
Hordes of Hunger s'impose dès ses premières minutes comme une plongée abyssale dans un monde sombre, désolé, et pourtant étrangement familier. Développé par Hyperstrange, ce roguelite action-RPG nous met dans la peau de Mirah, une jeune fille investie d'une mission cruciale: lever une malédiction pesant sur son univers, menacé de sombrer définitivement dans les ténèbres. Le jeu parvient à conjuguer des mécaniques de gameplay exigeantes avec une ambiance oppressante, où chaque pas semble guidé par le désespoir… et la détermination.
Dès le départ, Hordes of Hunger capte l’attention par sa direction artistique ténébreuse et son univers narratif dense, disséminé à travers les fragments d’un monde en ruine. L’expérience est marquée par une progression exigeante, soutenue par une structure roguelite originale et des affrontements frénétiques dans des arènes pleines de pièges et d’ennemis. Mais ce n’est pas tout: sous son vernis de brutalité, le jeu cache une richesse de systèmes et une profondeur rarement atteintes dans ce genre surpeuplé depuis Vampire Survivors.
Ce test complet vous emmène dans les recoins les plus sombres de Hordes of Hunger, en explorant ses mécaniques de jeu, sa narration énigmatique et ses choix de design audacieux. Préparez-vous à affronter les ténèbres... ou à les dompter.
Un monde sombre et envoûtant
Une atmosphère pesante et immersive
L’univers de Hordes of Hunger est un chef-d’œuvre de noirceur. Chaque recoin de ses arènes suinte la désolation, le danger, et cette étrange sensation d’être observé. On y ressent une mélancolie oppressante, portée par une direction artistique qui évoque un enfer gothique en perpétuelle agonie. Les décors en ruine, les éclairages minimalistes et les effets sonores dissonants contribuent à une immersion sensorielle rare, voire dérangeante.
« On ne traverse pas ce monde, on s’y enfonce comme dans une vase empoisonnée. »
Cette ambiance est amplifiée par une bande-son poignante, aux teintes lugubres, qui enveloppe le joueur d’un voile de tension permanente. La musique, tout en discrétion, accompagne les phases d’exploration et explose lors des combats intenses, intensifiant chaque moment dramatique.
Une direction artistique inspirée
Hyperstrange réussit à créer un univers visuel cohérent malgré la répétitivité relative des arènes. Les ennemis partagent des designs similaires, mais c’est le traitement artistique et l’utilisation habile de la lumière et des couleurs qui maintiennent une forte identité visuelle. Chaque niveau donne l’impression d’un cauchemar renouvelé, une forme de descente dans un abîme toujours plus insondable.
La verticalité ajoutée dans le design — via des escaliers, plateformes et chemins en hauteur — confère une dynamique visuelle et stratégique bienvenue. Cela permet non seulement de varier les affrontements, mais aussi d’insuffler une certaine lisibilité dans ce chaos visuel organisé. La juxtaposition de ces éléments artistiques transforme ce qui aurait pu être un banal champ de bataille en un théâtre d’horreur stylisé.
Un gameplay roguelite innovant
Système de progression et de compétences

Si Hordes of Hunger impressionne par son atmosphère, il brille tout autant par ses mécaniques de jeu soigneusement conçues. En digne héritier du roguelite, il propose un système de progression basé sur des choix de perks à chaque montée de niveau. Jusque-là, rien de bien neuf. Mais Hyperstrange introduit une subtilité qui change la donne: les améliorations de statistiques évolutives.
Plutôt que d’octroyer un simple bonus immédiat — du style “+5% d’attaque” —, le jeu propose des bonus progressifs, qui s’amplifient à mesure que le joueur monte en niveau après avoir choisi un perk donné. Ainsi, une amélioration peut offrir “+2% par niveau gagné après sélection”, ce qui pousse à réfléchir stratégiquement à long terme, bien au-delà du run en cours.
Cette originalité s’intègre parfaitement à une boucle de gameplay déjà efficace. Chaque run devient un terrain d’expérimentation, où il s’agit de tester des synergies entre perks, armes, et capacités. Les builds possibles se diversifient avec les runs, renforçant la rejouabilité sans tomber dans la lassitude.
La mécanique de la "Sanctuary" et le rôle du "Père"
Le gameplay de Hordes of Hunger est également rythmé par un système de segments. Chaque partie est divisée en trois phases de combat, entrecoupées par la “Sanctuary”, une pause stratégique offerte par un personnage énigmatique: le “Père”. Ce mentor spectral est bien plus qu’un simple guide: il incarne l’un des rares liens humains de Mirah, et surtout, un élément central du gameplay.
Lors de ces pauses, deux choix s’offrent au joueur: poursuivre l’aventure en accomplissant un objectif aléatoire, ou rentrer à la base pour sécuriser les ressources acquises. Cette mécanique introduit un dilemme permanent entre risque et récompense, renforcé par la possibilité de perdre une partie de ses ressources en cas de défaite.
“Le Père vous offre le choix de la prudence ou de l’audace. À vous de décider si vous êtes prêt à tout perdre… ou à tout gagner.”
De plus, grâce à ces ressources, on peut accéder à des améliorations permanentes, solidifiant peu à peu notre puissance pour les futures tentatives. C’est là que le cœur du roguelite bat avec le plus de force: on échoue, on apprend, et surtout, on s’améliore.
Des combats dynamiques et stratégiques
Variété des ennemis et des arènes
Dans Hordes of Hunger, chaque affrontement est une danse macabre entre chaos et précision. Bien que les ennemis puissent sembler similaires à première vue, ils se distinguent par des comportements et des schémas d’attaque variés qui forcent le joueur à adapter constamment sa stratégie. Certains foncent tête baissée, d’autres attaquent à distance ou en groupe, créant une pression constante.
Les arènes, quant à elles, ne sont pas de simples décors. Elles regorgent de plateformes, de couloirs, de recoins dangereux, et d’espaces ouverts où les combats prennent une tournure verticale et tactique. Le joueur peut fuir vers les hauteurs pour échapper à une marée ennemie, ou tendre une embuscade dans un passage étroit. Cette verticalité renforce la sensation de mouvement permanent, rendant chaque bataille palpitante.
Construction et personnalisation de l’équipement
L’autre atout majeur du système de combat repose sur la personnalisation de l’arsenal. Au fil des runs, le joueur collecte des pièces d’équipement, notamment des composants pour créer de nouvelles armes ou améliorer les existantes. Cette mécanique de crafting n’est pas un simple gadget: elle impacte profondément la manière de jouer.
Certaines armes offrent des capacités spéciales ou des bonus passifs, incitant à créer des synergies avec les perks choisis. Vous pouvez ainsi construire un personnage spécialisé dans les attaques de zone, ou au contraire miser sur la vitesse et l’esquive. Ce système invite à l’expérimentation, et chaque nouvelle configuration peut bouleverser l’approche d’un run.
Ce mélange entre intensité des combats, verticalité du terrain et personnalisation avancée de l’équipement donne au jeu une profondeur tactique rare, surpassant bien des concurrents dans le domaine des jeux de survie à hordes.
Une narration fragmentée mais captivante
Le personnage de Mirah et son périple
Dans la tourmente de ce monde ravagé, Mirah, l’héroïne de Hordes of Hunger, incarne l’ultime lueur d’espoir. Peu bavarde mais émotionnellement complexe, elle est le pivot émotionnel de l’aventure. Dès les premiers instants, le joueur est projeté dans sa quête: lever une malédiction obscure, seul rempart contre la chute définitive de son univers. Une mission démesurée pour une jeune fille, qui ajoute à la tension dramatique.
Son voyage n’est pas seulement physique. Il est aussi psychologique et introspectif, jalonné de moments de doute, de révélations et de rencontres troublantes. L’absence d’un grand nombre de dialogues est contrebalancée par une narration environnementale habile, où chaque objet, chaque ruine, chaque fragment du Codex raconte une part du monde et de ses mystères.
“Mirah avance dans les ténèbres non pour les fuir, mais pour les comprendre.”
Les PNJ et l’univers narratif
Parmi les figures rencontrées, “Père” occupe une place centrale. À la fois guide, mentor et gardien d’un savoir ancien, il est le fil conducteur d’une trame narrative subtilement disséminée. Sa capacité à intervenir entre les segments du jeu et à accorder des faveurs précieuses en fait plus qu’un simple personnage secondaire: il est l’architecte invisible de votre survie.
Le reste du casting se compose de survivants épars, souvent marqués par la folie ou la résignation. Leurs histoires personnelles, bien que livrées au compte-gouttes, renforcent l’ambiance de fin du monde. Cette narration en filigrane, presque brumeuse, peut frustrer par moments. Les temps morts entre deux révélations importantes sont parfois longs, et certains détails cruciaux peuvent se perdre dans l’oubli.
Heureusement, le Codex intégré permet de recoller les morceaux — un peu maladroitement — mais suffisant pour maintenir une cohérence d’ensemble. En somme, Hordes of Hunger opte pour une narration elliptique, exigeant de la patience, mais qui récompense l’attention du joueur avec une profondeur insoupçonnée.
Points forts et axes d'amélioration
Les réussites du jeu
Hordes of Hunger se distingue par de nombreuses qualités qui le hissent au-dessus de la mêlée des roguelites sortis ces dernières années. Son ambiance oppressante est indéniablement réussie: la direction artistique, sombre et évocatrice, combinée à une bande-son envoûtante, installe une immersion rarement atteinte. Ce monde dévasté, qui semble murmurer ses secrets à qui prend le temps d’écouter, captive et effraie à la fois.
Côté gameplay, le titre brille également. La personnalisation des compétences, grâce à un système de perks progressifs, est originale et bien pensée. L’introduction de choix stratégiques avec la “Sanctuary” et les améliorations permanentes renforce la profondeur du jeu, tout comme la verticalité des arènes, qui ajoute une vraie dimension tactique aux combats.
Enfin, la rejouabilité est excellente. Chaque run apporte ses surprises, ses récompenses uniques, et ses enseignements. Les builds possibles, les configurations d’ennemis, les objectifs aléatoires: tout concourt à une expérience dynamique et sans cesse renouvelée.
Les aspects perfectibles
Cependant, tout n’est pas parfait. Le principal point faible de Hordes of Hunger réside dans sa narration. Si le choix d’un récit elliptique et fragmenté peut séduire les joueurs adeptes de mystère, il risque aussi de perdre les moins attentifs. Certains éléments de l’intrigue sont distants, mal reliés entre eux, et l’absence de rappels narratifs réguliers peut nuire à la compréhension globale. L’utilisation du Codex, bien qu’utile, ne suffit pas toujours à recoller les morceaux.
Autre bémol: la redondance des ennemis. Bien qu’ils adoptent des comportements variés, leur design reste souvent similaire, ce qui peut donner un sentiment de déjà-vu après plusieurs heures de jeu. Un peu plus de diversité visuelle et d’animations aurait renforcé l’aspect épique de certains affrontements.
Enfin, si la difficulté progressive est un atout, elle peut parfois basculer dans la frustration, surtout lorsque l’on perd de précieuses ressources sur une erreur mineure. Un meilleur équilibrage des récompenses et pénalités renforcerait encore la courbe d’apprentissage.
Points positifs et négatifs
✅ Points positifs
- Ambiance immersive: Direction artistique sombre et cohérente, renforcée par une bande-son poignante.
- Gameplay innovant: Système de perks évolutifs et verticalité des arènes qui ajoutent de la profondeur stratégique.
- Personnalisation des builds: Grand éventail d’armes, de compétences et d'améliorations permanentes.
- Rejouabilité élevée: Chaque run est unique grâce à des objectifs et configurations ennemies aléatoires.
- Narration environnementale soignée: Un univers mystérieux à découvrir au fil des fragments.
❌ Points négatifs
- Narration trop éparse: Les éléments de scénario sont trop éloignés, ce qui nuit à la cohésion de l’histoire.
- Design des ennemis peu varié: Une plus grande diversité visuelle renforcerait l’impact des affrontements.
- Punitivité des échecs: La perte de ressources peut être frustrante, surtout en cas d’erreur mineure.
- Temps morts narratifs: Certains joueurs pourraient décrocher entre deux révélations scénaristiques importantes.
En quelques mots
Hordes of Hunger est un véritable diamant brut dans l’univers des roguelites. Grâce à une direction artistique puissante, une atmosphère lourde et immersive, et des mécaniques de jeu à la fois familières et audacieusement repensées, le titre d’Hyperstrange parvient à captiver, à surprendre, et surtout à proposer une expérience mémorable.
Mirah, dans sa lutte solitaire contre les ténèbres, incarne une aventure à la fois intime et tragique, portée par un univers énigmatique où chaque run dévoile un peu plus les secrets d’un monde brisé. Malgré quelques lourdeurs narratives et une certaine répétitivité visuelle, le jeu s’impose comme une référence montante dans son genre.
À ceux qui aiment les défis corsés, les ambiances ténébreuses et les mécaniques profondes, Hordes of Hunger offre un voyage aussi exigeant qu’inoubliable. Préparez vos armes, vos réflexes… et votre volonté