
DOOM: The Dark Ages débarque sur PC avec une proposition audacieuse : transformer l’ultra-violence nerveuse et aérienne de DOOM Eternal en un ballet lourd et brutal, ancré dans un univers médiéval-fantastique sombre. Trois décennies après le tout premier épisode, la licence culte d’id Software continue de muter, refusant de se reposer sur ses acquis. Et si ce nouvel opus prend le contrepied de son prédécesseur sur bien des points, il réussit l’exploit de conserver intacte l’adrénaline pure qui fait battre le cœur de ses fans.
Le joueur y incarne un Doom Slayer encore plus barbare, plus furieux, presque plus humain dans son rapport à la guerre. Ici, il n’est plus question de dash frénétique toutes les deux secondes, ni de puzzle de changement d’armes millimétré. The Dark Ages impose un rythme plus lourd, plus stratégique, mais aussi plus épique. Avec une direction artistique qui évoque autant le métal des années 90 que l’imaginaire de Lovecraft, ce DOOM revisite ses fondations tout en posant les pierres d’un futur audacieux.
Entre un gameplay repensé, un lore enrichi, des innovations technologiques et une réalisation qui frôle l’excellence, DOOM: The Dark Ages propose une expérience qui divise autant qu’elle captive. Voici notre verdict sur cette nouvelle plongée en enfer, version PC.
Un retour aux sources: une campagne plus sombre et plus narrative
Une préquelle ambitieuse
Dans DOOM: The Dark Ages, id Software remonte le temps et explore une période méconnue du mythe du Slayer. Cette préquelle se déroule avant les événements de DOOM (2016), bien avant que notre héros ne soit enfermé dans un sarcophage sur une station UAC. L’enjeu ici n’est pas tant de développer la psychologie du personnage – qui reste le guerrier muet et surpuissant que l’on connaît – mais plutôt d’élargir l’univers en révélant les origines du conflit millénaire entre l’humanité, les démons et les mystérieux Maykrs.
C’est une approche nouvelle pour la licence, plus axée sur le worldbuilding que sur la narration traditionnelle. La trame gagne en cohérence, en liant intelligemment les anciens jeux à une mythologie plus vaste, plus dense. Les Sentinelles, caste de défenseurs de l’humanité, occupent désormais une place centrale, tout comme le pan cosmique de l’univers DOOM qui se dévoile dans des environnements aussi vertigineux que dérangeants.
“C’est la meilleure narration qu’un jeu DOOM ait jamais offerte, même si la barre n’était pas très haute à franchir.”
Une ambiance médiévale et cosmique
Le pari esthétique de The Dark Ages est clair : mélanger l’imagerie médiévale, les armures massives, les châteaux gothiques et les paysages infernaux avec une touche de science-fiction décadente. Ce mélange donne naissance à des lieux mémorables: citadelles fortifiées hantées par les démons, ruines cyclopéennes baignées de lumière rougeoyante, ou encore le Cosmic Realm, sorte de dimension lovecraftienne où la géométrie défie les lois de la réalité.
Ce dernier est un des points d’orgue du jeu. En plus de ses énigmes étranges et de son atmosphère oppressante, il rompt avec la linéarité habituelle des environnements DOOM en proposant des zones plus ouvertes, remplies de secrets et de défis optionnels.
L’ambiance globale, bien plus sombre et apocalyptique, sert parfaitement le propos de cette guerre ancestrale. Le joueur ne se bat plus seulement pour survivre, mais pour comprendre les racines d’un chaos cosmique qui dépasse l’humain.
Un gameplay repensé: entre brutalité et stratégie

Le bouclier, une révolution défensive et offensive
La grande nouveauté de DOOM: The Dark Ages, c’est l’introduction du bouclier du Slayer. À la fois outil de protection et arme redoutable, il redéfinit le style de combat du jeu. Là où Doom Eternal poussait à l’évitement constant et aux acrobaties frénétiques, The Dark Ages encourage une approche plus frontale, plus méthodique, presque chevaleresque.
Le bouclier permet de bloquer les attaques rouges ou de parer les vertes pour les renvoyer sur l’ennemi et le sonner temporairement. Les timings sont généreux, même en mode Nightmare, mais une personnalisation des options de difficulté permet d’ajuster la fenêtre de parry selon les préférences de chacun.
“Le Slayer reste mobile, mais c’est désormais un tank mobile.”
Ce n’est pas tout : le bouclier sert aussi à charger dans les rangs ennemis, à la manière d’un bélier. Cette capacité de dash offensif permet non seulement de briser des lignes, mais aussi de fuir un combat trop risqué. Plus tard, il devient même possible de le lancer à la Captain America, décapitant des vagues de démons d’un seul coup, ou de l’envoyer sur un monstre plus costaud pour le désarmer temporairement.
Des combats plus lents mais plus tactiques
Avec l’abandon du double saut et des dashs multidirectionnels, on pourrait croire que l’action perd en dynamisme. Mais c’est tout le contraire. The Dark Ages échange la vélocité pour une tension constante. Le joueur doit lire l’arène, anticiper les vagues ennemies, utiliser le décor, et surtout exploiter intelligemment ses outils.
Chaque type d’ennemi a sa faiblesse, mais contrairement à DOOM Eternal, celles-ci ne sont pas liées à des armes spécifiques. Cela offre plus de liberté d’approche et moins de pression sur le multitâche à haute vitesse. Le résultat : des affrontements toujours aussi intenses, mais moins mécaniques, plus instinctifs.
Des ennemis revisités et des boss redoutables
Si les visages familiers sont toujours là – Imps, Hell Knights, Mancubi – ils reviennent sous une forme plus adaptée à l’univers médiéval-fantastique. Le Pinkie, par exemple, est désormais monté par un archer démoniaque. De nouvelles créatures comme le Cacodémon cosmique ou le retour de la Vagary de DOOM 3 apportent du sang neuf et de la variété.
Mais ce qui frappe surtout, c’est la quantité d’ennemis à l’écran. id Software a démultiplié les effectifs, et certaines zones donnent vraiment l’impression d’être au cœur d’une guerre totale contre les enfers. Cela impose une rigueur dans les placements, une maîtrise du bouclier et de ses capacités, et une bonne gestion des priorités.
Un arsenal varié et personnalisable
Des armes classiques revisitées
Pas de DOOM sans ses armes emblématiques, et The Dark Ages ne déroge pas à la règle. Du Super Shotgun au Plasma Rifle, en passant par le Rocket Launcher, tous les favoris sont là, mais relookés façon médiévale: l’assaut devient une arbalète railgun, le sniper une baliste à projectiles d’acier, et les munitions prennent une forme plus brutale, plus archaïque.
Mais rassurez-vous, le feeling reste intact. Les armes claquent, grognent, craquent sous vos doigts, avec un retour sonore et visuel toujours aussi jouissif. Le jeu ne réinvente pas la roue sur les mécaniques de tir, mais il renforce leur impact par une mise en scène plus viscérale et des animations encore plus détaillées.
Des nouveautés dévastatrices
Parmi les nouvelles venues, la Skullcrusher Pulverizer mérite une mention spéciale. Sorte de chaingun à dispersion extrême, elle peut transformer une plaine entière d’ennemis en bouillie. Elle brille surtout dans les combats contre les hordes de petits ennemis, et vient parfaitement compléter une panoplie déjà bien fournie.
Chaque arme possède aussi une sœur jumelle, partageant les mêmes munitions mais proposant un usage différent. Par exemple, au lance-roquettes s’ajoute un lance-grenades ; au Pulverizer, un Ravager plus précis et concentré. Ce système encourage l’expérimentation et donne au joueur encore plus de leviers pour adapter son style de jeu.
“Chaque arme reste utile tout au long du jeu, à condition d’investir dans les bonnes améliorations.”
Un système d'amélioration stratégique
Les armes peuvent être améliorées via des ressources disséminées dans les niveaux. Certaines mods permettent d’enflammer les ennemis pour générer de l’armure, d’autres déclenchent des effets de zone ou des saignements pour récupérer de la vie. Ce retour des mécaniques de survie via l’armement est parfaitement dosé et permet une construction de build selon les préférences du joueur.
Et grâce à la progression bien rythmée de la campagne, chaque nouvelle arme ou capacité arrive au bon moment, maintenant en permanence une sensation de fraîcheur. Il n’y a jamais de stagnation, chaque niveau vous récompense d’une nouveauté, renforçant le sentiment de montée en puissance constante.
Exploration et rejouabilité: un monde riche en secrets
Des niveaux vastes et labyrinthiques
DOOM: The Dark Ages abandonne la linéarité des anciens opus au profit de cartes tentaculaires, parfois gigantesques, dignes de véritables champs de bataille à ciel ouvert. Ces niveaux regorgent de routes alternatives, plateformes cachées et portes verrouillées qui ne demandent qu’à être déverrouillées avec les bonnes clés ou compétences. C’est un retour en force de l’exploration dans la série, flirtant même par moments avec l’approche d’un Metroidvania.
Chaque zone devient un terrain de jeu meurtrier, mais aussi une chasse au trésor géante, où le joueur doit prendre le temps d’observer, fouiller, sauter et expérimenter. Ces moments plus calmes contrastent parfaitement avec l’intensité des affrontements, donnant au jeu un rythme bien plus maîtrisé et stimulant.
Des collectibles et défis stimulants
Les fans de la série seront ravis d’apprendre que tous les collectibles iconiques sont de retour : figurines, pages de lore, skins d’armes et bien sûr la monnaie d’amélioration. Le jeu récompense largement l’exploration, et certains secrets mènent même à des combats optionnels surpuissants, des mini-boss, voire des séquences de gameplay alternatives.
Les défis secondaires sont nombreux, allant de l’élimination chronométrée à l’exploration minutieuse. Cette couche supplémentaire transforme chaque niveau en mini-campagne avec ses propres objectifs annexes, donnant envie de tout recommencer pour atteindre le 100 %.
Des phases alternatives: dragon et mécha

Id Software s’est aussi permis quelques folies avec des séquences à dos de dragon ou en armure géante façon Doomazord. Si ces phases sont simples (dodge, shoot, repeat), elles ont le mérite de varier le gameplay et d’offrir de vrais moments de bravoure. Piloter un dragon pour mitrailler les cieux ou fracasser des démons de plusieurs mètres en un coup de poing, c’est aussi ça, The Dark Ages.
Ces séquences ne durent jamais trop longtemps, mais elles apportent une respiration bienvenue dans une boucle de gameplay intense et sanglante. Et elles brillent surtout par leur mise en scène, avec des panoramas épiques et une musique qui donne envie d’enfoncer des portes à coups de riff.
Une réalisation technique de haut vol
Graphismes et direction artistique
DOOM: The Dark Ages impressionne immédiatement par sa direction artistique audacieuse. Fini les stations spatiales froides et les zones industrielles futuristes, place à un univers baroque, sombre et gothique, parsemé de châteaux délabrés, de forêts pourries et de cités cyclopéennes déchues. Le tout baigne dans une ambiance saturée de lumière rouge, de brume verte et de viscères démoniaques.
Ce nouvel habillage n'est pas qu'un simple lifting : il renouvelle profondément l’expérience visuelle. Les environnements sont riches en détails, les effets de lumière percutants, et l'ensemble dégage une atmosphère lourde et immersive. Le Cosmic Realm, en particulier, évoque des toiles de Zdzisław Beksiński tant il est dérangeant et fascinant.
Performances sur PC et technologies embarquées
Techniquement, le jeu tourne de manière exemplaire sur PC. Optimisé pour le plus grand nombre de configurations, The Dark Ages propose de nombreux paramètres graphiques et une fluidité à toute épreuve, même dans les séquences où des centaines d’ennemis saturent l’écran.
Le moteur maison d’id Software, l’id Tech 8, brille encore une fois. Il offre des temps de chargement réduits, une gestion dynamique des ombres et particules, et une stabilité exemplaire, même en 4K avec ray tracing activé. Les plus pointilleux noteront que le jeu gère aussi le DLSS et le FSR, permettant aux configurations moyennes d’atteindre des performances très confortables.
Une bande-son toujours aussi percutante
Impossible de parler de DOOM sans évoquer la musique. Si Mick Gordon ne signe plus la bande-son, ses successeurs reprennent brillamment le flambeau avec une partition de metal industriel survolté, mêlant guitares saturées, synthés distordus et chœurs démoniaques.
Chaque arène devient une scène de concert sanglante. Le joueur est propulsé au rythme des riffs, chaque changement de tempo soulignant une montée en intensité. Certains morceaux sont si marquants qu’on se surprend à revenir dans un niveau uniquement pour les réentendre. Et pour les puristes, le jeu permet de réduire le volume des effets sonores pour profiter pleinement de la musique. Une option rare… et bienvenue.
✅ Points positifs
- Le bouclier: un ajout majeur qui redéfinit le gameplay.
- Une ambiance médiévale-fantastique et cosmique immersive.
- Des niveaux gigantesques, propices à l’exploration et à la rejouabilité.
- Une bande-son explosive, digne héritière de l’héritage DOOM.
- Excellente optimisation sur PC, avec de nombreuses options graphiques.
- Chaque arme reste utile grâce à des upgrades bien pensées.
- Des séquences alternatives (dragon, mécha) bien intégrées et rythmées.
❌ Points négatifs
- La disparition de la tronçonneuse emblématique pourra décevoir.
- Certains combats deviennent chaotiques avec trop d’ennemis à l’écran.
- Les phases de gameplay alternatives manquent de profondeur.
- Moins de verticalité et de mobilité que dans DOOM Eternal, ce qui pourra frustrer certains vétérans.
- Besoin d'une carte graphique RTX obligatoire.
En quelques mots
DOOM: The Dark Ages réussit l’exploit de surprendre sans trahir l’ADN de la série. En ralentissant son gameplay et en l’alourdissant volontairement, il offre une expérience plus brutale, plus viscérale, mais tout aussi grisante. L’ajout du bouclier transforme la dynamique des combats, les environnements variés et somptueux servent à merveille un récit plus étoffé, et la réalisation technique impose une nouvelle référence dans le genre du FPS.
Mais surtout, ce nouvel épisode prouve qu’id Software est toujours maître dans l’art de réinventer son mythe, sans céder aux facilités ou à la répétition. Même si tout ne sera pas au goût des fans d’Eternal, The Dark Ages mérite sa place dans le panthéon des DOOM.