
Plus d'une décennie après l’accueil mitigé de Dead Space 3, la franchise culte de science-fiction horrifique d’Electronic Arts semble à nouveau faire parler d’elle. Tandis que le remake de l’opus fondateur, lancé en janvier 2023, a ravivé l’intérêt des fans, une question persiste: y aura-t-il un jour un Dead Space 4 ?
C’est Glen Schofield, co-créateur de la série, qui tente aujourd’hui de raviver la flamme. Dans une industrie vidéoludique en constante mutation, avec un EA fraîchement privatisé et focalisé sur ses licences les plus rentables, relancer une saga qui fut mise en pause depuis des années tient presque du pari fou. Pourtant, Schofield ne baisse pas les bras. Il déclare avoir "déjà passé des appels" pour relancer la machine, misant sur une opportunité nouvelle offerte par la restructuration interne d’EA.
Entre passion créative, souvenirs macabres de l’USG Ishimura et incertitudes économiques, Dead Space se trouve à un tournant. Mais est-ce suffisant pour espérer un retour véritable de la franchise dans un quatrième épisode ? Plongée dans les coulisses d’un possible retour d’outre-tombe.
Le parcours tumultueux de la franchise
De Dead Space 3 à l’oubli prolongé
Lorsque Dead Space 3 est sorti en 2013, la réception n’a pas été à la hauteur des espérances. Le jeu, qui s’était éloigné de l’horreur viscérale de ses prédécesseurs pour embrasser davantage l’action coopérative, a été critiqué pour sa perte d’identité. Les fans de la première heure ont vu d’un mauvais œil cette tentative de rendre la série plus accessible. Malgré des ventes correctes, le titre n’a pas su convaincre sur le long terme, et EA a rapidement mis la licence en pause.
Cette décision a laissé un vide dans le paysage du survival-horror. Tandis que d’autres franchises comme Resident Evil ou The Last of Us continuaient à évoluer, Dead Space sombrait peu à peu dans l’oubli, malgré une base de fans toujours fidèle. Durant cette période, de nombreux développeurs ayant travaillé sur la saga se sont dispersés, et le studio Visceral Games a fini par être dissous en 2017.
"Dead Space n’a jamais été un échec total, mais un diamant brut mal poli à la fin de son cycle initial."
Le remake de 2023: réception, résultats, limites
En janvier 2023, EA motive enfin un retour avec un remake ambitieux du premier Dead Space. Développé par Motive Studio, le titre s’appuie sur les technologies modernes pour redonner vie à l’USG Ishimura avec une fidélité et une immersion renforcées. Graphiquement bluffant, plus fluide et plus cinématographique, le remake est acclamé par la critique et les joueurs.
Cependant, malgré cette réussite artistique, les ventes du remake n’ont pas atteint des sommets. En interne, EA aurait été déçu par les résultats commerciaux, ce qui refroidit naturellement les ambitions d’une suite. Ce paradoxe entre qualité et rentabilité est au cœur des dilemmes actuels entourant la saga.
L’annonce de la privatisation d’EA et ses conséquences
Ce que le rachat signifie pour les licences franchises
En 2025, EA a été privatisée à la suite d’un rachat par un groupe d’investisseurs mené par Silver Lake Partners, provoquant une onde de choc dans l’industrie. Ce changement structurel vise à optimiser la rentabilité de l’éditeur en se concentrant sur des licences à forte valeur commerciale comme FIFA (EA Sports FC), Apex Legends, ou encore The Sims.
Dans ce contexte, les séries jugées moins porteuses ou trop risquées sont mises sur la touche, repoussées dans un coin d’archives numériques. La logique est claire: investir là où le retour sur investissement est quasi garanti. C’est là que Dead Space, malgré son prestige auprès des fans, devient une licence fragile aux yeux des dirigeants.
"Nous croyons en la puissance des franchises éprouvées. Le reste ? À l’étude." – Déclaration anonyme d’un cadre d’EA lors d’un rapport aux investisseurs.
Opportunités pour la vente ou la cession d’IP
Mais cette refocalisation ouvre aussi une brèche: celle d’une éventuelle cession ou délégation de licences dites "dormantes". En effet, EA pourrait envisager de prêter ou vendre l’usage de certaines IP à d’autres studios ou éditeurs externes, comme cela a déjà été vu avec d’autres franchises dans l’industrie.
C’est précisément là-dessus que Glen Schofield fonde une partie de ses espoirs: convaincre EA de lui confier Dead Space 4, soit par une collaboration directe, soit par une production externe sous licence. Et dans une ère où le remastering, les reboots et la nostalgie sont des moteurs économiques puissants, ce scénario n’est pas si improbable.
Glen Schofield relance l’idée de Dead Space 4
Ses démarches auprès d’EA: les refus actuels
Dans une interview exclusive accordée à IGN, Glen Schofield, figure emblématique derrière la création de Dead Space, a révélé avoir "déjà passé des appels" pour tenter de donner naissance à un quatrième opus. Depuis son départ de Striking Distance Studios, Schofield semble déterminé à retourner aux origines de son succès et raviver une saga qu’il juge toujours pleine de potentiel.
Malheureusement, EA reste, pour l’instant, hermétique à cette proposition. Aucun feu vert officiel, aucune discussion sérieuse ouverte. La logique d’EA s’ancre dans sa stratégie de recentrage post-privatisation, privilégiant des investissements sûrs plutôt que des paris nostalgiques.
"Ce n’est pas parce qu’une porte est fermée qu’elle est verrouillée." — Glen Schofield, lors de l’entretien avec IGN.
Ses arguments (économiques, créatifs) pour convaincre
Malgré les obstacles, Schofield ne lâche rien. Il mise sur plusieurs arguments clés:
- Le potentiel commercial dormi: Le remake de 2023, bien que modérément rentable, a prouvé qu’un public existe encore pour Dead Space — notamment à l’international et auprès des amateurs de survival-horror narratif.
- La maturité technologique: Avec l’essor de l’Unreal Engine 5, des techniques d’illumination en temps réel et des outils audio immersifs, Dead Space 4 pourrait redéfinir les codes du genre.
- Un retour aux sources scénaristique: Schofield promet une expérience renouant avec l’atmosphère claustrophobique et psychologique du premier opus, loin des choix contestés de Dead Space 3.
Sa vision ne se limite pas à l’opus 4: il évoque également des arcs narratifs inédits, un gameplay revisité et une orientation encore plus immersive.
Défis & obstacles à surmonter
Rentabilité et perception du remake
Le principal frein à la mise en chantier d’un Dead Space 4 reste la question de la rentabilité. Si le remake de 2023 a été encensé par la critique pour sa fidélité, sa modernisation technique et son ambiance oppressante parfaitement restituée, les chiffres de vente n'ont pas convaincu EA. À une époque où les jeux AAA nécessitent des budgets faramineux, EA semble juger que Dead Space n’offre pas un retour sur investissement suffisamment solide pour justifier un nouvel opus.
Cette perception est d’autant plus délicate que le genre survival-horror, bien qu’apprécié, reste de niche comparé à des genres plus populaires comme les battle royales ou les FPS compétitifs. Or, Dead Space ne peut survivre que si EA accepte d’évaluer sa valeur au-delà des chiffres bruts: en termes d’image, de fidélité de sa communauté, et de potentiel transmédia.
Les risques liés au développement d’un nouvel opus
Ressusciter une franchise aussi emblématique comporte son lot de risques créatifs. Comment contenter les fans puristes tout en attirant un public plus large ? Quelle direction artistique adopter: un retour intégral aux sources ou une réinvention partielle ?
De plus, le départ de nombreux membres du studio original (Visceral Games) rend complexe la reformation d’une équipe capable de recréer la magie du premier épisode. Même avec Glen Schofield à la barre, la question du studio chargé du développement reste en suspens.
Il y a aussi le danger d’un accueil critique tiède — comme celui rencontré par The Callisto Protocol, un projet pourtant supervisé par Schofield et souvent considéré comme un successeur spirituel de Dead Space, mais qui n’a pas totalement répondu aux attentes.
"On ne peut pas réanimer un cadavre sans prendre le risque qu’il ne revienne hanté." – Proverbe fictif, mais pertinent.
En quelques mots
La franchise Dead Space n’a jamais totalement disparu des esprits. Entre souvenirs de terreur spatiale et nostalgie des grandes heures du survival-horror, la série reste une référence, malgré une traversée du désert longue de plus de dix ans.
Aujourd’hui, Glen Schofield se dresse en dernier rempart de cette licence envoûtante. Son appel à EA, bien que resté sans réponse pour l’instant, relance un espoir fragile: celui d’un Dead Space 4, qui redonnerait à l’univers de l’Ishimura un souffle nouveau — ou un dernier cri.
Mais la balle est désormais dans le camp d’EA. L’éditeur, fraîchement privatisé, devra trancher entre logique économique et héritage créatif. Et si jamais le jeu ne devait pas renaître… peut-être que la série trouvera une autre vie, ailleurs, sur nos écrans ou dans nos esprits.
"Dans l’espace, personne ne vous entendra supplier pour une suite. Mais on peut toujours espérer."