L'industrie du jeu vidéo, tout particulièrement Call of Duty, est depuis des années confrontée à un fléau majeur: la triche. Des millions de joueurs se connectent chaque jour pour des parties intenses sur des titres tels que Warzone ou les versions multijoueurs classiques de la franchise. Cependant, au cœur de ces batailles féroces, un ennemi invisible compromet l'expérience de jeu: les cheaters. En réponse à cette menace croissante, Activision a décidé de frapper fort avec une approche inédite. À l'approche du très attendu Black Ops 6, prévu pour une sortie mondiale le 25 octobre 2024, l'éditeur a dévoilé une nouvelle arme secrète pour combattre les tricheurs: une intelligence artificielle (IA) avancée. Mais ce n'est pas tout: l'objectif ambitieux d'Activision est de bannir ces tricheurs en moins d'une heure après leur premier match.
Un fléau devenu prioritaire pour les éditeurs de jeux vidéo
La triche dans les jeux multijoueurs n'est pas un phénomène nouveau. Depuis que les parties compétitives en ligne existent, il y a toujours eu des joueurs cherchant à prendre des raccourcis grâce à des logiciels illégaux. Dans le cas de Call of Duty: Warzone, ce problème a pris une ampleur sans précédent. Warzone, qui est disponible gratuitement en mode Battle Royale, a rapidement conquis des millions de joueurs dans le monde entier, en particulier sur PC, une plateforme où les cheaters peuvent facilement installer des programmes pour améliorer artificiellement leurs performances. Aimbots, wall hacks, et autres types de cheats sont devenus monnaie courante, sapant l'expérience de jeu et provoquant la colère de la communauté.
Activision, bien conscient de l'impact de ces pratiques sur la communauté, a investi massivement pour endiguer ce phénomène. La société a non seulement dépensé des millions de dollars dans la technologie anti-triche, mais elle a aussi intensifié ses poursuites judiciaires contre les développeurs de cheats. Cette approche juridique a permis d'obtenir des victoires symboliques contre certaines entreprises, fermant leurs plateformes de triche et réduisant, ne serait-ce que temporairement, leur influence. Toutefois, ces efforts ont leurs limites. La guerre contre les tricheurs n'est pas seulement technologique, elle est aussi évolutive. À mesure qu'Activision améliore ses systèmes, les créateurs de cheats trouvent de nouvelles méthodes pour contourner les protections, y compris à travers l'usage de matériel spécialisé conçu pour échapper aux technologies de détection standard.
L'intelligence artificielle, nouvelle arme contre la triche
Afin de lutter contre des cheaters toujours plus sophistiqués, Activision a décidé de faire appel à des technologies de pointe, notamment l'intelligence artificielle. L’IA joue un rôle clé dans cette nouvelle approche anti-triche, en particulier grâce à son potentiel d’analyse comportementale. Contrairement aux méthodes traditionnelles qui se concentrent sur la détection des programmes de triche installés sur les machines des joueurs, l'IA s’intéresse directement à la manière dont les joueurs interagissent avec le jeu. Chaque joueur, même un tricheur, a un comportement distinct, une manière de se déplacer, de tirer, de viser. L'intelligence artificielle est capable de repérer ces anomalies comportementales qui trahissent l’usage de logiciels de triche.
Pour nourrir ces modèles d’IA, Activision utilise un immense volume de données, notamment celles provenant des compétitions e-sport, comme la Call of Duty League. Dans cette ligue, chaque match est minutieusement enregistré, et toutes les statistiques des joueurs sont conservées, fournissant ainsi une mine d’informations permettant de créer des profils comportementaux. Ces modèles peuvent détecter des écarts par rapport à un joueur "normal" et isoler les tricheurs avant même que leurs actions ne deviennent évidentes pour les autres joueurs.
Des résultats impressionnants avant même le lancement de Black Ops 6
Lors des tests effectués pendant les versions bêta de Black Ops 6, les résultats ont été pour le moins encourageants. Activision a annoncé que lors du premier week-end de la bêta, les tricheurs pouvaient encore jouer environ dix matchs avant d'être détectés et bannis. Cependant, dès le second week-end, grâce à des ajustements apportés aux systèmes de détection, ce nombre a été réduit de moitié, à seulement cinq matchs. Ce progrès est un indicateur fort de l’efficacité croissante des outils mis en place par l’éditeur. De plus, durant la bêta, 12 000 comptes de tricheurs ont été bannis avant même qu’ils n’aient pu participer à une seule partie, grâce à des méthodes de détection en amont.
Cette stratégie, appelée "Time to Action", est au cœur de l'ambition d'Activision d'éliminer les tricheurs en moins d'une heure après leur première tentative de triche. Cela représente une avancée majeure dans l’industrie, où la lutte contre la triche a souvent été une course contre la montre. La capacité à agir rapidement, surtout dans des jeux massivement multijoueurs comme Warzone, peut faire toute la différence entre une expérience de jeu frustrante et une expérience juste et agréable pour tous.
Un engagement sur le long terme
Bien que ces résultats soient prometteurs, Activision reste réaliste sur la tâche titanesque qui l’attend. La société a admis qu'il est impossible d'éradiquer complètement la triche, mais elle s'engage à continuer à innover et à améliorer ses systèmes. RICOCHET, le système anti-triche, sera doté de nouvelles mises à jour à chaque lancement majeur, avec des améliorations progressives pour lutter contre des techniques de triche toujours plus élaborées.
L'utilisation de pilotes de niveau kernel est l'une des solutions qui a permis de bloquer une grande partie des cheats. Cependant, certains développeurs de tricheurs tentent désormais de contourner ces protections en créant des cheats qui fonctionnent en dehors du kernel, utilisant des techniques complexes impliquant même des composants matériels spécifiques. Cela montre à quel point le combat est technique et sophistiqué.
En parallèle, Activision va également étendre l’utilisation des modèles de machine learning pour améliorer la vitesse de détection et l’analyse des comportements de jeu. Ces nouveaux outils seront intégrés non seulement à Black Ops 6, mais aussi à Warzone et à d’autres titres phares de la franchise.
En quelques mots
En somme, avec l'utilisation de l'intelligence artificielle et une stratégie proactive, Activision montre clairement qu'elle prend la triche très au sérieux. La promesse de bannir les tricheurs en moins d'une heure après leur premier match est ambitieuse, mais si les premiers tests sont un indicateur de ce qui est à venir, les joueurs de Call of Duty: Black Ops 6 peuvent s’attendre à une expérience beaucoup plus propre et juste. Dans ce combat sans fin contre les tricheurs, Activision semble être mieux armée que jamais.