D'anciens développeurs d'ESO fondent Sackbird Studios après l'annulation de Blackbird

AuthorArticle written by Florian Reumont
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Publication date09/10/2025

C’est une page qui se tourne, mais aussi une nouvelle aventure qui commence. Suite à l’annulation du MMO "Project Blackbird" par Microsoft, plusieurs développeurs de ZeniMax Online Studios — le studio derrière The Elder Scrolls Online — ont décidé de quitter le navire pour créer leur propre structure : Sackbird Studios.

Un nom encore inconnu du grand public, mais qui pourrait rapidement devenir une référence dans le monde du jeu vidéo indépendant. À sa tête, Lee Ridout, vétéran de l’industrie avec plus de douze ans d’expérience chez ZeniMax, bien décidé à transformer cette séparation forcée en une opportunité créative.

Le studio, encore jeune, travaille déjà sur un jeu totalement original, destiné aux consoles et au PC. Peu d’informations ont filtré pour le moment, mais la promesse est claire : liberté totale, ambition affirmée, et une volonté de ne plus dépendre des décisions d’un géant comme Microsoft.

« Lorsque j'ai appris que Blackbird était annulé et que de nombreuses personnes perdaient leur emploi, cela a mis le feu aux poudres », a déclaré Ridout. « Nous avons réalisé que la meilleure façon de protéger notre métier et notre équipe était de créer un studio où l'indépendance créative n'est pas négociable. »

À travers cet article, plongeons dans les coulisses de cette décision, les origines de Sackbird Studios, et ce que cela signifie pour l’avenir de l’industrie — et de The Elder Scrolls Online.

 

Le contexte dramatique — l’annulation de Project Blackbird

Un projet ambitieux balayé par les coupes de Microsoft

L’histoire de Sackbird Studios commence là où une autre s’est brutalement arrêtée : Project Blackbird. Ce MMO encore non annoncé publiquement représentait une initiative ambitieuse chez ZeniMax Online Studios, censée s’inscrire dans la lignée de The Elder Scrolls Online, mais avec une approche totalement inédite. Malheureusement, en 2024, le couperet est tombé : Microsoft, maison-mère de ZeniMax depuis son rachat en 2021, a choisi de mettre un terme définitif au développement du projet.

Cette décision s’inscrit dans un contexte plus large de restructurations au sein de Xbox Game Studios, où plusieurs jeux internes ont été annulés et de nombreuses équipes redéployées ou dissoutes. Si Microsoft n’a pas communiqué publiquement sur les raisons de cette annulation, des sources internes évoquent un réalignement stratégique vers des titres à fort rendement ou déjà bien établis.

Le résultat ? Des mois, voire des années de travail, partis en fumée. Et, plus douloureusement encore, des dizaines de développeurs talentueux poussés vers la sortie.

Conséquences internes chez ZeniMax : licenciements, départs, recentrage sur ESO

Pour ZeniMax Online Studios, cette annulation a marqué un tournant. Le studio s’est vu contraint de réduire ses effectifs, une manœuvre difficilement évitable face à l’arrêt de son plus gros chantier à venir. D’après les informations disponibles, le studio se concentre désormais exclusivement sur The Elder Scrolls Online, son pilier depuis 2014.

Ce repli stratégique a été ressenti comme un désaveu par certains membres de l’équipe, qui voyaient dans Project Blackbird une opportunité d’évolution et de renouveau. Le manque de perspectives à court terme a alors poussé plusieurs vétérans de l’entreprise à prendre leur destin en main. Sackbird Studios est né de cette fracture, à la fois brutale et libératrice.

 

Qui sont les fondateurs de Sackbird Studios ?

Lee Ridout — un visage central

À la tête de Sackbird Studios se trouve Lee Ridout, un nom bien connu en interne chez ZeniMax Online Studios, mais encore peu médiatisé dans l’industrie. Avec plus de douze ans d’expérience en tant que directeur de la gestion des produits, Ridout a joué un rôle clé dans le développement et la pérennité de The Elder Scrolls Online. Sa compréhension des enjeux à la fois créatifs et commerciaux fait de lui un leader stratégique autant qu’opérationnel.

Mais ce qui ressort avant tout, c’est sa volonté de préserver l’humain dans un secteur souvent impitoyable. Sa déclaration publique en dit long :

« Nous sommes reconnaissants du temps passé chez ZeniMax Online Studios, qui nous a façonnés en tant que développeurs et en tant que personnes. »

Ridout ne se contente pas de créer un nouveau studio ; il cherche à instaurer un modèle alternatif, où les talents ne sont pas des ressources interchangeables, mais les moteurs fondamentaux du processus créatif.

Une équipe issue d’ESO et de Blackbird, avec une volonté forte d’indépendance

Sackbird Studios ne se limite pas à un fondateur charismatique. Derrière le projet, une équipe de vétérans du MMO s’est rassemblée, principalement issue du développement de ESO et du défunt Project Blackbird. Ces professionnels, ayant pour certains plus d’une décennie de collaboration derrière eux, partagent un objectif commun : reprendre le contrôle sur leur travail et leur créativité.

Cette cohésion initiale est un atout. Ils ont déjà travaillé ensemble, connaissent leurs forces respectives, et surtout, ont vécu la frustration d’un projet avorté par des décisions venues d’en haut. En se détachant de la structure d’un grand groupe, ils ambitionnent de créer une structure à taille humaine, agile et centrée sur une vision de jeu claire et assumée.

Le message est limpide : finies les directions imposées, place à l’indépendance et à l’authenticité.

 

La vision et les ambitions de Sackbird

Propriété intégrale, financement autonome, indépendance créative

Dans une industrie où les grands studios sont souvent contraints par les priorités des éditeurs ou des actionnaires, Sackbird Studios se présente comme un espace de liberté revendiquée. L'objectif n’est pas simplement de créer un jeu, mais de construire un environnement de développement libéré des pressions extérieures.

L’un des piliers de cette vision : la propriété intégrale de leurs créations. En d'autres termes, pas question de vendre leur projet à un grand groupe ou de céder les droits à un éditeur trop intrusif. Cette orientation implique une stratégie de financement autonome, potentiellement à travers des fonds privés, des investisseurs proches ou des modèles alternatifs comme le crowdfunding.

Ce modèle rappelle celui de studios indépendants tels que Larian Studios (Baldur’s Gate 3) ou Supergiant Games (Hades), qui ont prouvé qu’il était possible de combiner qualité, succès commercial et indépendance totale.

Le mot d’ordre de Sackbird Studios ? Créativité d’abord. Pas de roadmap dictée par des objectifs trimestriels, pas de monétisation forcée, et une approche qui valorise le jeu comme œuvre, pas comme service.

Projet original pour PC et consoles — que sait-on à ce jour ?

Très peu d’informations ont filtré sur le premier jeu de Sackbird Studios. Le seul élément confirmé : il s’agit d’une nouvelle licence originale, en développement pour PC et consoles. Aucun nom, aucun genre n’a encore été annoncé, mais les développeurs insistent sur un point : le jeu sera prêt quand il sera prêt. Une philosophie en opposition avec les lancements précipités qui entachent trop souvent l’image des jeux modernes.

« D’autres informations seront communiquées lorsque le jeu sera prêt », indique sobrement le studio.

Ce silence peut sembler frustrant pour les plus curieux, mais il est révélateur d’une démarche artistique sincère : ne rien promettre trop tôt, ne pas vendre un rêve vide, mais construire quelque chose de solide dans l’ombre. Une stratégie qui rappelle celle de certains succès récents, comme Outer Wilds ou Return of the Obra Dinn, dont la force a justement été de surprendre sans teasing excessif.

En bref, Sackbird Studios ne veut pas juste faire un jeu — ils veulent bousculer les règles du jeu.

 

Enjeux et défis pour ce nouveau studio

Survivre dans l’industrie actuelle — risques et opportunités

Fonder un nouveau studio indépendant en 2025, c’est un pari aussi audacieux que périlleux. Le contexte économique reste tendu, avec des licenciements massifs dans l'industrie, même chez les géants comme Epic Games, Ubisoft ou Microsoft. La concurrence est féroce, la visibilité difficile à obtenir, et les attentes des joueurs de plus en plus exigeantes.

Pour Sackbird Studios, le principal défi sera donc d’exister. Obtenir un financement suffisant sans compromettre leur indépendance, construire une communauté fidèle, et livrer un jeu original tout en respectant des contraintes budgétaires serrées. Mais c’est aussi dans cet environnement hostile que les idées les plus novatrices émergent.

L’atout principal du studio ? Une équipe expérimentée qui connaît déjà les pièges de la production AAA, et qui peut désormais appliquer son expertise dans un cadre plus souple, plus humain. Leur ambition créative pourrait séduire une partie du public en quête de jeux plus sincères, plus profonds, loin des modèles ultra-commercialisés.

Réputation, attentes de la communauté, comparaisons avec d’autres studios indépendants

L’autre défi — moins technique mais tout aussi crucial — sera celui de la réputation. Le public sait désormais que l’équipe vient de The Elder Scrolls Online. Avec cela vient une certaine attente qualitative, voire un niveau d’exigence élevé. Les joueurs risquent de scruter le futur jeu avec une loupe, espérant un "ESO version 2", ou au contraire quelque chose de radicalement différent.

Par ailleurs, Sackbird sera forcément comparé à d’autres studios indépendants fondés par d’anciens vétérans : on pense à Thatgamecompany, Moon Studios, ou encore Striking Distance. Ces comparaisons peuvent être flatteuses, mais aussi pesantes, car elles imposent une forme de pression invisible.

La solution ? Être clair dès le départ sur leur positionnement, leur rythme de développement, et surtout leur identité artistique. En restant fidèle à leur vision tout en cultivant une relation transparente avec la communauté, Sackbird peut transformer ces défis en leviers de réussite.

Le risque est réel, mais le potentiel l’est tout autant.

 

Impact sur l’écosystème des MMO et le futur d’ESO

Quelles réactions dans la communauté ESO et au-delà ?

L’annonce de la création de Sackbird Studios a rapidement circulé dans les communautés de joueurs, en particulier celles autour de The Elder Scrolls Online. Pour beaucoup, ce départ massif d’anciens développeurs expérimentés soulève des inquiétudes : ESO va-t-il souffrir d’un appauvrissement créatif ou d’un ralentissement dans son développement futur ?

À ce jour, ZeniMax Online Studios semble vouloir rassurer en annonçant un recentrage total sur ESO, sans disperser ses efforts sur d’autres projets comme ce fut le cas avec Blackbird. Mais l’absence de nouveaux contenus majeurs ou de réelles innovations ces dernières années fait planer un doute : le jeu peut-il encore se réinventer ?

Côté communauté, la réaction est partagée entre la nostalgie des développeurs partis et l’excitation de voir ce qu’ils vont créer en toute liberté. Plusieurs fans espèrent que Sackbird saura proposer un jeu de type MMO ou coopératif à l’ADN similaire, mais plus audacieux.

Possible inspiration pour d’autres départs ou créations de studios

Sackbird Studios n’est peut-être que le début d’un mouvement plus large. Ces dernières années, l’industrie a vu une vague croissante de créateurs quitter les grandes structures pour monter leur propre entreprise, comme on l’a vu avec Wildlight Entertainment (anciens de Respawn) ou Riot Forge.

L’exemple de Sackbird pourrait inspirer d’autres talents à reprendre leur indépendance, surtout dans un climat où les géants comme Microsoft ou Embracer se montrent plus frileux sur les projets innovants. Si leur projet rencontre le succès, cela enverra un signal fort à l’industrie : la créativité ne se trouve pas uniquement dans les grandes maisons, mais aussi dans les studios qui osent tout reconstruire depuis zéro.

Une révolution silencieuse, mais peut-être fondatrice pour la prochaine décennie du jeu vidéo.

 


En quelques mots

La naissance de Sackbird Studios, loin d’être un simple rebond professionnel, incarne une volonté affirmée de reprendre le contrôle sur la création vidéoludique. Porté par des anciens de The Elder Scrolls Online, ce nouveau studio indépendant se positionne à contre-courant des logiques industrielles dominantes : pas de hiérarchie écrasante, pas de deadline imposée, et surtout, une ambition artistique portée par l’expérience et la passion.

Si le flou entoure encore leur premier jeu, l’attente monte. Car derrière cette discrétion se cache peut-être l’un des futurs titres les plus authentiques de l’industrie indépendante. Sackbird n’a pas encore parlé fort, mais chaque mot prononcé résonne avec force dans une industrie en pleine mutation.

Reste maintenant à voir si le studio saura concrétiser ses idéaux. Mais une chose est sûre : dans un monde de plus en plus balisé, oser partir de rien pour reconstruire quelque chose de vrai, c’est déjà une victoire.

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