Electronic Arts: Pourquoi EA a refusé de racheter Activision et Blizzard

AuthorArticle written by Vivien Reumont
|
Publication date12/02/2025
Une soldate en tenue de combat tactique se tient dans un environnement désertique en pleine nuit, avec un regard déterminé. Elle porte un uniforme camouflage, une casquette militaire et un casque avec micro. Son visage est marqué par de la peinture de camouflage et est éclairé par une lumière chaude contrastant avec l’arrière-plan sombre. Une arme d’assaut est solidement attachée à son gilet tactique. En arrière-plan, une camionnette est partiellement visible, entourée de flammes et de débris, suggérant une zone de conflit intense. L’image dégage une ambiance immersive et réaliste, typique d’un jeu vidéo de tir militaire moderne.

Le monde du jeu vidéo regorge d’occasions manquées et de décisions stratégiques qui auraient pu remodeler toute l’industrie. Parmi ces histoires fascinantes, une révélation récente a refait surface: Electronic Arts (EA) aurait pu racheter Activision et Blizzard à plusieurs reprises, mais a choisi de ne pas le faire.

C’est à l’occasion du podcast « Grit » que Bobby Kotick, ancien PDG d’Activision Blizzard, et Bing Gordon, ex-directeur de la création chez EA, ont levé le voile sur ces tentatives de fusion avortées. Kotick a confirmé qu’EA avait tenté plusieurs fois d’acquérir Activision et Blizzard, bien avant que Microsoft ne mette la main sur l’éditeur en 2023.

Pourquoi EA a-t-il renoncé à une telle acquisition ? Quelles auraient été les conséquences pour l’industrie du jeu vidéo ? Et comment Activision lui-même a-t-il commis des erreurs stratégiques majeures, notamment avec le rachat de Bizarre Creations ? Retour sur ces révélations qui dessinent un passé alternatif du jeu vidéo.

 

Electronic Arts et Activision Blizzard: une histoire de rachats avortés

Les tentatives répétées d’EA

D’après Bobby Kotick, EA a tenté à plusieurs reprises de racheter Activision et Blizzard, avant que ces derniers ne fusionnent en 2008. « Ils ont essayé de nous acheter à plusieurs reprises, nous avons eu des conversations de fusion à plusieurs reprises », a révélé l’ancien PDG d’Activision Blizzard.

À cette époque, EA était déjà un géant de l’industrie vidéoludique, dominant le marché avec ses franchises phares comme FIFA, Madden NFL ou encore The Sims. Un rapprochement avec Activision aurait pu solidifier son emprise sur l’industrie et lui permettre de s’approprier des licences majeures telles que Call of Duty, World of Warcraft ou encore Diablo.

Pourtant, aucune de ces discussions n’a abouti, laissant le champ libre à Activision pour évoluer indépendamment et fusionner avec Blizzard. Cette décision a probablement été motivée par plusieurs facteurs, notamment la volonté d’EA de ne pas se surcharger financièrement, ainsi que des différences stratégiques entre les deux entreprises.

 

Un paysage vidéoludique qui aurait pu être très différent

Si EA avait réussi à racheter Activision et Blizzard, l’industrie vidéoludique aurait pu connaître un tout autre destin. Voici quelques changements majeurs qui auraient pu survenir:

  • Call of Duty sous EA: La licence aurait peut-être suivi un modèle plus proche de Battlefield, avec des choix de monétisation et de gameplay différents.
  • World of Warcraft chez EA: EA aurait-il poussé à une monétisation plus agressive du MMORPG de Blizzard ? Une question légitime au vu de ses pratiques avec d’autres jeux en ligne.
  • Une fusion EA-Blizzard ? Blizzard aurait pu être intégré aux équipes d’EA plutôt que de rester une entité séparée, ce qui aurait influencé son développement créatif.

Finalement, c’est Microsoft qui a mis la main sur Activision Blizzard en 2023, pour un montant record de 68,7 milliards de dollars. Une acquisition qui a bouleversé l’industrie et soulevé des questions sur la concentration du marché.

 

Le cas Blizzard: une opportunité manquée pour EA

Un intérêt avant le rachat par Activision

Avant qu’Activision ne rachète Blizzard en 2008, EA faisait partie des éditeurs intéressés par l’acquisition du célèbre studio à l’origine de Warcraft, StarCraft et Diablo. Bing Gordon, ancien directeur de la création chez EA, a confirmé que l’éditeur avait envisagé cette opération, mais a finalement choisi de ne pas donner suite.

À l’époque, Blizzard était une véritable pépite du jeu vidéo, dominant le marché des jeux de stratégie en temps réel (RTS) et s’apprêtant à transformer le monde du MMORPG avec World of Warcraft. Le studio représentait un investissement sûr pour tout éditeur cherchant à renforcer son catalogue de licences à succès.

Alors pourquoi EA a-t-il renoncé ? Plusieurs hypothèses peuvent être avancées:

  • Une incompatibilité culturelle: EA et Blizzard avaient des approches très différentes du développement de jeux. Blizzard privilégiait la qualité et le perfectionnisme, quitte à prendre du retard, tandis qu’EA avait une approche plus industrielle et annuelle de ses sorties.
  • Une question de budget: Blizzard était déjà un studio extrêmement rentable, et son acquisition aurait nécessité un investissement colossal.
  • La peur de ne pas pouvoir gérer Blizzard correctement: EA aurait-il pu préserver l’indépendance créative du studio, ou l’aurait-il intégré dans ses processus de production ?

 

Les conséquences d’un rachat avorté

Si EA avait acheté Blizzard, l’histoire de nombreuses licences aurait pu prendre une toute autre direction. Voici quelques scénarios possibles:

  • World of Warcraft sous EA: Le modèle économique aurait peut-être été différent, avec davantage de microtransactions ou un système d’abonnement plus agressif.
  • Des jeux Blizzard moins espacés: EA aurait sans doute imposé des délais plus serrés pour la sortie des jeux, ce qui aurait pu altérer la qualité des productions du studio.
  • L’impact sur les franchises Blizzard: StarCraft, Diablo ou Hearthstone auraient-ils évolué différemment sous l’égide d’EA ? Impossible à dire, mais il est clair que la vision stratégique aurait été radicalement différente.

Finalement, Blizzard a été racheté par Activision en 2008, une décision qui a elle-même conduit à de nombreux bouleversements, notamment la montée en puissance des modèles de monétisation agressifs dans les jeux Blizzard. Aujourd’hui, avec l’acquisition d’Activision Blizzard par Microsoft, l’avenir du studio se dessine sous une nouvelle bannière.

 

Activision et le rachat de Bizarre Creations: une erreur coûteuse

Un mauvais investissement selon Bobby Kotick

Lors de son passage dans le podcast "Grit", Bobby Kotick a admis qu’Activision avait commis une erreur en rachetant un studio basé à Manchester, connu pour un jeu de course sur Xbox. S’il semble avoir confondu Manchester avec Liverpool, la société en question est bien Bizarre Creations, le studio derrière la célèbre franchise Project Gotham Racing.

En 2007, Activision débourse 80 millions de dollars pour acquérir Bizarre Creations. L’objectif ? Diversifier son catalogue en intégrant un studio spécialisé dans les jeux de course, un genre où Activision était quasiment absent. Malheureusement, cette stratégie n’a pas porté ses fruits.

Le premier projet majeur du studio sous Activision fut Blur, un jeu de course arcade mêlant réalisme et power-ups inspirés de Mario Kart. Malgré une réception critique positive, le titre ne parvient pas à séduire un large public et ses ventes sont décevantes.

Autre échec notable: James Bond 007: Blood Stone, un jeu d’action sorti en 2010, qui n’a pas su convaincre ni la critique ni les joueurs.

 

L’impact de cette décision sur Activision

Le rachat de Bizarre Creations a finalement été un gâchis financier et créatif pour Activision. Après ces échecs commerciaux, l’éditeur décide de fermer définitivement le studio en 2011, mettant fin à une aventure pourtant prometteuse.

Cet épisode souligne l’un des grands pièges des acquisitions dans l’industrie du jeu vidéo: acheter un studio sans une vision claire de son avenir peut conduire à une catastrophe. Activision espérait concurrencer les géants du jeu de course comme Need for Speed (EA) ou Gran Turismo (Sony), mais le manque de direction et de soutien a scellé le destin de Bizarre Creations.

Ce cas illustre aussi la difficulté pour certains éditeurs de gérer des studios dont l’ADN ne correspond pas à leur culture d’entreprise. Un constat qui résonne encore aujourd’hui avec d’autres acquisitions qui ont mal tourné.

 


En quelques mots

L’histoire du jeu vidéo est faite de décisions stratégiques qui auraient pu changer radicalement l’industrie. Le fait qu’EA ait tenté, mais finalement renoncé, à racheter Activision et Blizzard soulève de nombreuses questions sur ce qu’aurait pu être le paysage vidéoludique actuel. Avec une telle acquisition, Call of Duty, World of Warcraft ou encore Diablo auraient pu être sous l’égide d’EA, avec toutes les implications que cela aurait eues en termes de développement et de monétisation.

D’un autre côté, Activision lui-même a commis des erreurs de gestion, notamment avec le rachat de Bizarre Creations, qui s’est soldé par un échec cuisant. Cet exemple rappelle que posséder un studio talentueux ne suffit pas: encore faut-il savoir l’intégrer et le soutenir correctement.

Aujourd’hui, c’est Microsoft qui détient Activision Blizzard, et l’avenir de ces licences majeures se joue désormais sous la bannière de Xbox. Quant à EA, malgré ces rachats manqués, il demeure l’un des plus grands acteurs du marché, concentré sur son propre écosystème.

Le passé ne peut être changé, mais ces histoires nous rappellent que chaque décision, chaque rachat et chaque fusion peuvent redéfinir l’industrie du jeu vidéo. Qui sait quelles alliances stratégiques façonneront le futur du gaming ?

Share on Facebook Share on Facebook Share on Twitter Share on Twitter Share on Linkedin Share on Linkedin Share on WhatsApp Share on WhatsApp

Similar articles

Like a Dragon: Pirate Yakuza in Hawaii : Dernier trailer et sortie aujourd'hui Trailer

21/02/2025

Like a Dragon: Pirate Yakuza in Hawaii : Dernier trailer et sortie aujourd'hui

Découvrez le dernier trailer de Like a Dragon: Pirate Yakuza in Hawaii. Disponible dès aujourd'hui sur PlayStation, Xbox et PC !

See more
Shuhei Yoshida: Les bienfaits des jeux PlayStation sur PC Business

21/02/2025

Shuhei Yoshida: Les bienfaits des jeux PlayStation sur PC

Shuhei Yoshida explique pourquoi les portages PC de jeux PlayStation élargissent l'audience et boostent les revenus de Sony.

See more
The Elder Scrolls VI: Rumeurs sur le contenu et présentation en juillet 2025 Industry News

21/02/2025

The Elder Scrolls VI: Rumeurs sur le contenu et présentation en juillet 2025

Découvrez les dernières rumeurs sur The Elder Scrolls VI: contenu, gameplay et possible présentation en juillet 2025. Attention!

See more