
Vampire: The Masquerade - Bloodlines 2 est enfin là. Après des années de développement chaotiques, plusieurs changements de studio, et un silence radio inquiétant de la part de Paradox Interactive, le jeu a finalement une date de sortie officielle : le 21 octobre 2025, sur PS5, Xbox Series X|S et PC. Censé être la suite spirituelle du culte Bloodlines de 2004, ce nouvel opus devait redorer le blason d’une licence adorée par les amateurs de RPG narratifs et d’univers sombres.
Mais alors que l’attente touchait à sa fin, la presse spécialisée a commencé à livrer ses premières impressions… et c’est la douche froide pour certains. Avec une moyenne Metacritic de 67 % sur PC et 64 % sur PS5, le titre ne fait clairement pas l’unanimité. Du côté d’OpenCritic, le constat est similaire : 66 % de moyenne sur 19 critiques. Si quelques tests saluent l’ambiance, la narration et les mécaniques de gameplay, d’autres pointent du doigt des faiblesses techniques et un monde ouvert désespérément creux.
Dans cet article, nous allons plonger dans ce mélange d’éloges et de déceptions, en analysant les points forts et les failles de ce titre tant attendu. Est-ce que Bloodlines 2 mérite vraiment son accueil tiède ? Ou cache-t-il une expérience qui saura satisfaire un public bien ciblé ?
Contexte et attentes autour du jeu
Les origines du titre et la licence « Vampire: The Masquerade – Bloodlines »
L’univers de Vampire: The Masquerade prend racine dans le jeu de rôle papier créé par White Wolf Publishing dans les années 90. Sombre, gothique, profondément mature, il a su séduire une communauté fidèle grâce à sa richesse narrative et ses factions vampiriques intrigantes. En 2004, Troika Games sortait Vampire: The Masquerade – Bloodlines, un RPG sur PC rapidement devenu culte. Malgré ses bugs et une sortie précipitée, ce jeu offrait un scénario captivant, une immersion rare, et une profondeur de gameplay qui ont marqué durablement le genre.
Depuis, la franchise a connu quelques tentatives de résurrection, mais sans réel succès sur le plan vidéoludique. Bloodlines 2 représentait donc l’espoir d’un retour en grâce.
Développements, reports et pression des fans
Annoncé en 2019, le développement de Bloodlines 2 a été un véritable cauchemar industriel. D’abord confié à Hardsuit Labs, le projet a été largement critiqué pour sa direction artistique et ses premières présentations jugées datées. En 2021, Paradox a décidé de retirer le jeu des mains du studio, pour finalement le confier à The Chinese Room (connus pour Everybody’s Gone to the Rapture).
Ce changement de cap a entraîné plusieurs années de silence, des reports successifs, et une refonte quasi complète du jeu, relançant autant l’impatience que la méfiance des fans.
Que promettait ce second volet ?
Malgré les difficultés, Bloodlines 2 promettait beaucoup : un monde ouvert dans Seattle, des factions vampiriques aux choix moraux tranchés, un gameplay mêlant action, infiltration et compétences surnaturelles, ainsi qu’une narration fidèle à l’esprit du jeu original. Les attentes étaient claires : retrouver la profondeur narrative du premier opus, mais avec des graphismes modernes et une structure de monde plus libre.
Et surtout, il s’agissait pour Paradox de prouver que la licence World of Darkness avait encore sa place dans le paysage vidéoludique de 2025.
Une réception critique contrastée
Les scores jardins : Metacritic, OpenCritic, etc.
Dès les premières publications de tests, Vampire: The Masquerade – Bloodlines 2 affiche des résultats inférieurs aux attentes. Sur Metacritic, le jeu obtient 67 % sur PC (19 critiques) et 64 % sur PS5 (21 critiques). De son côté, OpenCritic enregistre une moyenne de 66 % sur 19 critiques également. Ces scores, bien que temporaires et susceptibles d’évoluer, reflètent une tendance nette : le jeu divise.
Ce n’est pas un effondrement total, mais ce n’est certainement pas non plus le retour triomphant espéré. Pour un titre aussi attendu, ces chiffres sonnent comme une alerte.
Exemples de retours positifs
Certains médias ont toutefois trouvé de quoi se réjouir. Everyeye.it lui attribue un 8/10, saluant une atmosphère soignée et un respect global de la licence. PlayStation Universe lui donne 7,5/10, soulignant un bon équilibre entre action et narration. Game Informer, Game Rant et GameSpot offrent tous 7/10, une note modérée mais encourageante, mettant en avant l’ambiance et les pouvoirs vampiriques, ainsi que l'efficacité du gameplay infiltration/action.
Un extrait de la critique de GameSpot résume bien ce sentiment :
"Bloodlines 2 réussit à capturer l’essence du monde des ténèbres, mais trébuche sur les détails qui rendent une expérience vraiment inoubliable."
Exemples de critiques marquantes
À l’opposé, certains tests sont bien plus sévères. DualShockers ne lui donne que 5/10, dénonçant des problèmes techniques et un manque de profondeur. Push Square va encore plus loin avec un 4/10, tandis que GamesRadar+ et TechRadar Gaming infligent un cinglant 1,5/5. Ces critiques reprochent notamment un monde ouvert vide, des activités annexes peu engageantes et des bugs trop nombreux.
Ces verdicts plus durs insistent sur une frustration liée à un potentiel non exploité, une formule prometteuse qui échoue à pleinement convaincre.
Interprétation : pourquoi un tel écart d’avis ?
Ce grand écart critique peut s’expliquer par plusieurs facteurs :
- Les attentes extrêmement élevées placées sur le jeu après plus de 5 ans de développement.
- Une fracture générationnelle entre les fans du premier opus et les nouveaux venus, qui ne jugent pas selon les mêmes critères.
- Une structure de jeu hybride, entre RPG et action, qui peut décevoir les puristes de l’un comme de l’autre.
Bref, Bloodlines 2 semble souffrir du syndrome du jeu "mi-figue, mi-raisin" : bon dans certains domaines, frustrant dans d’autres, suffisant pour séduire certains, mais trop limité pour convaincre tout le monde.
Ce qui fonctionne dans le jeu
L’histoire, l’ambiance vampirique et la narration
L’un des points les plus unanimement salués dans Bloodlines 2, c’est sa capacité à immerger le joueur dans l’univers ténébreux du Monde des Ténèbres. L’écriture est globalement solide, les dialogues bien construits et les choix proposés donnent une vraie impression d’impact sur le déroulement de l’aventure. Les factions vampiriques, leurs intrigues politiques et les dilemmes moraux plongent le joueur dans une ambiance aussi mystérieuse que délicieusement macabre.
Certains testeurs évoquent même une narration plus maîtrisée que celle du premier opus, bien que moins audacieuse. The Chinese Room semble avoir bien compris l’essence de l’univers, en y injectant leur patte narrative caractéristique.
Le gameplay action‑infiltration et les compétences vampiriques
Là aussi, le jeu tire son épingle du jeu. Le gameplay, qui mêle infiltration, action et utilisation de pouvoirs surnaturels, est jugé suffisamment fluide et agréable. Les pouvoirs vampiriques, bien qu’un peu classiques, sont variés et donnent un vrai sentiment de puissance. Que ce soit pour se faufiler dans l’ombre, éliminer un ennemi silencieusement ou déclencher des attaques spectaculaires, le joueur a à sa disposition un arsenal de compétences qui renforce l’immersion.
L’infiltration n’est pas révolutionnaire, mais fonctionne. Le level design, bien que perfectible, offre des opportunités de jeu intéressantes pour les joueurs qui aiment explorer différentes approches.
L’aspect visuel, direction artistique et univers
Graphiquement, Bloodlines 2 n’est pas un monstre technique, mais la direction artistique compense largement. L’esthétique sombre et urbaine de Seattle est bien rendue, avec des jeux de lumière stylisés, des intérieurs immersifs et une ambiance sonore qui complète bien le tableau. Certaines séquences bénéficient d’une mise en scène inspirée, qui contribue à renforcer la tension et la beauté lugubre du monde.
Il est également à noter que le character design des vampires et les animations lors de l’utilisation des pouvoirs renforcent l’impression d’être une créature de la nuit puissante et terrifiante.
Ce qui pêche (et ce que beaucoup regrettent)
Technique en retrait, problèmes de performance et finition
Là où le bât blesse, c’est clairement du côté technique. Bloodlines 2 souffre de nombreux bugs, allant de simples problèmes de collision à des crashs plus gênants. Certains testeurs ont rapporté des chutes de framerate, même sur des machines récentes, ainsi que des temps de chargement longs et mal optimisés.
Le moteur du jeu, bien qu’amélioré depuis les premières versions montrées par Hardsuit Labs, ne parvient pas à se hisser au niveau des standards actuels. Le rendu global peut parfois sembler daté, surtout dans les animations faciales ou les interactions avec l’environnement. On sent que la refonte partielle n’a pas suffi à gommer toutes les aspérités techniques.
"Ce n’est pas laid, mais ce n’est clairement pas poli non plus." – un sentiment exprimé par plusieurs critiques.
Monde ouvert peu dense et activités secondaires peu convaincantes
Autre point noir majeur : le monde ouvert. Bien que le concept de parcourir Seattle en tant que vampire soit séduisant sur le papier, la réalité est bien moins exaltante. Les quartiers explorables manquent de vie, d’interactions intéressantes et surtout… de contenu. On se retrouve souvent à errer dans des ruelles vides, sans réelle stimulation.
Les missions secondaires, censées enrichir l’univers, sont pour la plupart anecdotiques, répétitives ou mal écrites. Très loin des quêtes secondaires marquantes d’un The Witcher 3 ou même du premier Bloodlines. L’exploration donne une impression de remplissage plutôt que de découverte, ce qui nuit à l’immersion.
L’écart entre promesse RPG et réalité action/hybride
Enfin, beaucoup de critiques pointent du doigt un déséquilibre dans la formule de jeu. Là où Bloodlines 2 se présentait comme un RPG profond, avec dialogues à choix multiples, ramifications narratives et personnalisation poussée, la réalité penche davantage vers un jeu d’action teinté d’éléments RPG.
Les arbres de compétences sont limités, les choix de dialogues manquent parfois de conséquence, et la progression du personnage est jugée peu gratifiante. En d’autres termes, les amateurs de RPG classiques risquent de rester sur leur faim, tandis que les joueurs d’action pourraient ne pas accrocher à la lourdeur narrative.
Pour qui ce jeu peut‑il encore avoir du sens ?
Les fans de l’univers vampiresque et narratif
Malgré ses défauts, Bloodlines 2 conserve un atout de taille : son univers riche et unique. Pour les amateurs du Monde des Ténèbres, l’ambiance nocturne, les intrigues politiques entre clans, et l’immersion dans une société vampirique complexe ont de quoi séduire. Le jeu reste fidèle à l’esprit de la licence, et les fans retrouveront certains codes et références qui sauront les convaincre de plonger dans l’aventure, même imparfaite.
La narration, bien qu’inégale, propose des moments forts, et pour ceux qui apprécient les jeux où l’on prend le temps de lire, choisir ses mots et observer les réactions des personnages, il y a de quoi s’amuser.
Ceux qui recherchent l’expérience RPG classique sont-ils servis ?
Là, c’est plus compliqué. Les puristes du RPG risquent d’être déçus par la simplification des mécaniques, l’impact limité des choix ou encore la progression du personnage peu profonde. Le jeu n’est pas un successeur spirituel de Baldur’s Gate ou Disco Elysium, mais plutôt un RPG d’ambiance, qui mise plus sur la narration et l’esthétique que sur la richesse systémique.
Cependant, pour ceux qui aiment les RPG plus accessibles ou hybrides (à la manière d’un Deus Ex: Mankind Divided), Bloodlines 2 peut représenter une option valable, à condition de baisser légèrement ses attentes.
Recommandations d’achat ou d’attente
En l’état, le jeu peut valoir le coup si :
- Tu es fan de vampires, d’ambiance gothique et de récits politiques sombres.
- Tu es prêt à faire quelques concessions techniques et structurelles.
- Tu n’attends pas un chef-d'œuvre, mais une aventure immersive et stylée.
Dans le cas contraire, attendre quelques patches (voire une édition « définitive » ou « GOTY ») pourrait être une stratégie plus sage. Le potentiel est là, mais il est bridé par des faiblesses techniques et des choix de conception discutables. Et vu l’historique du développement, il est possible que Paradox suive le titre dans la durée pour corriger le tir.
En quelques mots
Vampire: The Masquerade – Bloodlines 2 est un jeu chargé d’héritage, d’attentes et de promesses. À sa sortie, il peine à tenir toutes ses promesses, mais il parvient néanmoins à offrir une expérience immersive et intrigante pour les amateurs du genre.
On retiendra de lui une ambiance soignée, une narration bien écrite, et des pouvoirs vampiriques agréables à utiliser, mais aussi une réalisation technique datée, un monde ouvert sous-exploité, et une structure RPG trop timide pour pleinement convaincre les puristes.
Le jeu n’est pas un échec total, mais une occasion manquée d’offrir un grand RPG vampirique moderne. Reste à voir si, avec du suivi et des mises à jour, Bloodlines 2 parviendra à séduire un public plus large avec le temps. En l’état, il s’adresse avant tout aux fans indulgents et aux joueurs en quête d’une aventure sombre et narrative, plus que d’un chef-d'œuvre technique.