Ubisoft traverse une période de turbulences dans sa gestion des franchises emblématiques. Parmi elles, Prince of Persia: The Lost Crown n'a pas échappé à ce contexte difficile. Malgré un accueil critique favorable, le jeu n'aurait pas rencontré le succès commercial espéré, ce qui a poussé Ubisoft à prendre une décision radicale. En effet, au printemps dernier, l'éditeur aurait choisi de dissoudre l'équipe en charge du développement du jeu. Cette nouvelle, relayée par le YouTubeur Gautoz, souligne une gestion interne complexe pour l'un des projets les plus prometteurs de l'année.
Une équipe talentueuse mais sacrifiée
Selon Gautoz, Ubisoft aurait demandé aux développeurs de terminer leur travail en sortant des skins supplémentaires ainsi qu'un DLC avant de passer à d'autres projets. L'équipe responsable de Prince of Persia: The Lost Crown avait pourtant proposé une suite et une extension, mais Ubisoft n'a pas donné suite à ces suggestions. Cette décision a créé une onde de choc parmi les membres de l'équipe qui considéraient ce projet comme une de leurs meilleures productions. Certains auraient même décrit cette aventure comme « la meilleure production de leur carrière ».
Avec une équipe de seulement 80 à 100 personnes, le jeu représente une petite production pour Ubisoft, surtout en comparaison avec d'autres titres majeurs développés par l'éditeur. Cette taille réduite avait pourtant été bénéfique pour les créateurs, qui voyaient en ce projet un moyen de reprendre leur souffle après des mois éprouvants de travail sur des titres ambitieux comme Beyond Good & Evil 2. La dissolution de leur équipe a donc été perçue comme un coup dur, surtout pour un projet qu'ils estimaient de grande qualité.
" Prince of Persia: The Lost Crown est un titre incroyable sur lequel il a été agréable de travailler, mais la dure réalité est que les chiffres de vente ne suivaient pas ", auraient déclaré les membres de l'équipe dissoute.
Une production soignée mais un échec commercial
Les critiques ont été globalement positives, saluant notamment la direction artistique et le retour aux sources de l'action et de l'aventure, deux éléments caractéristiques des précédents opus de Prince of Persia. Cependant, cela n'a pas suffi à conquérir un large public sur les plateformes de jeu comme la PS5, la Xbox Series X/S, Nintendo, ou encore PC. Le marché saturé des jeux d'action-aventure, ainsi que l'héritage lourd de la série, n'ont probablement pas joué en faveur du titre. Ubisoft a compté sur cet opus pour renouer avec les fans de longue date de la franchise, mais les ventes n'ont pas été à la hauteur des attentes.
Un autre facteur qui a pu jouer contre ce jeu est l'évolution des préférences des joueurs. Aujourd'hui, les jeux d'action-aventure doivent être mesurés à des mastodontes comme Zelda: Tears of the Kingdom ou des franchises populaires comme Assassin's Creed, également développées par Ubisoft. Même si le jeu est bien conçu et propose un gameplay immersif, il est possible que le manque de marketing de grande envergure n'ait nui à sa visibilité. Il est souvent crucial de capter l'attention du public bien avant la sortie pour maximiser les chances de succès commercial.
La fin d'une ère pour Prince of Persia ?
Cette décision soulève des questions sur l'avenir de la franchise Prince of Persia. Après avoir essuyé l'échec de plusieurs projets liés à la série ces dernières années, Ubisoft semble avoir de plus en plus de mal à la repositionner sur le marché actuel. Le choix de dissoudre l'équipe en charge de Prince of Persia: The Lost Crown pourrait marquer un tournant définitif pour cette licence autrefois phare de l'industrie du jeu vidéo. Les tentatives de modernisation de l'univers de Prince of Persia n'ont visiblement pas convaincu une nouvelle génération de joueurs, tandis que les fans de la première heure espéraient un retour plus fidèle aux opus classiques.
Cela dit, les développeurs impliqués dans ce projet restent optimistes malgré la situation difficile. Selon certaines sources internes, ils auraient déjà été redistribués sur d'autres projets d'envergure chez Ubisoft. Néanmoins, le traumatisme de la dissolution de leur équipe pèse encore lourdement sur les esprits. "Ce n'est jamais facile de dire adieu à un projet aussi cher", a confié un développeur. La disparition de cette équipe, malgré son talent, semble marquer une étape importante dans la réorganisation d'Ubisoft.
Des retours critiques élogieux, mais insuffisants
Bien que l'échec commercial soit un fait, les retours des joueurs et de la critique ont été largement positifs. Saluant beaucoup le niveau de détail apporté aux personnages et aux environnements. En particulier, les modèles des personnages, comme ceux de Kain dans Soul Reaver et Soul Reaver 2, ont été retravaillés afin d'atténuer les problèmes de texture. Ces améliorations ont offert une cohérence visuelle appréciable, notamment sur des plateformes modernes comme la PS5 et la Xbox Series X/S. Les fans de la série Prince of Persia ont également été agréablement surpris par le soin apporté aux boss, dont les visages ont été partiellement retravaillés pour un rendu plus réaliste.
Malgré ces efforts, l'accroche auprès du public n'a pas été suffisante pour compléter les ventes en demi-teinte. Les chiffres restent bien en deçà des prévisions d'Ubisoft, particulièrement sur des consoles comme la Nintendo Switch, où le titre peinait à se démarquer dans un catalogue déjà très chargé en jeux d'action-aventure. Ce phénomène soulève également des questions sur la stratégie commerciale d'Ubisoft: pourquoi ne pas avoir capitalisé sur une franchise aussi mythique avec une campagne de promotion plus agressive ?
Ubisoft et ses défis: réorganisation ou suppression de projets ?
L'histoire de Prince of Persia: The Lost Crown n'est pas unique dans le parcours d'Ubisoft ces dernières années. L'éditeur, bien qu'influent dans l'industrie du jeu vidéo, semble connaître des difficultés croissantes dans la gestion de ses projets à long terme. Entre rapports fréquents, annulations de jeux et restructurations internes, la dissolution de l'équipe responsable de ce jeu semble être symptomatique d'une stratégie de plus en plus prudente. Ces difficultés sont également liées aux coûts croissants de développement des jeux, un phénomène qui touche l'ensemble de l'industrie.
« Nous vivons une époque où les grandes productions doivent absolument justifier leur coût par un succès commercial immédiat », explique un analyste de l'industrie.
Cette tendance met en lumière la pression qui pèse sur les épaules des développeurs chez Ubisoft, mais également dans l'industrie du jeu vidéo en général. L'avenir de Prince of Persia, quant à lui, reste incertain. Certains espèrent toujours un renouveau de la franchise, tandis que d'autres considèrent que l'aventure s'est malheureusement terminée ici. Les enjeux sont désormais d'envergure pour l'éditeur, qui devra jongler entre l'innovation et la rentabilité pour continuer à proposer des titres captivants sans pour autant sacrifier ses équipes.
En quelques mots
La dissolution de l'équipe derrière Prince of Persia: The Lost Crown est un nouveau coup dur pour Ubisoft, qui semble peiner à stabiliser ses productions dans un contexte de plus en plus compétitif. Malgré un accueil critique positif et des améliorations notables sur le plan technique, les ventes n'ont pas été au rendez-vous. L'avenir de la série reste incertain, même si le talent des développeurs impliqués dans ce projet laisse espérer de belles surprises dans d'autres titres à venir. Ubisoft devra revoir sa stratégie pour relancer cependant efficacement ses franchises emblématiques et convaincre à nouveaux les joueurs.
