Build A Rocket Boy licencie après l’échec de MindsEye: un tiers des effectifs touchés

AuteurArticle écrit par Vivien Reumont
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date de publication24/06/2025
Image promotionnelle du jeu vidéo Mindseye, présentant une ambiance futuriste et dystopique. Au centre, deux personnages armés se tiennent dos à dos : à droite, un homme barbu portant une armure technologique noire et rouge, tenant une arme de poing ; à gauche, un autre personnage en tenue tactique militaire, tenant un fusil d’assaut. L’arrière-plan est divisé en deux parties contrastées : à gauche, un paysage désertique au coucher de soleil avec des éoliennes, des montagnes et un drone en vol, symbolisant un environnement rural et industriel ; à droite, une ville futuriste dominée par des gratte-ciels lumineux, des drones de surveillance et des soldats augmentés courant en formation, évoquant un monde ultra-technologique. Le logo du jeu « MINDSEYE » est affiché en lettres capitales blanches au centre-gauche, accompagné d’un symbole stylisé rappelant un œil ou un réseau neuronal. L’image suggère un jeu d’action narratif et technologique opposant deux mondes : nature et technologie, liberté et contrôle, soulignant des thèmes de conflit, de surveillance et de révolution dans un univers cybernétique.

L’industrie vidéoludique est souvent le théâtre de rebondissements spectaculaires, mais rarement une chute aura été aussi brutale que celle de MindsEye. Présenté comme un projet ambitieux porté par le studio Build A Rocket Boy, fondé par Leslie Benzies (ancien de Rockstar Games), le jeu devait marquer un tournant dans l’univers des mondes virtuels. Mais entre promesses non tenues, attentes surévaluées et une exécution technique jugée calamiteuse, MindsEye s’est rapidement effondré sous le poids de ses propres ambitions.

Les conséquences ne se sont pas fait attendre. Selon un rapport d’IGN, le studio traverse actuellement une crise majeure, amorcée par une vague de licenciements sans précédent. Le 23 juin dernier, la direction de Build A Rocket Boy a déclenché une procédure visant à réduire d’un tiers ses effectifs, soit plus de 100 employés sur les 300 actuels. Ce plan de restructuration illustre l’instabilité grandissante qui secoue les studios indépendants, même les plus prometteurs sur le papier.

Ces événements soulèvent de nombreuses interrogations quant à l’avenir de Build A Rocket Boy, et plus globalement sur la durabilité de certains modèles de développement dans une industrie aussi compétitive qu’implacable.

 

L’échec critique de MindsEye

 Des critiques implacables

Dès sa sortie, MindsEye a essuyé une tempête de critiques. La presse spécialisée n’a pas mâché ses mots: “inabouti”, “vide”, “déconnecté des attentes des joueurs” sont autant de qualificatifs utilisés pour décrire une expérience jugée décevante. Le jeu, pourtant attendu comme un concurrent sérieux dans le domaine des mondes ouverts immersifs, n’a pas su convaincre, ni sur le plan narratif, ni technique.

Les journalistes pointaient du doigt une direction artistique floue, des mécaniques de jeu peu inspirées et une IA quasi inexistante. Certains joueurs ont même comparé MindsEye à une démo technique prolongée, mais sans substance ludique.

“On sent l’ambition, mais le produit final donne l’impression d’une œuvre inachevée,” déclarait un rédacteur de GameSpot.

 Bugs, performances médiocres et remboursements

Mais au-delà de la réception critique, c’est surtout la qualité du jeu au lancement qui a creusé la tombe de MindsEye. Problèmes de textures, crashs incessants, chutes de framerate dramatiques, incompatibilités avec certaines cartes graphiques… la liste des soucis techniques était longue, trop longue. Le jeu n’était tout simplement pas prêt.

Les joueurs ont été nombreux à exprimer leur frustration sur les réseaux sociaux et plateformes communautaires. Une vague de demandes de remboursement a rapidement suivi, en particulier sur PC via Steam, où les évaluations sont vite tombées dans la catégorie “extrêmement négatives”.

Ce désastre technique a non seulement nui à l’image du studio, mais il a également creusé un trou financier qui explique en grande partie l’ampleur des licenciements à venir.

 

Réaction et communication du studio

 Le processus juridique lancé le 23 juin

Le 23 juin 2025 marque une date clé dans la courte histoire de Build A Rocket Boy. Ce jour-là, la direction du studio a officiellement lancé une procédure de consultation légale auprès de ses employés au Royaume-Uni. Cette étape est indispensable pour toute entreprise souhaitant procéder à des licenciements collectifs dans le respect du droit du travail britannique.

Ce processus implique des réunions d’information, des délais de préavis et la mise en place de mesures d’accompagnement pour les salariés concernés. Le chiffre avancé par les premières sources est brutal: plus de 100 employés sur un total d’environ 300 risquent de perdre leur emploi, soit environ un tiers des effectifs.

 Précisions du studio et consultation collective

Dans un bref communiqué relayé par IGN, Build A Rocket Boy a déclaré:

"Nous avons entamé une période de consultation collective afin de restructurer nos équipes pour répondre aux réalités économiques actuelles."

Cette déclaration, bien que formelle, trahit une tension interne palpable. Les employés ont été pris de court, certains apprenant la nouvelle via des rumeurs avant même une annonce officielle. D’après plusieurs témoignages anonymes, une ambiance morose règne au sein du studio, avec une perte de confiance généralisée envers la direction.

Le manque de transparence sur la suite du plan de développement, notamment autour du projet Everywhere encore en chantier, n’arrange rien. Pour de nombreux salariés, l’incertitude est désormais la norme.

 

L’ampleur des suppressions d’emplois

 Plus de 100 postes menacés au Royaume-Uni

La vague de licenciements annoncée ne se limite pas à un simple ajustement structurel: il s’agit d’un retrait massif de ressources humaines, touchant principalement les équipes basées au Royaume-Uni. Selon les informations disponibles, plus de 100 postes seront supprimés, soit environ 33 % des effectifs totaux du studio. Une réduction aussi radicale témoigne non seulement de la gravité de la situation financière, mais aussi de la perte de confiance des investisseurs et dirigeants dans la viabilité du projet MindsEye à court terme.

Ces suppressions concerneront potentiellement tous les départements: artistes, programmeurs, concepteurs de gameplay et même certaines fonctions de direction. Une situation d’autant plus tragique qu’une grande partie de ces talents avaient été recrutés pour leur expérience dans de grands studios comme Rockstar, Ubisoft ou Guerrilla.

 Conséquences pour les équipes hors UK

Même si la procédure officielle concerne pour l’instant le Royaume-Uni, les inquiétudes grandissent également dans les bureaux internationaux de Build A Rocket Boy. Le studio avait en effet amorcé une expansion globale, avec des équipes situées en Espagne, aux États-Unis et dans d’autres pays européens. Bien qu’aucun licenciement ne soit encore confirmé dans ces régions, la réduction budgétaire généralisée pourrait prochainement toucher les filiales hors Royaume-Uni.

L’incertitude actuelle pousse déjà certains développeurs à chercher d’autres opportunités. Des profils expérimentés commencent à publier leurs CV sur LinkedIn, avec des mentions explicites sur la situation critique du studio. Ce phénomène pourrait amplifier un exode de talents difficile à endiguer, menaçant à terme la capacité du studio à maintenir le développement de ses projets restants.

 

Quelles perspectives pour Build A Rocket Boy ?

 Remaniement autour d’Everywhere et des patchs

Malgré la débâcle de MindsEye, Build A Rocket Boy n’a pas encore dit son dernier mot. Le studio semble vouloir concentrer ses efforts sur Everywhere, le projet initial présenté comme une plateforme de création et de jeu communautaire, censé rivaliser avec des géants comme Roblox ou Fortnite Creative. Si MindsEye devait en être une vitrine technique, il est désormais clair que cette ambition devra être revue à la baisse.

Des équipes réduites continueraient à travailler sur des patchs correctifs pour MindsEye, afin de sauver ce qui peut encore l’être. Le but: limiter les remboursements, améliorer les évaluations publiques et peut-être reconquérir une partie des joueurs perdus. Une stratégie à double tranchant, car elle repose sur une capacité de production affaiblie, tout en maintenant une roadmap déjà compromise.

 Comparaison à d’autres studios: le contexte des licenciements en 2025

Il serait toutefois injuste d’isoler Build A Rocket Boy sans mentionner le climat global du secteur en 2025. Cette année a vu une vague de licenciements inédite dans l’industrie du jeu vidéo: Epic Games, Ubisoft, Riot, Embracer Group… tous ont annoncé des réductions d’effectifs, parfois massives. En cause: un ralentissement post-pandémique, une hausse des coûts de développement et un public devenu plus exigeant, notamment en matière de qualité au lancement.

Le cas de Build A Rocket Boy illustre donc une crise systémique, où même les studios les mieux dotés en talents ne sont pas à l’abri. La promesse d’innovation ne suffit plus: il faut livrer un produit solide, immédiatement fonctionnel, ou risquer une chute aussi rapide que vertigineuse.

 


En quelques mots

La descente aux enfers de MindsEye et les licenciements massifs qui s’ensuivent chez Build A Rocket Boy sont le reflet d’une industrie de plus en plus impitoyable. Malgré des ambitions sincères et une équipe talentueuse, le studio paie le prix d’un lancement précipité, d’un marketing mal aligné avec le produit final, et d’un contexte économique défavorable. La perte d’un tiers de ses effectifs n’est pas anodine: c’est un séisme interne qui remet en question la pérennité même du studio.

Cependant, tout n’est pas encore perdu. Le recentrage sur Everywhere, combiné à une gestion plus réaliste des ressources, pourrait offrir une seconde chance à Build A Rocket Boy. Mais cette rédemption nécessitera transparence, cohérence et excellence technique, sans quoi le studio pourrait n’être qu’un nom de plus sur la liste des grands espoirs tombés dans l’oubli.

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