L'intelligence artificielle générative est en train de devenir un partenaire de développement incontournable dans l’industrie vidéoludique. Sur Steam, 20 % des jeux sortis en 2025 ont utilisé des outils d’IA pour alléger leur production, un chiffre impressionnant qui ne cesse d’augmenter. Et ce phénomène, s’il est encore émergent à l’échelle globale, a déjà un impact très concret sur le visage des jeux que nous découvrons chaque mois sur la plateforme de Valve.
Ce constat provient d’un rapport récemment publié par Ichiro Lambe, PDG de Totally Human Media. Ce document dresse une cartographie très précise de l’état actuel de l’usage de l’IA dans les jeux sortis cette année sur Steam. Un titre sur cinq a recours à ces technologies, et dans une majorité des cas, il s’agit de génération automatique d’éléments visuels comme les arrière-plans ou les modèles de personnages. Mais l’IA ne s’arrête pas là : elle s’invite également dans les éléments audio, la rédaction de dialogues ou descriptions, les visuels marketing et même dans la création de matériel promotionnel.
Cette évolution pose des questions passionnantes et parfois épineuses. Pourquoi une telle adoption si rapide ? Quels en sont les avantages concrets pour les développeurs, mais aussi les risques ? Et comment cela transforme-t-il notre rapport aux jeux ? C’est ce que nous allons explorer en profondeur dans cet article.
Un phénomène en plein essor sur Steam
Évolution depuis 2024 – de 1 000 à 7 818 jeux
Il y a tout juste un an, Ichiro Lambe recensait un peu plus de 1 000 jeux utilisant l’IA générative sur Steam. En 2025, ce chiffre a littéralement explosé pour atteindre 7 818 titres, soit 7 % de l’ensemble des jeux disponibles sur la plateforme. Ce bond de près de 700 % en seulement douze mois montre à quel point l’outil technologique est devenu central dans les pipelines de production vidéoludique, surtout pour les studios indépendants ou à budget limité.
L’intelligence artificielle, autrefois perçue comme un gadget expérimental, est désormais pleinement intégrée à la chaîne de développement. La baisse des coûts des modèles génératifs, la montée en puissance de plateformes comme Midjourney, Runway ou ElevenLabs, et la simplification de l’intégration dans les moteurs de jeux comme Unity ou Unreal Engine ont démultiplié les possibilités d’automatisation. Pour de nombreux développeurs, cette montée en puissance s’apparente à une mini-révolution industrielle.
"Le changement ne vient pas seulement de la technologie, mais de l’accessibilité. Ce qui coûtait des milliers de dollars hier est gratuit ou presque aujourd’hui."
— Ichiro Lambe
Qu’est-ce qui motive cette adoption massive ?
La première réponse est évidente : le gain de temps et d’argent. Les studios peuvent générer des décors, textures ou musiques en quelques minutes plutôt que d’y consacrer des jours ou des semaines. Pour les petits développeurs, c’est une bénédiction. Créer un jeu solo avec un rendu professionnel n’est plus hors de portée.
Mais au-delà de l’économie, l’IA offre une certaine souplesse créative. Elle permet de produire plusieurs variations d’un même asset, d’expérimenter rapidement des directions artistiques, ou même de réécrire des dialogues à la volée. Certains studios vont jusqu’à confier à l’IA le soin de tester mécaniquement leurs jeux ou d’analyser les comportements de leurs joueurs.
Enfin, la pression du marché joue aussi un rôle. Sortir vite est devenu une exigence dans un monde où les tendances se renouvellent tous les mois. L’IA, par sa capacité à produire rapidement, devient alors une arme stratégique pour coller aux exigences du calendrier sans compromettre la qualité apparente du produit.
Un phénomène en plein essor sur Steam
Évolution depuis 2024 – de 1 000 à 7 818 jeux
Il y a tout juste un an, Ichiro Lambe recensait un peu plus de 1 000 jeux utilisant l’IA générative sur Steam. En 2025, ce chiffre a littéralement explosé pour atteindre 7 818 titres, soit 7 % de l’ensemble des jeux disponibles sur la plateforme. Ce bond de près de 700 % en seulement douze mois montre à quel point l’outil technologique est devenu central dans les pipelines de production vidéoludique, surtout pour les studios indépendants ou à budget limité.
L’intelligence artificielle, autrefois perçue comme un gadget expérimental, est désormais pleinement intégrée à la chaîne de développement. La baisse des coûts des modèles génératifs, la montée en puissance de plateformes comme Midjourney, Runway ou ElevenLabs, et la simplification de l’intégration dans les moteurs de jeux comme Unity ou Unreal Engine ont démultiplié les possibilités d’automatisation. Pour de nombreux développeurs, cette montée en puissance s’apparente à une mini-révolution industrielle.
"Le changement ne vient pas seulement de la technologie, mais de l’accessibilité. Ce qui coûtait des milliers de dollars hier est gratuit ou presque aujourd’hui."
— Ichiro Lambe
Qu’est-ce qui motive cette adoption massive ?
La première réponse est évidente : le gain de temps et d’argent. Les studios peuvent générer des décors, textures ou musiques en quelques minutes plutôt que d’y consacrer des jours ou des semaines. Pour les petits développeurs, c’est une bénédiction. Créer un jeu solo avec un rendu professionnel n’est plus hors de portée.
Mais au-delà de l’économie, l’IA offre une certaine souplesse créative. Elle permet de produire plusieurs variations d’un même asset, d’expérimenter rapidement des directions artistiques, ou même de réécrire des dialogues à la volée. Certains studios vont jusqu’à confier à l’IA le soin de tester mécaniquement leurs jeux ou d’analyser les comportements de leurs joueurs.
Enfin, la pression du marché joue aussi un rôle. Sortir vite est devenu une exigence dans un monde où les tendances se renouvellent tous les mois. L’IA, par sa capacité à produire rapidement, devient alors une arme stratégique pour coller aux exigences du calendrier sans compromettre la qualité apparente du produit.
Exemples marquants de jeux IA sur Steam
inZOI
Parmi les titres ayant le plus attiré l’attention pour leur recours à l’IA, inZOI occupe une place à part. Ce jeu de simulation sociale inspiré des Sims mise sur une esthétique léchée et un environnement ouvert très dynamique. Ce qui le distingue, c’est l’utilisation assumée de l’IA pour générer de nombreux assets, notamment les expressions faciales, les décors d’intérieur et certains éléments de personnalisation.
Le studio derrière inZOI a communiqué avec transparence sur ce sujet, soulignant que l’IA n’est pas utilisée pour remplacer les artistes, mais pour accélérer la phase de prototypage et générer rapidement différentes options à affiner ensuite manuellement. Cela a permis au jeu de sortir plus tôt que prévu, tout en gardant une direction artistique soignée.
Ce type d'approche hybride — une collaboration entre intelligence humaine et artificielle — semble être un modèle qui gagne en popularité, en particulier chez les studios souhaitant optimiser leurs ressources tout en conservant une certaine touche humaine.
Comedy Night, Nyric et Bitmagic
D’autres jeux ont également fait parler d’eux pour leur utilisation innovante ou intensive de l’IA. Comedy Night, un jeu multijoueur où les joueurs montent sur scène pour faire du stand-up, utilise l’IA pour générer des ambiances de salle et des réactions vocales du public, rendant chaque session unique et plus vivante.
Du côté de Nyric, l’IA a été utilisée principalement pour créer des paysages futuristes complexes et des dialogues secondaires, permettant d’enrichir le lore sans mobiliser une équipe de scénaristes complète. Le jeu a ainsi pu proposer un monde plus vaste et cohérent que ce que son budget initial laissait présager.
Enfin, Bitmagic s’est illustré par son usage créatif de l’intelligence artificielle pour le design sonore. La plupart des sons d’ambiance, effets sonores et même la musique de fond ont été générés via IA, avec un traitement minimal ensuite. Cela a permis une identité sonore singulière, bien que certains joueurs aient noté une certaine froideur ou répétitivité dans les sons.
"L’IA donne des outils puissants à ceux qui ont peu de moyens. C’est une arme à double tranchant, mais c’est déjà un tournant historique."
— Ichiro Lambe
Impacts sur le développement et l’industrie
Réduction des coûts et gain de temps
L’un des bénéfices les plus flagrants de l’IA générative est la réduction significative des coûts de production. Là où autrefois un studio devait engager plusieurs artistes, compositeurs ou rédacteurs pour couvrir tous les aspects d’un jeu, il peut désormais automatiser une bonne partie de ces tâches. Cela ne signifie pas forcément une suppression des postes, mais plutôt un recentrage : les développeurs deviennent des superviseurs de l’IA, affinant et corrigeant ses productions.
Côté temps, les avantages sont tout aussi notables. Des assets peuvent être générés en quelques minutes. Cela accélère drastiquement les phases de prototypage, permet de tester plus de concepts en un temps réduit, et raccourcit les cycles de développement. Ce gain de vitesse peut faire la différence entre un jeu qui sort au bon moment et un autre qui rate sa fenêtre marketing.
L’adoption de l’IA permet donc une meilleure agilité, en particulier pour les studios indépendants ou les équipes réduites. Certains y voient une opportunité de démocratisation du développement de jeux vidéo, rendant cette industrie plus accessible à des créateurs qui n’avaient jusque-là pas les moyens de rivaliser avec les grands studios.
Enjeux artistiques, éthiques et qualité
Mais cet enthousiasme s’accompagne de questions fondamentales. Sur le plan artistique, l’utilisation de modèles génératifs soulève un débat sur l’authenticité des œuvres. Si un arrière-plan est généré par une IA entraînée sur des milliers d’images d’artistes humains, à qui revient la paternité de l’œuvre ? Et surtout, cela ne risque-t-il pas d’uniformiser l’esthétique des jeux ?
Il y a également la question de la qualité. Même si les IA produisent des résultats impressionnants, ces contenus restent parfois répétitifs, manquent de cohérence contextuelle, ou présentent des erreurs subtiles. Pour les joueurs les plus attentifs, ces défauts peuvent nuire à l’immersion.
Enfin, l’aspect éthique n’est pas à négliger. De plus en plus de voix s’élèvent pour demander un encadrement légal de l’IA dans les industries créatives. L’Union Européenne, entre autres, travaille sur une régulation qui pourrait imposer une transparence sur l’usage de l’IA dans les produits culturels. Dans les jeux vidéo, cela pourrait se traduire par l’obligation d’indiquer si des assets ont été générés automatiquement, ou encore de respecter certaines normes sur la formation des modèles.
En quelques mots
L’intelligence artificielle générative s’impose peu à peu comme un outil central dans la production vidéoludique, en particulier sur Steam où 20 % des jeux sortis en 2025 y ont eu recours. Ce chiffre impressionnant témoigne d’un tournant technologique majeur. De la création de visuels à l’audio, en passant par le marketing et les textes, l’IA est devenue un véritable levier de productivité pour les studios, petits comme grands.
Cependant, cette révolution ne va pas sans défis. La qualité, l’éthique et l’originalité artistique sont autant de points de vigilance que la profession devra encadrer pour éviter de tomber dans une industrialisation froide et sans âme du jeu vidéo. Mais utilisée avec discernement, l’IA peut devenir un formidable catalyseur de créativité, en libérant les créateurs des tâches les plus chronophages pour leur permettre de se concentrer sur la vision globale de leur œuvre.
Nous entrons dans une ère où l’IA ne remplace pas nécessairement l’humain, mais le complète. Et si le futur du jeu vidéo devenait… une collaboration ?
