Ubisoft: création d'une filiale dédiée à ses licences phares avec Tencent

AuteurArticle écrit par Vivien Reumont
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date de publication28/03/2025
Scène d’un événement ou salon dédié au jeu vidéo, baignée d’un éclairage bleu intense. Au centre de l’image se trouve le logo lumineux d’Ubisoft, grand éditeur de jeux vidéo, suspendu au-dessus de la scène. Le logo se compose d’une spirale stylisée accompagnée du nom « UBISOFT » en lettres capitales blanches, bien visibles sur le fond sombre. En arrière-plan, on distingue des projecteurs, des barres LED colorées, ainsi que des jeux de lumière qui créent une ambiance immersive et technologique. Une silhouette humaine floue est visible au premier plan, suggérant la présence du public ou d’un intervenant. L’ensemble évoque une présentation ou une conférence de presse d’Ubisoft, typique d’événements comme l’E3 ou la Gamescom.

Ubisoft continue de redéfinir sa stratégie à long terme, et cette fois-ci, c’est une rumeur persistante qui devient réalité. L’éditeur français, connu pour ses franchises emblématiques comme Assassin’s Creed et Far Cry, vient d’officialiser la création d’une nouvelle filiale centrée sur ses licences majeures. Mais ce qui retient également l’attention, c’est la présence du géant chinois Tencent en tant qu’investisseur minoritaire, une nouvelle qui suscite autant d’espoirs que de craintes.

Avec une enveloppe de 1,16 milliard d’euros, Tencent acquiert 25 % des parts de cette division, tandis qu’Ubisoft garde les rênes de sa nouvelle structure. Une manœuvre stratégique qui vise à renforcer la pérennité de ses franchises les plus lucratives et à leur offrir une nouvelle dynamique, dans un monde vidéoludique en perpétuelle mutation.

Mais derrière l’ambition et les chiffres, des voix s’élèvent aussi au sein des studios. Si certains y voient une opportunité de croissance, d’autres craignent que cette évolution creuse un fossé entre les équipes liées aux « grandes licences » et les autres. Ce nouvel accord marque-t-il un tournant décisif dans la politique d’Ubisoft ? Ou un simple réajustement à une industrie en constante évolution ? Plongeons au cœur de cette annonce stratégique.

 

Une nouvelle filiale Ubisoft: confirmation officielle après des rumeurs persistantes

Une rumeur devenue réalité

Depuis plusieurs semaines, les forums, les réseaux sociaux et certains sites spécialisés bruissaient de rumeurs insistantes: Ubisoft préparait une restructuration majeure autour de ses franchises stars. C’est désormais officiel. L’entreprise française a confirmé la création d’une nouvelle filiale dédiée exclusivement à ses licences phares, à savoir Assassin’s Creed, Tom Clancy’s Rainbow Six et Far Cry.

Ce choix n’est pas anodin: ces sagas représentent les piliers financiers et créatifs d’Ubisoft. L’objectif ? Renforcer leur rayonnement international tout en leur apportant une structure spécifique capable de gérer leur développement de manière plus ciblée. Ubisoft entend ainsi transformer ces franchises en véritables écosystèmes de jeux, multiplateformes et durables, à l’image des univers persistants qui séduisent aujourd’hui un large public.

« C’est le début d’un nouveau chapitre pour Ubisoft », a déclaré un porte-parole de l’entreprise, confirmant que cette initiative vise à soutenir des expériences de jeu plus qualitatives, notamment dans les aventures narratives solo et les formats multijoueurs.

Tencent entre dans la danse pour 25 % des parts

Le deuxième élément marquant de cette annonce concerne la participation de Tencent, géant chinois du numérique et déjà actionnaire d’Ubisoft depuis plusieurs années. Cette fois-ci, Tencent passe à la vitesse supérieure en injectant 1,16 milliard d’euros dans la nouvelle entité, en échange de 25 % des parts.

Il est cependant essentiel de souligner que Tencent reste investisseur minoritaire. Ubisoft conserve le contrôle total de la filiale et la dirigera de manière autonome. Cette nuance permet à l’éditeur de continuer à façonner ses franchises sans ingérence extérieure, tout en profitant de la puissance financière et du réseau d’un acteur influent sur les marchés asiatiques et mobiles.

Cette opération, évaluée à près de 4 milliards d’euros, démontre aussi une volonté stratégique: solidifier les actifs les plus rentables et donner une nouvelle impulsion à leur développement, sans diluer la vision créative originale d’Ubisoft.

 

Une division stratégique autour des licences phares d’Ubisoft

Assassin’s Creed, Rainbow Six et Far Cry au cœur du projet

Ubisoft ne cache pas son intention: cette nouvelle filiale a été conçue pour consolider et maximiser la valeur de ses franchises les plus emblématiques. Assassin’s Creed, Far Cry et Rainbow Six représentent aujourd’hui bien plus que des licences à succès: ce sont de véritables piliers économiques et culturels de l’entreprise. Chacune possède une communauté active, un univers étendu et un potentiel de croissance colossal.

En centralisant leur développement sous une même bannière, Ubisoft espère créer une synergie entre ces marques. Cela permettra non seulement une meilleure coordination stratégique, mais aussi une capacité d’innovation accrue, avec un focus sur la narration, la technologie et l’immersion. Ce regroupement vise également à accélérer la cadence des mises à jour, extensions et spin-offs, tout en garantissant une cohérence créative à long terme.

« L’objectif est de bâtir des écosystèmes vivants, où l’univers de jeu ne s’épuise pas à la sortie d’un titre, mais continue à évoluer, à se développer et à engager les joueurs sur la durée », peut-on lire dans le communiqué officiel.

Une ambition: bâtir des écosystèmes multiplateformes et durables

Ubisoft entend clairement s’aligner sur les nouvelles tendances de l’industrie. Cette filiale ne sera pas simplement un nouveau studio, mais une machine à produire des contenus interconnectés, avec une vision multiplateforme. L’idée est de proposer des expériences sur PC, consoles et mobile, mais aussi d’intégrer plus fréquemment des fonctionnalités sociales, du cross-play et des entrées free-to-play.

Les free-to-play, justement, seront l’un des leviers de croissance majeurs. Ubisoft souhaite faciliter l’accès à ses univers, en multipliant les points d’entrée et en rendant certaines portions de ses jeux plus accessibles. En parallèle, les expériences solo narratives ne seront pas négligées: elles seront même renforcées grâce à une capacité de production plus ambitieuse, soutenue par des investissements massifs.

Cette approche hybride – entre grand spectacle solo et profondeur multijoueur – reflète la volonté de l’éditeur de s’adresser à une audience aussi large que possible, tout en maintenant un niveau de qualité constant.

 

Un partenariat financier mais un contrôle conservé

Les chiffres clés de l’accord avec Tencent

Le partenariat entre Ubisoft et Tencent représente bien plus qu’un simple investissement passif. Avec 1,16 milliard d’euros injectés, Tencent devient actionnaire à hauteur de 25 % de cette nouvelle division, lui offrant une place significative dans l’écosystème stratégique du groupe. Cette somme colossale permet à Ubisoft d’évaluer la filiale à près de 4 milliards d’euros, ce qui illustre le poids considérable de ces licences dans la valeur globale de l’entreprise.

Cependant, cet investissement ne se traduit pas par un contrôle opérationnel. Tencent ne participe pas à la gestion directe de la filiale. Son rôle est strictement financier, un appui pour donner à Ubisoft les moyens de ses ambitions: produire plus, mieux, et plus vite. L’objectif affiché est d’accélérer la croissance sans compromettre l’ADN créatif de l’entreprise.

Ce choix s’inscrit dans une logique de renforcement des actifs internes plutôt que d’externalisation. En d'autres termes, Ubisoft veut muscler ses licences les plus rentables tout en maintenant leur gouvernance à Paris, là où se dessinent les grandes orientations créatives et commerciales du groupe.

Une gouvernance autonome sous l’œil d’Ubisoft

Ubisoft ne laisse aucune place au doute: le contrôle restera entièrement en interne. La nouvelle entité fonctionnera avec sa propre équipe de direction, mais cette équipe est nommée par Ubisoft, qui fixe aussi les grandes lignes de son fonctionnement. Cela signifie que les décisions clés, qu’il s’agisse de lancement, de calendrier de production ou d’orientation stratégique, seront prises en toute indépendance vis-à-vis de Tencent.

Cette autonomie est cruciale pour préserver la cohérence créative entre les différentes branches d’Ubisoft, éviter les interférences culturelles ou commerciales et surtout garantir aux employés une certaine stabilité dans la gestion. Le message est clair: l’investissement de Tencent ne bouleversera pas la hiérarchie ni les valeurs du groupe.

« Nous gardons le cap sur notre vision à long terme, en renforçant notre structure sans compromettre notre liberté d’action », a tenu à rassurer Yves Guillemot, PDG d’Ubisoft.

Autrement dit, cette nouvelle filiale est un pari stratégique assumé, pensé pour durer, et calibré pour répondre aux défis d’une industrie où la puissance financière devient souvent un prérequis pour rester compétitif.

 

Les réactions internes: entre inquiétudes et espoirs

Le mémo rassurant de la direction

Suite à l’annonce officielle, Ubisoft a rapidement diffusé un mémo interne signé par Marie-Sophie de Waubert, directrice des studios et du catalogue. Dans cette communication, elle s’adresse directement aux employés qui ne travaillent pas sur les franchises Assassin’s Creed, Far Cry ou Rainbow Six, afin de désamorcer les inquiétudes.

« Si vous ne travaillez actuellement pas pour ces marques, cela ne signifie pas que votre travail a moins de valeur », écrit-elle. « Cet accord profitera à l’ensemble d’Ubisoft, en nous donnant les moyens de stimuler l’innovation et la créativité dans tous les domaines. »

Un message empreint de bienveillance et destiné à préserver la cohésion entre les équipes, alors que la mise en avant de trois licences principales pourrait créer un déséquilibre perçu en interne. L’objectif est clair: rappeler que le projet n’a pas vocation à exclure, mais à fédérer et à renforcer l’ensemble de la structure d’Ubisoft.

Ce type de communication est essentiel pour maintenir la motivation et éviter une scission interne entre les “grandes marques” et les autres projets. Ubisoft veut montrer que chaque employé joue un rôle dans cette nouvelle dynamique, même s’il ne travaille pas directement sur les sagas concernées.

Les craintes persistantes des salariés

Malgré ces tentatives d’apaisement, le scepticisme demeure dans plusieurs équipes. Des témoignages anonymes relayés par le site Insider Gaming révèlent une certaine anxiété, notamment autour des projets secondaires ou moins médiatisés. Plusieurs salariés redoutent que les ressources internes, humaines ou financières, soient de plus en plus orientées vers les trois grandes licences.

« Nous nous sentons sur un siège éjectable si nous ne sommes pas sur les trois grandes licences. Ils peuvent dire ces choses dans un mail, mais quand il s’agit de cela, nous avons l’impression de savoir où sont les priorités », confie un employé.

D’autres évoquent un manque de clarté dans la transition, regrettant d’avoir appris la nouvelle sans explication préalable en interne. Une communication descendante perçue comme brutale par certains, et qui n’a fait qu’attiser les doutes sur l’avenir des équipes “hors filiale”.

Néanmoins, un vent d’optimisme subsiste. Certains salariés espèrent que ce partenariat avec Tencent ouvre de nouvelles perspectives pour Ubisoft dans son ensemble, y compris pour les projets moins visibles mais tout aussi ambitieux. Pour l’instant, l’incertitude reste palpable, mais tous les regards sont désormais tournés vers la mise en route effective de cette nouvelle structure.

 


En quelques mots

Ubisoft vient de poser une nouvelle pierre dans l’édifice de son avenir, en créant une filiale entièrement dédiée à ses licences les plus rentables. Avec Tencent comme investisseur minoritaire, mais sans intervention dans la gestion, l’éditeur français mise sur une stratégie audacieuse pour renforcer l’attractivité, la pérennité et l’ambition créative de ses franchises phares.

Ce choix marque une volonté claire: celle d’ancrer Assassin’s Creed, Rainbow Six et Far Cry dans un écosystème plus vaste, plus agile et plus connecté, à l’image des univers modernes de l’industrie vidéoludique. Toutefois, si la manœuvre se veut financièrement rassurante et stratégiquement cohérente, elle laisse aussi transparaître des tensions internes. La priorité accordée à certains projets au détriment d'autres inquiète, malgré les discours rassurants de la direction.

Dans un secteur en perpétuelle transformation, Ubisoft semble déterminé à ne plus subir les changements, mais à les anticiper. Ce partenariat avec Tencent, bien qu’empreint de prudence, pourrait bien offrir à l’éditeur les moyens d’entrer dans une nouvelle ère. Reste à voir si cette vision saura fédérer toutes les équipes autour d’un même cap. L’avenir de l’entreprise ne se jouera pas seulement dans ses grandes licences, mais aussi dans sa capacité à préserver son équilibre interne.

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