Let’s Fix the Game Industry: Schofield enflamme gamescom asia x TGS 2025

AutorArtículo escrito por Vivien Reumont
|
Fecha de publicación17/10/2025

“Get your guts back.” Voilà le ton donné par Glenn Schofield, figure emblématique derrière Dead Space et Call of Duty, lors de l’ouverture de gamescom asia x Thailand Game Show 2025. Dans une ambiance chargée d’attentes et d'incertitudes, cette phrase a résonné comme un appel à la renaissance d’une industrie vidéoludique en perte de repères.

Réunis à Bangkok pour quatre jours de conférences, de démonstrations et de discussions stratégiques, les acteurs du jeu vidéo venus d’Europe et d’Asie ont assisté à ce qui s’annonce déjà comme un tournant dans la manière dont les événements vidéoludiques régionaux peuvent influer sur les trajectoires globales de l’industrie. Car cette édition fusionnée entre gamescom asia et la Thailand Game Show n’était pas qu’une vitrine de nouveautés : elle s’est voulue catalyseur de changement.

Schofield, en véritable vétéran du secteur, n’a pas mâché ses mots : entre désillusions économiques, prises de risques en berne, et leadership manquant, son discours invitait les dirigeants à retrouver le feu sacré de la création. Une déclaration de guerre contre la stagnation. Mais ce cri du cœur n’a pas résonné dans le vide : il a ouvert la voie à des discussions riches, des annonces fortes, et une volonté palpable de secouer le statu quo.

Dans cet article, nous allons décortiquer les moments clés de cette édition 2025, analyser les appels au changement, et explorer ce que cela pourrait signifier pour l’avenir du jeu vidéo à l’échelle mondiale.

 

Un cri du cœur pour l’industrie : “Get your guts back”

Le message de Schofield : audace, leadership, créativité

Glenn Schofield n’est pas un inconnu dans l’industrie : après avoir façonné les ambiances oppressantes de Dead Space et contribué à l’explosion de Call of Duty, il connaît intimement les coulisses du développement AAA. Lors de l’ouverture de gamescom asia x Thailand Game Show 2025, il a livré un discours à la fois passionné et brutalement lucide. Son slogan, “Get your guts back”, n’était pas seulement une provocation : c’était une interpellation directe à l’ensemble des décideurs du secteur.

“Le jeu vidéo est né d’une forme de rébellion créative. Ce feu-là, on l’a perdu en route. Il faut oser à nouveau, oser avec audace.” — Glenn Schofield

Il a insisté sur trois piliers essentiels pour reconstruire une industrie en crise : la créativité authentique, le courage dans la prise de décision, et un leadership visionnaire capable d’inspirer les équipes plutôt que de les broyer.

Trois idées pour « réparer » l’industrie

Dans le prolongement de son message, Schofield a proposé un cadre concret, esquissant des pistes de redressement pour une industrie souvent paralysée par les risques financiers et les pressions commerciales :

  1. Remettre les créateurs au centre : moins de décisions dictées par les départements marketing, plus de place à l’expérimentation.
  2. Réinventer la direction des studios : favoriser les leaders de terrain, qui comprennent la production, plutôt que les gestionnaires extérieurs au processus créatif.
  3. Utiliser l’IA comme catalyseur, non comme substitut : voir l’intelligence artificielle comme un partenaire de création et non un outil de réduction de coûts.

Ces propositions ne sont pas seulement théoriques — elles font écho aux tensions croissantes entre directions et équipes de développement, illustrées par de nombreuses vagues de licenciements et projets avortés au cours des dernières années.

Réactions et polémiques autour du concept

Le cri de Schofield a divisé. D’un côté, certains développeurs l’ont salué comme une prise de parole nécessaire, une voix forte dans un climat où la langue de bois est devenue la norme. D’autres, en revanche, lui reprochent de parler depuis une position privilégiée, sans tenir compte des réalités économiques qui brident les studios plus modestes.

Sur les réseaux sociaux et dans les couloirs du salon, les conversations allaient bon train : “Peut-on vraiment réparer l’industrie sans changer son modèle économique ?”, “Est-ce que ce n’est pas une manière de mettre encore plus de pression sur les équipes ?”

Quoi qu’il en soit, le débat est lancé, et c’est peut-être là le plus important. Dans une industrie souvent accusée de s’auto-congratuler, un discours provocateur et remuant reste rare — et salutaire.

 

Le paysage du salon : fusion, ambitions et partenariats

La fusion Gamescom Asia + Thailand Game Show : un tournant régional

Ce n’est pas tous les jours que deux salons majeurs unissent leurs forces. En fusionnant gamescom asia et la Thailand Game Show, les organisateurs ont marqué un tournant stratégique pour l’Asie du Sud-Est. L’événement de 2025, hébergé à Bangkok, a symbolisé l’émergence de la Thaïlande comme nouveau hub régional du jeu vidéo, capable de rivaliser avec des places fortes comme Singapour ou Séoul.

L’alliance ne s’est pas contentée de juxtaposer deux formats. Elle a proposé un véritable mélange des genres : contenu business de haut niveau, vitrines pour les développeurs indés, arènes de gaming, et un espace d’exposition accessible au grand public. Une formule hybride pensée pour fédérer l’écosystème entier — des PDG aux fans.

Le rôle du business area : Invest Circle, conférences, networking

La section business a occupé une place centrale dès le lancement. L’Invest Circle, en particulier, a réuni investisseurs régionaux, fonds d’amorçage et éditeurs à la recherche de nouveaux talents. Cette initiative, lancée à Singapour, prend ici une ampleur inédite, avec une présence renforcée d’acteurs thaïlandais et européens.

Plusieurs conférences ont porté sur les modèles économiques émergents, le financement des studios post-pandémie, et l’impact de l’IA générative sur les cycles de production. Les rencontres B2B ont rythmé les journées, prouvant que l’industrie régionale n’est plus simplement un terrain d’outsourcing, mais un vivier d’initiatives locales solides et innovantes.

Le volet Europe–Asie : présence de game (Allemagne), DEPA, stratégie diplomatique

Parmi les invités de marque, Lars Janssen et Felix Falk, représentants de game — l’association allemande de l’industrie vidéoludique — ont mis en avant la nécessité de bâtir des ponts solides entre l’Europe et l’Asie. Dans leur discours, ils ont souligné l’importance de la coproduction, du partage technologique, et de la mutualisation des compétences pour bâtir un secteur plus résilient.

Assist. Prof. Dr. Nuttapon Nimmanphatcharin, président de la DEPA (Digital Economy Promotion Agency), a pour sa part défendu la vision numérique de la Thaïlande, où le jeu vidéo est vu comme un levier à la fois économique et culturel. Il a rappelé l’objectif du pays : devenir un leader régional de la tech créative d’ici 2030.

Enfin, Kittipong Prucksa-aroon, président de la TGA, a salué la montée en puissance des développeurs thaïlandais, appelant à une “coopétition” internationale où chacun trouve sa place dans une dynamique mondiale partagée.

 

Figures clés et discours marquants

Temps forts de l’inauguration : Janssen, Falk, Nuttapon, Kittipong

L’ouverture officielle du salon a été marquée par une succession de discours stratégiques, chacun révélant une facette de l’ambition collective portée par gamescom asia x Thailand Game Show 2025.

Lars Janssen et Felix Falk, figures centrales de game, ont posé un constat sans détour : l’industrie doit repenser sa manière de collaborer. L’Allemagne, riche d’un écosystème structuré, voit dans la Thaïlande une porte d’entrée vers une Asie dynamique et novatrice. Leur message : “L’innovation naît du dialogue interculturel”.

Du côté thaïlandais, le Pr. Nuttapon Nimmanphatcharin, président de la DEPA, a rappelé que le jeu vidéo n’était pas simplement un loisir, mais un moteur de l’économie numérique du pays. L’investissement massif dans la formation, les infrastructures tech et les soutiens aux studios locaux illustre cette vision à long terme.

Enfin, Kittipong Prucksa-aroon, président de la Thailand Game Association, a insisté sur la montée en puissance des développeurs locaux et le rôle que la Thaïlande peut jouer dans l’économie créative mondiale : “Ce n’est plus une industrie de niche ici, mais une force nationale en devenir.”

Fireside chat : Karpazis & Van Dyke sur 10 ans de Rainbow Six Siege

L’un des moments les plus attendus du salon a été la conversation détendue mais profonde entre Alexander Karpazis (Ubisoft Canada) et Gordon Van Dyke (Adorapixel, ex-EA DICE). Ils ont offert un regard rétrospectif sur dix années de Rainbow Six Siege, un jeu multijoueur tactique qui a su évoluer sans trahir sa base.

Leur échange a permis de souligner l’importance de la persévérance créative dans une industrie souvent tentée par les reboots faciles. Karpazis a notamment évoqué la pression constante de renouveler sans perdre l’âme du jeu, tandis que Van Dyke a partagé des leçons de son propre parcours, entre vision artistique et réalités commerciales.

“L’innovation n’est pas un sprint, c’est une série de marathons créatifs.” — Gordon Van Dyke

Autres moments inspirants : showcases indies, pitchs, échanges investisseurs

En marge des discours et des panels, l’énergie du salon se sentait surtout dans les allées du showcase indie. De jeunes studios thaïlandais, philippins, indonésiens et vietnamiens y présentaient des projets aussi ambitieux que singuliers. RPG narratifs, jeux mobiles audacieux, expériences en VR minimalistes : la diversité était au rendez-vous.

Plusieurs pitchs ont capté l’attention des investisseurs, notamment un jeu de stratégie historique développé à Chiang Mai, et une aventure cyberpunk 2D issue d’un collectif malaisien. Ces rencontres, souvent informelles, sont devenues l’un des moteurs les plus puissants de ce salon : connecter les idées aux moyens de les concrétiser.

 

Enjeux & défis : ce que dit ce cri dans un contexte plus large

Crise de confiance dans le AAA et le financement

Le discours de Glenn Schofield ne surgit pas dans un vide : il s’inscrit dans un contexte de tension croissante autour des jeux AAA. Entre les échecs commerciaux retentissants (Redfall, The Day Before, etc.) et les coupes budgétaires massives chez des géants comme Embracer ou Epic, la confiance des investisseurs s’effrite. Les studios peinent à justifier des budgets dépassant parfois les 200 millions de dollars.

De nombreux analystes pointent une industrie sous perfusion, où le risque est minimisé au point d’étouffer la créativité. Or, comme le souligne Schofield, “le jeu vidéo ne peut pas survivre en misant seulement sur ce qui fonctionne déjà”. Cette crise financière est aussi une crise identitaire.

L’essor de l’Asie et le repositionnement de la Thaïlande

Pendant que l’Occident doute, l’Asie affirme ses ambitions. La Chine, bien sûr, reste un titan, mais c’est en Asie du Sud-Est que la dynamique est la plus surprenante. La Thaïlande, notamment, affiche une stratégie de montée en gamme : soutien aux studios locaux, incitations fiscales pour les entreprises étrangères, et investissements dans la tech créative.

Cet environnement crée une fenêtre d’opportunité unique pour les acteurs de taille moyenne ou émergente. Les développeurs locaux ne copient plus : ils inventent. Le mot d’ordre est simple : prendre des risques mesurés, mais osés.

Le rôle des technologies (IA, outils créatifs)

L’intelligence artificielle a été l’un des sujets transversaux du salon. Si certains craignent qu’elle remplace les créateurs, la tendance dominante est celle de la complémentarité. Des outils comme Stable Diffusion, ChatGPT, ou des solutions de génération procédurale avancée sont désormais intégrés dans les pipelines de production.

Le potentiel est immense : automatisation des tâches répétitives, aide au prototypage rapide, amélioration des tests qualité... Mais le message était clair : l’IA n’est pas un substitut à l’âme d’un jeu.

Vers un nouveau leadership : qui, comment, avec quelle vision ?

Enfin, l’un des grands débats soulevés au salon est celui de la reconstruction du leadership dans l’industrie. De nombreuses entreprises sont encore dirigées par des profils financiers, loin des réalités de la production. Le modèle de leadership incarné par Schofield — passionné, créatif, mais exigeant — revient sur le devant de la scène.

Mais attention : l’avenir n’est pas nécessairement fait de “rockstars” du développement. On parle aujourd’hui d’un leadership collectif, plus horizontal, plus empathique. Un leadership capable de comprendre le burn-out, les boucles de crunch, et l’épuisement des talents. Car si l’industrie veut survivre, elle devra aussi apprendre à prendre soin de ceux qui la font vivre.

 

Regard vers l’avenir : espoirs, obstacles, scénarios

Que peut foisonner si l’appel est entendu ?

Si le cri de Glenn Schofield est entendu et que l’industrie choisit de le suivre, le paysage vidéoludique des prochaines années pourrait se transformer radicalement. On verrait émerger des jeux plus personnels, plus originaux, et des studios où les créateurs ont réellement voix au chapitre.

Cette révolution créative pourrait également redorer l’image de l’industrie auprès des jeunes talents, aujourd’hui de plus en plus méfiants vis-à-vis des conditions de travail dans les grandes entreprises du secteur. L’ambiance post-pandémie a creusé l’envie de sens et d’impact : un secteur vidéoludique repensé pourrait y répondre.

Risques de changement marginal ou cosmétique

Mais le risque inverse est bien réel : que ce discours fort se dilue dans des déclarations de façade, où l’on parle de changement sans l’incarner. Certaines grandes entreprises ont déjà récupéré les mots de Schofield pour verdir leur image sans réformer leurs pratiques.

“La culture du changement sans action est encore plus toxique que l’inaction.” — extrait entendu en panel lors du salon

Un changement réel exigera des sacrifices, des réorientations stratégiques, des prises de risques... que tous ne sont pas prêts à assumer.

Ce que les studios et investisseurs peuvent faire dès maintenant

Alors, que faire concrètement ? Voici trois pistes évoquées lors des panels du salon :

  1. Recentrer les équipes autour de projets humains, où l’objectif n’est pas uniquement la rentabilité, mais l’impact culturel.
  2. Favoriser des cycles de production plus sains, avec moins de crunch et une meilleure gestion des attentes des joueurs.
  3. Soutenir les studios indépendants non pas comme des “laboratoires d’expérimentation” bon marché, mais comme des acteurs à part entière du marché.

Enfin, les investisseurs doivent eux aussi changer de posture : parier sur l’audace, pas seulement sur les clones de succès passés. L’innovation, aujourd’hui, est le seul vrai levier de différenciation dans un marché saturé.

 


En quelques mots

Le cri de Glenn Schofield, “Get your guts back”, n’était pas une simple punchline. Il a été le point d’ignition d’un salon qui a su mêler lucidité et ambition, questionnements profonds et dynamiques de reconstruction. À travers cette édition 2025 fusionnée entre gamescom asia et la Thailand Game Show, l’industrie vidéoludique a prouvé qu’elle était encore capable d’auto-réflexion, de remises en question, et surtout, d’élan vers l’avant.

Les enjeux sont immenses : rétablir la confiance dans les modèles AAA, intégrer l’IA de façon éthique, donner de l’espace à la créativité locale, et bâtir une gouvernance plus humaine. Mais pour la première fois depuis longtemps, le ton général est moins au repli qu’à l’espoir structuré.

Cette édition n’a peut-être pas “réparé” l’industrie, mais elle a amorcé un dialogue honnête et essentiel. Et comme toute industrie créative, le jeu vidéo a toujours survécu — non pas grâce aux blockbusters, mais grâce à ceux qui osent défier les normes.

Alors, si cet appel est entendu, peut-être que le futur du jeu vidéo sera moins sûr… mais infiniment plus vivant.

 

Lien de la redifusion de la gamescom : https://www.youtube.com/live/Z7gFySb4xqo

Compartir en Facebook Compartir en Facebook Compartir en Twitter Compartir en Twitter Compartir en Linkedin Compartir en Linkedin Compartir en WhatsApp Compartir en WhatsApp

Artículos similares

Test Active Matter PC: extraction shooter entre tension et anomalies Pruebas de juegos

18/10/2025

Test Active Matter PC: extraction shooter entre tension et anomalies

Notre test de Active Matter sur PC explore son gameplay tendu et ses anomalies inquiétantes. Un prototype prometteur, mais encore instable.

Ver más
Marvel Zombies, Glenn Schofield et révélations majeures à la gamescom Asia 2025 Eventos y convenciones

18/10/2025

Marvel Zombies, Glenn Schofield et révélations majeures à la gamescom Asia 2025

Marvel Zombies, Glenn Schofield et projets innovants ont marqué le jour 2 de la gamescom Asia × Thailand Game Show 2025.

Ver más
Spellcasters Chronicles: le virage multijoueur audacieux de Quantic Dream Lanzamiento de juegos

17/10/2025

Spellcasters Chronicles: le virage multijoueur audacieux de Quantic Dream

Quantic Dream dévoile Spellcasters Chronicles, un jeu multijoueur 3v3 stratégique mêlant magie, invocations et action compétitive.

Ver más