Hideo Kojima a failli créer un jeu Matrix: Konami aurait dit non

AuteurArticle écrit par Florian Reumont
|
date de publication28/10/2025

Et si l’un des jeux vidéo les plus marquants de tous les temps avait été... The Matrix, par Hideo Kojima ? Ce n’est pas de la science-fiction, mais bien une réalité alternative que nous avons failli connaître. À la fin des années 1990, alors que le film The Matrix révolutionnait le cinéma de science-fiction, les sœurs Wachowski ont cherché à en faire une adaptation vidéoludique ambitieuse. Leur choix s’est naturellement porté sur Hideo Kojima, le créateur de Metal Gear Solid, dont le style narratif cinématographique faisait déjà sensation.

Mais à cette époque, Kojima n'était pas seul maître de ses décisions. Il travaillait encore pour Konami, un éditeur alors tout-puissant. Et selon de récentes révélations, c’est à ce niveau que le projet a été brutalement avorté. Konami aurait refusé la proposition des Wachowski, préférant que leur talentueux créateur se concentre sur ce qu’il savait déjà faire : prolonger l’univers de Metal Gear.

Entre regrets, occasions manquées et spéculations fascinantes, revenons sur cette histoire presque oubliée. Que se serait-il passé si The Matrix avait eu son adaptation dirigée par le maître Kojima lui-même ? Voici un voyage dans un futur qui n’a jamais eu lieu.

 

Quand les sœurs Lana Wachowski et Lilly Wachowski ont approché Kojima

Contexte : sortie de The Matrix et intérêt pour le jeu vidéo

L’année 1999 marque un tournant dans l’histoire du cinéma de science-fiction avec la sortie de The Matrix. Le film, réalisé par les sœurs Lana et Lilly Wachowski, mêle philosophie, action, et esthétique cyberpunk dans un univers dystopique qui fascine immédiatement le public et la critique. Son succès planétaire fait naturellement naître une ambition : transposer cette œuvre visuellement marquante dans le monde du jeu vidéo.

Ce n’est pas un hasard si les Wachowski se tournent vers Hideo Kojima. À cette période, le développeur japonais est au sommet de sa créativité après le succès de Metal Gear Solid sur PlayStation. Reconnu pour sa narration complexe, son amour du cinéma et sa capacité à manipuler les codes du média vidéoludique, Kojima semble le candidat parfait pour adapter un univers aussi ambitieux que The Matrix.

La rencontre et l’offre formelle

Les choses se concrétisent rapidement : à l’occasion de l’avant-première japonaise de The Matrix, une rencontre est organisée entre Kojima et les Wachowski. Ces dernières viennent accompagnées de leur graphiste, visiblement très motivées à discuter de leur projet. Elles auraient même lancé à Kojima une proposition directe :

« On veut vraiment que tu fasses le jeu Matrix. Tu peux le faire ? »

L’anecdote nous est racontée aujourd’hui par un ancien vice-président des licences chez Konami, présent ce jour-là. L’offre est donc posée clairement sur la table. Mais c’est à ce moment qu’un obstacle inattendu survient : Kazumi Kitaue, alors haut responsable de Konami, est aussi présent lors de la réunion. Après avoir écouté la traduction japonaise de la proposition par Aki Saito (un collaborateur de Kojima qui travaille toujours avec lui aujourd’hui), Kitaue oppose un refus catégorique :

« Non. »

Ce refus, aussi direct qu’énigmatique, met fin aux espoirs des Wachowski. Malgré une soirée mondaine à l'avant-première du film et une afterparty sympathique, le rêve s’arrête là. Ce moment, qui aurait pu changer l’histoire du jeu vidéo, est désormais considéré comme une occasion manquée de légende.

 

Pourquoi Kojima était le candidat idéal

Son style cinématique et son travail sur Metal Gear Solid 2: Sons of Liberty

Hideo Kojima n’est pas un développeur ordinaire. Dès ses premiers jeux, il a montré une passion presque obsessionnelle pour le cinéma, intégrant des mécaniques narratives complexes, des mises en scène audacieuses, et des dialogues ciselés dans ses œuvres vidéoludiques. Avec Metal Gear Solid, il a redéfini le genre de l’infiltration, mais surtout, il a prouvé que le jeu vidéo pouvait être un vecteur narratif aussi riche que le cinéma.

Au moment où les Wachowski le contactent, Kojima travaille déjà sur Metal Gear Solid 2: Sons of Liberty, un jeu qui sera salué non seulement pour ses mécaniques innovantes, mais aussi pour sa critique des médias, du contrôle de l’information, et même de la simulation de la réalité. Des thèmes qui résonnent profondément avec ceux de The Matrix.

Kojima, influencé par des réalisateurs comme Stanley Kubrick, John Carpenter et bien sûr les Wachowski elles-mêmes, partage avec The Matrix un amour commun pour les frontières floues entre réel et virtuel. Il semblait donc être le choix le plus naturel et le plus pertinent pour porter ce monde sur console.

Les liens thématiques entre The Matrix et l’univers de Kojima

L'univers de Kojima, en particulier dans la saga Metal Gear, repose sur des questionnements philosophiques similaires à ceux de The Matrix : qu’est-ce que la vérité ? Le libre arbitre est-il une illusion ? Sommes-nous manipulés par des entités supérieures (gouvernements, IA, ou patriotes) ? Kojima pousse même le joueur à remettre en question sa propre place dans l’histoire qu’il vit à travers le jeu.

Dans Metal Gear Solid 2, sorti en 2001, les parallèles sont frappants : intelligence artificielle omnisciente, réalité contrôlée, protagoniste manipulé par des forces invisibles… Même l’esthétique du jeu flirte parfois avec le visuel cyberpunk de The Matrix. On pourrait presque croire que Kojima a exprimé son désir avorté d’adapter The Matrix à travers MGS2.

L’ancien employé de Konami, interviewé récemment, confirme d’ailleurs que ce projet laissé en suspens fut une « immense déception » pour Kojima, qui aurait gardé un fort intérêt pour l’univers de Matrix longtemps après ce refus.

 

Le refus de Konami et les raisons cachées

Le rôle de Kazumi Kitaue (ancien dirigeant des licences chez Konami)

Si la proposition des Wachowski semble avoir enchanté Kojima, elle n’a pas convaincu tout le monde dans la pièce. Le blocage principal provient de Kazumi Kitaue, alors dirigeant influent chez Konami. Selon les témoignages récents, c’est lui qui aurait immédiatement mis fin à l’idée, sans même envisager de discussion ou d’analyse stratégique.

« Kitaue les a regardés et leur a répondu clairement : ‘Non’. »

Cette réaction glaciale peut surprendre, surtout au vu de l’ampleur du projet proposé. Mais elle s’explique par la priorité que donnait Konami à la franchise Metal Gear, alors en plein développement de son deuxième opus. Kojima était, aux yeux de l’éditeur, un atout majeur qu’il ne fallait pas distraire, même pour un projet aussi prestigieux que The Matrix.

Les priorités internes de Konami à cette époque et ce que cela révèle

À la fin des années 1990 et au début des années 2000, Konami domine plusieurs segments du jeu vidéo japonais : survival horror (Silent Hill), action-aventure (Castlevania), mais surtout l’infiltration et la narration grâce à Metal Gear Solid, devenue une vitrine technologique pour la PlayStation. Kojima représente alors le joyau de la couronne.

L’idée qu’il puisse se lancer dans un projet basé sur une licence externe, même aussi importante que The Matrix, était perçue comme une menace pour la stabilité de leurs productions internes. Konami préfère garder le contrôle sur ses marques et ses talents, quitte à passer à côté d’une collaboration unique.

Ce refus illustre un problème plus large dans l’industrie japonaise de l’époque : une réticence à l’internationalisation et à la prise de risques en dehors de l’écosystème propriétaire. Là où des studios occidentaux auraient sauté sur l’opportunité, Konami a préféré le statu quo. Un choix qui, rétrospectivement, peut sembler myope, surtout quand on considère le succès critique de Kojima après son départ de Konami avec Death Stranding.

 

Le refus de Konami et les raisons cachées

Le rôle de Kazumi Kitaue (ancien dirigeant des licences chez Konami)

Si la proposition des Wachowski semble avoir enchanté Kojima, elle n’a pas convaincu tout le monde dans la pièce. Le blocage principal provient de Kazumi Kitaue, alors dirigeant influent chez Konami. Selon les témoignages récents, c’est lui qui aurait immédiatement mis fin à l’idée, sans même envisager de discussion ou d’analyse stratégique.

« Kitaue les a regardés et leur a répondu clairement : ‘Non’. »

Cette réaction glaciale peut surprendre, surtout au vu de l’ampleur du projet proposé. Mais elle s’explique par la priorité que donnait Konami à la franchise Metal Gear, alors en plein développement de son deuxième opus. Kojima était, aux yeux de l’éditeur, un atout majeur qu’il ne fallait pas distraire, même pour un projet aussi prestigieux que The Matrix.

Les priorités internes de Konami à cette époque et ce que cela révèle

À la fin des années 1990 et au début des années 2000, Konami domine plusieurs segments du jeu vidéo japonais : survival horror (Silent Hill), action-aventure (Castlevania), mais surtout l’infiltration et la narration grâce à Metal Gear Solid, devenue une vitrine technologique pour la PlayStation. Kojima représente alors le joyau de la couronne.

L’idée qu’il puisse se lancer dans un projet basé sur une licence externe, même aussi importante que The Matrix, était perçue comme une menace pour la stabilité de leurs productions internes. Konami préfère garder le contrôle sur ses marques et ses talents, quitte à passer à côté d’une collaboration unique.

Ce refus illustre un problème plus large dans l’industrie japonaise de l’époque : une réticence à l’internationalisation et à la prise de risques en dehors de l’écosystème propriétaire. Là où des studios occidentaux auraient sauté sur l’opportunité, Konami a préféré le statu quo. Un choix qui, rétrospectivement, peut sembler myope, surtout quand on considère le succès critique de Kojima après son départ de Konami avec Death Stranding.

 


En quelques mots

Il est des projets avortés qui laissent une empreinte presque aussi forte que s’ils étaient sortis. Le jeu The Matrix par Hideo Kojima fait partie de ces histoires parallèles de l’industrie vidéoludique : une idée brillante, étouffée trop tôt par des décisions corporatistes. La synergie entre la vision philosophique des Wachowski et la narration de Kojima aurait pu marquer l’histoire d’une œuvre transmedia.

Ce refus n’a pourtant pas empêché Kojima de laisser sa marque. Metal Gear Solid 2 est devenu culte, et ses thèmes résonnent toujours avec ceux de The Matrix. Reste l’amertume d’une œuvre qui aurait pu exister, un symbole des tensions entre créativité artistique et impératifs économiques.

Aujourd’hui, cette anecdote nous rappelle à quel point certaines décisions peuvent rediriger le cours de l’histoire du jeu vidéo. Et qui sait ? Avec la passion intacte de Kojima pour les récits complexes et technologiques, peut-être n’avons-nous pas encore vu la dernière boucle de cette matrice inachevée.

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