du groupe. Ces réclamations incluent des compensations pour le préjudice moral et financier causé aux joueurs, ainsi que des intérêts et des frais annexes.

Pour les plaignants, le fait qu’Ubisoft n’ait pas informé les joueurs de la nature éphémère de l’accès à The Crew représente une violation des droits des consommateurs. En effet, ils soulignent que la campagne marketing et les packaging du jeu ne mentionnaient aucunement que les serveurs pouvaient être fermés à tout moment. Cette absence d’information est, selon eux, une lacune majeure, car elle a influencé leur décision d’achat.

 

Quelle issue pour Ubisoft et pour l’industrie du jeu vidéo ?

Cette action collective pose une question de fond pour l'industrie du jeu vidéo: qu'est-ce qu'un joueur possède réellement lorsqu'il achète un jeu en ligne ? Dans un contexte où de nombreux titres modernes nécessitent des connexions permanentes aux serveurs, cette affaire pourrait bien créer un précédent juridique qui clarifierait les responsabilités des éditeurs en matière de maintien de l’accès aux jeux achetés.

De plus en plus de voix s'élèvent pour demander une législation qui obligerait les éditeurs à fournir des modes hors ligne ou, au minimum, une politique de transparence totale sur les conditions d’accès aux jeux. Si la justice venait à donner raison aux plaignants, cela pourrait obliger Ubisoft, mais aussi d'autres éditeurs, à revoir leurs pratiques et à mettre en place des mesures pour garantir l’accès aux jeux même après la fin de leur support en ligne.

 

Un cas qui soulève des interrogations éthiques et pratiques

Au-delà des aspects purement juridiques, l’affaire Cassel et Liu contre Ubisoft amène à réfléchir aux implications éthiques de la gestion des serveurs de jeux vidéo. Les éditeurs peuvent-ils légitimement priver leurs clients d’un jeu acheté en fermant simplement ses serveurs ? Et surtout, quel est le message envoyé aux consommateurs qui investissent dans un titre pour en perdre l’accès quelques années plus tard ?

Pour de nombreux joueurs, l'acquisition d'un jeu est perçue comme un investissement à long terme, et non comme un produit périssable. En omettant de mentionner que l’accès au jeu pouvait être temporaire, Ubisoft aurait selon les plaignants, failli à une obligation éthique envers ses clients. L’impact de cette affaire pourrait influencer les attentes des consommateurs, poussant les éditeurs à repenser leurs modèles économiques.

 


En quelques mots

L’action en justice contre Ubisoft pourrait marquer un tournant pour l'industrie des jeux vidéo, où la question de la propriété des jeux devient de plus en plus complexe. L'issue de cette affaire pourrait redéfinir les responsabilités des éditeurs vis-à-vis de leurs joueurs, notamment en ce qui concerne l’accès permanent aux jeux achetés. Cette situation souligne l'importance d'une transparence accrue pour préserver la confiance des consommateurs et répondre à leurs attentes en matière de durabilité et d'accessibilité des jeux qu'ils achètent. À une époque où le jeu vidéo en ligne est plus populaire que jamais, la question de la pérennité des services offerts par les éditeurs risque bien de devenir un sujet de débat incontournable.

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