Artifact, le TCG (Trading Card Game) développé par Valve et sorti en 2018, n’a jamais connu le succès escompté. Malgré les ambitions de ses créateurs et le soutien initial de la communauté, le jeu a rapidement sombré dans l’oubli, ne conservant qu’une poignée de joueurs actifs au fil des années. Mais, en ce début d’année 2025, Artifact a soudainement refait surface dans des circonstances plus qu’étranges.
Tout commence le 31 décembre 2024. Alors que les chiffres habituels de joueurs simultanés tournent autour de 200, un pic soudain a propulsé ce chiffre à plus de 12 000 joueurs. Cette activité intense s’est maintenue jusqu’au 3 janvier à minuit, avant de retomber aussi brutalement qu’elle avait grimpé. Ce phénomène, aussi surprenant qu'inexpliqué, n’est pourtant pas une première: des faits similaires avaient déjà été observés quelques semaines plus tôt, en décembre.
Le plus intriguant ? Personne ne semble comprendre pourquoi Artifact, un jeu que beaucoup considèrent comme mort, attire autant d’attention en si peu de temps. Entre théories farfelues et hypothèses techniques, le mystère reste entier, captivant autant les amateurs de jeux vidéo que les curieux avides d’anomalies numériques.
On plonge ensemble dans cette enquête où les chiffres, les bots et les rumeurs s’entremêlent.
Le phénomène des 12 000 joueurs: une résurrection temporaire
Les chiffres qui interpellent
Le 31 décembre 2024, alors que la majorité des joueurs célébraient la nouvelle année sur d'autres jeux ou plateformes, Artifact a soudainement connu un regain d'activité inattendu. Le jeu, qui stagnait autour de 200 joueurs simultanés depuis des mois, a vu son nombre de joueurs bondir à 5 000 en quelques heures, pour atteindre un sommet impressionnant de plus de 12 000 joueurs. Cette tendance a perduré jusqu'au 3 janvier à minuit, avant de retomber presque instantanément à des chiffres habituels, frôlant les 150 joueurs actifs.
Plus surprenant encore, ce phénomène ne s’est pas limité à la période du Nouvel An. Un événement similaire avait déjà été observé le 14 décembre 2024, où le nombre de joueurs a grimpé à 14 000, avant de retomber deux jours plus tard à une poignée de participants. Ces pics soudains, suivis de chutes tout aussi brutales, défient toute logique dans un jeu où la communauté avait, pour beaucoup, tourné la page.
Une curiosité éphémère
Les joueurs et les analystes se perdent en conjectures face à ces statistiques. Pourquoi un jeu abandonné, connu pour avoir été un échec commercial, attire-t-il soudainement des milliers de participants ? Ce comportement semble trop organisé pour être naturel, et les chutes précises à minuit le 3 janvier ou le 17 décembre renforcent l’idée d’un phénomène planifié. Un engouement collectif ? Une blague orchestrée ? Une anomalie technique ?
La nature éphémère de ces pics suscite encore plus de questions. Si un intérêt sincère avait poussé les joueurs à revenir, pourquoi disparaîtraient-ils aussi rapidement ? Cela dépasse les simples coïncidences et ouvre la voie à des hypothèses plus intrigantes, voire techniques.
Les théories de la communauté: entre IA et escroqueries
Les bots et l’entraînement d’IA
Une des premières théories avancées par la communauté est que ces pics soudains sont le fruit d’une activité automatisée. Des bots pourraient être utilisés pour entraîner une intelligence artificielle à jouer à Artifact. L’idée peut sembler étrange, mais elle a un certain sens. Artifact, avec sa structure complexe et ses mécanismes stratégiques, pourrait représenter un terrain d’entraînement intéressant pour développer des IA spécialisées dans les jeux de cartes.
Un utilisateur du subreddit Artifact a évoqué la possibilité que quelqu’un « entraîne une IA à jouer pour le plaisir ». Ce type d’expérimentation n’est pas inédit : des IA comme AlphaGo ou OpenAI Five ont été testées dans des environnements spécifiques, parfois pour des démonstrations de capacité ou des recherches académiques. Pourtant, l’absence de communication officielle ou de publication scientifique sur ce sujet laisse cette hypothèse dans le domaine de la spéculation.
L’hypothèse des escroqueries via Steam
Une autre théorie populaire pointe vers des bots de scam visant à manipuler les comptes Steam. Voici comment cela fonctionnerait : des comptes automatisés rejoignent un jeu peu fréquenté, comme Artifact, pour gonfler artificiellement le temps de jeu enregistré. L’objectif ? Faire passer ces comptes pour légitimes afin de les utiliser dans d’autres activités frauduleuses.
Ce type de manœuvre n’est pas rare. Steam permet souvent de lier des données de compte à des transactions ou à des accès spécifiques à des jeux. Utiliser Artifact, un jeu gratuit et abandonné, comme plateforme d’activité frauduleuse est un choix stratégique pour les pirates. Cependant, ce qui rend cette théorie bancale, ce sont les chutes précises d’activité observées à des moments bien définis. Une telle synchronisation semble peu compatible avec l’activité de bots standards.
Des hackers ou un détournement technique ?
Certains membres de la communauté suspectent également un autre phénomène : un détournement des systèmes Steam par des hackers. Artifact pourrait être utilisé comme une sorte de leurre dans les protocoles d’authentification Steam. Certains jeux nécessitant une vérification via l’AppID (l’identifiant unique du jeu), les pirates pourraient manipuler Artifact pour donner l’illusion qu’ils possèdent une copie légitime d’un autre jeu.
Cette théorie, bien que plausible, est mise en doute en raison de l’ampleur et de la régularité des pics observés. Une activité piratée à cette échelle entraînerait probablement des réactions de Valve ou une communication publique, ce qui n’a pas encore été le cas.
Un jeu oublié mais fonctionnel: Artifact en 2025
L’héritage d’Artifact
Lorsque Valve a annoncé la sortie d’Artifact en 2018, les attentes étaient immenses. Avec le succès de titres comme Dota 2 ou Half-Life, Valve avait une réputation de créateur de jeux marquants et novateurs. Mais malgré ses mécanismes de jeu sophistiqués et l’implication du célèbre concepteur Richard Garfield (Magic: The Gathering), Artifact n’a jamais réussi à convaincre. Un modèle économique jugé trop gourmand et une expérience utilisateur complexe ont précipité son déclin.
En 2020, Valve a officiellement cessé le développement actif d’Artifact, rendant le jeu gratuit sous deux versions : Artifact Classic (la version originale) et Artifact Foundry (un prototype plus simplifié). Mais même cette gratuité n’a pas suffi à ranimer une communauté déjà partie. Les serveurs sont restés actifs, certes, mais la population de joueurs s’est réduite à une poignée de nostalgiques et d’amateurs de TCG curieux.
Pourquoi les pics intriguent autant
En 2025, Artifact n’est plus qu’une relique d’un projet ambitieux mais échoué. Pourtant, son infrastructure reste solide : les serveurs sont fonctionnels, le gameplay est toujours accessible, et l’environnement de jeu reste stable. Ce paradoxe entre un jeu "mort" et des pics d’activité soudains alimente la fascination.
Le regain d’intérêt soudain autour d’Artifact ne vient donc pas de son gameplay ou de sa communauté. Ces curieux pics d’activité, bien qu’inexplicables, rappellent que même les jeux considérés comme abandonnés peuvent continuer à vivre d’une manière inattendue.
Artifact représente aussi une leçon pour l’industrie : l’échec d’un jeu ne signifie pas sa fin totale. Certains jeux reviennent sur le devant de la scène des années après leur sortie, soit grâce à des initiatives de fans, soit à travers des événements imprévus comme ceux-ci.
En quelques mots
Artifact, ce TCG ambitieux mais tombé dans l'oubli, semble refuser de disparaître complètement. Les récents pics d'activité ont attiré l’attention de joueurs et de curieux, mais les réponses à ce mystère restent insaisissables. Qu’il s’agisse de bots, d’une expérimentation d’IA, ou même d’un détournement technique, aucune explication ne parvient à lever le voile sur cette résurrection éphémère.
Pour Valve, ce phénomène est peut-être un simple hasard, mais il témoigne de la capacité des jeux vidéo, même abandonnés, à captiver et intriguer. Artifact incarne aujourd’hui bien plus qu’un simple échec commercial : il est devenu un symbole des mystères numériques qui peuplent l’univers des jeux en ligne.
Alors que l’attention retombe et que le nombre de joueurs revient à ses standards habituels, une question persiste : reverra-t-on un jour un autre pic aussi étrange ? Ou Artifact retournera-t-il à l’oubli, cette fois pour de bon ? Une chose est certaine : même dans la mort, un jeu peut surprendre.